Andor, une série pour rêver de résistance
Spin off de la saga Star Wars, la série Andor raconte les débuts de l’Alliance rebelle, l’organisation qui lutte inlassablement contre l’Empire et (spoiler) finira victorieuse. Ses deux saisons mettent à l’écran toutes les facettes de l’action révolutionnaire… alors même que la série est produite et distribuée par Disney+, une entreprise ciblée par BDS pour son soutien économique et idéologique à l’État d’occupation israélien.

Andor, dont la deuxième et dernière saison est sortie entre avril et mai 2025, montre la lutte constante entre l’Empire, régime fasciste et impérialiste, et la résistance, d’abord relativement désorganisée. On y rencontre des haut-fonctionnaires de la répression, chargé·es d’organiser la traque de la résistance. Une partie d’entre elles et eux, trié·es sur le volet lors d’une conférence secrète – qui rappelle fortement la conférence de Wannsee lors de laquelle est établie la «solution finale» contre la population juive – est chargée d’organiser la destruction de la planète Ghorman constituée de minerais nécessaires à la production d’une arme de destruction massive.
Plus largement, la série dévoile finement tout un arsenal policier et punitif chargé de surveiller et réprimer de près les populations des quatre coins de la galaxie. Des lois d’exception permettent par exemple d’enfermer de manière arbitraire des résident·es de l’Empire dans une prison technologique et monstrueuse, au sein de laquelle les prisonniers construisent des mystérieux composés industriels.
De la rue au parlement galactique
Andor montre aussi la structuration progressive de la résistance et toutes les tensions internes qu’elle génère. On rencontre notamment une sénatrice, Mon Mothma, issue de la haute bourgeoisie d’une planète éloignée et pourtant opposante à l’empire. Lors d’une scène mythique au Sénat, elle dresse avec la plus grande éloquence un réquisitoire contre le génocide d’un peuple et la falsification de l’histoire à laquelle tou·tes ses collègues paraissent consentir. Son discours terminé, elle doit aussitôt fuir la capitale et les sbires du régime.
La série montre ainsi les limites de l’action parlementaire face à la montée en puissance du fascisme, si passionnée soit-elle, car Mon Mothma nous apparaît parfois assez idéaliste et naïve face à la puissance de son ennemi. Andor représente aussi, parfois avec humour, les luttes intestines de groupuscules opposés à l’Empire, qui finissent par s’autodétruire avant même de mener le combat. Enfin, elle donne à voir avec attachement une transmission intergénérationnelle d’un idéal émancipateur et révolutionnaire, sans cesse réactivé.
Boycott ou stream pirate
Dans le contexte de montée en puissance des extrêmes droites néofascistes, d’impuissance collective face au génocide du peuple palestinien et d’atomisation des mouvements d’émancipation, Andor est une série qui fait du bien. C’est une œuvre qui donne de l’énergie, de l’espoir, et nous rappelle avec émotion les raisons pour lesquelles nous luttons.
Toutefois, on ne peut la dissocier de ses conditions de production. Il faut rappeler que cette série, si fantastique soit-elle, est produite et diffusée par l’entreprise Disney+, qui fait face à un appel de boycott de la part du mouvement palestinien BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) en raison de son soutien matériel et idéologique à la colonisation de la Palestine par l’État d’apartheid israélien.
Nous appelons donc notre lectorat à suivre l’appel de BDS et à regarder cette histoire de résistance à l’Empire par des moyens détournés.
Anouk Essyad
«Il y aura des moments où la lutte semblera impossible. Je le sais déjà. Seul, incertain, écrasé par la force de l’ennemi.
» Souvenez-vous de ceci: la liberté est une idée pure. Elle surgit spontanément, sans instruction. Des actes d’insurrection aléatoires se produisent constamment à travers la galaxie. Il existe des armées entières, des bataillons qui n’ont aucune idée qu’ils se sont déjà engagés dans la cause.
» N’oubliez pas que la frontière de la Rébellion est partout. Et même le plus petit acte d’insurrection fait avancer nos lignes.
» Et souvenez-vous de ceci: le besoin de contrôle de l’Empire est si désespéré parce qu’il est si contre nature. La tyrannie exige des efforts constants. […] L’autorité est fragile. […]
» Le jour viendra où toutes ces échauffourées et ces batailles, ces moments de défi auront submergé les remparts de l’autorité impériale, et alors il y en aura une de trop. Une seule chose brisera le siège.»
Manifeste de Karis Nemik, membre de la résistance d’Aldhani