Baignades inclusives
Une campagne contre la discrimination dans les piscines
Porter un habit adapté mais de son choix lorsque l’on se rend à la piscine municipale: un combat féministe et antiraciste qui mobilise.
Les raisons pour vouloir porter des maillots de bain couvrants sont nombreuses: se couvrir du soleil, protéger des problèmes de peau ou des cicatrices, crainte de subir de la grossophobie, pudeur, raisons religieuses, habitude, avoir accouché ou subi une opération, être en transition, etc. Pourtant, certaines communes genevoises interdisent encore de porter l’habit de bain de son choix pour se baigner.
Des arguments réactionnaires et racistes
Deux obstacles se dressent sur le chemin de l’inclusion: une vision genrée et stéréotypée de l’habillement et une utilisation par la droite du vêtement pour répandre son venin islamophobe. Concrètement, les règlements de certaines piscines à Genève listent les habits autorisés en distinguant ce qui est acceptable «pour les hommes» et «pour les femmes». Sans surprise, cette discrimination d’accès aux piscines affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles. Et bien entendu, en ligne de mire de ce dispositif se trouve le fameux burkini, fort peu répandu mais largement décrié.
Rappelons que le maillot couvrant ne souffre pas de problèmes d’hygiène. Les scientifiques ont étudié le sujet: les seuls critères à retenir sont une matière prévue pour l’eau, l’enfiler sur place, et prendre une douche avant de plonger. Il ne gêne pas non plus la nage, ni le sauvetage, et… si l’objectif est réellement la sécurité, alors admettre les maillots inclusifs dans les piscines (surveillées) permet d’éviter des noyades dans le lac ou le Rhône (généralement non surveillés)!
Mobilisation des habitantes à Thônex
En 2023 en Ville de Genève, la gauche a obtenu par un vote du Conseil municipal que les piscines soient accessibles seins nus ou entièrement couvert·es. Mais ce n’est pas encore le cas partout. Si la piscine de Vernier est inclusive, impossible de se baigner avec un maillot couvrant à Lancy, Meyrin ou encore Thônex.
Des habitantes du foyer pour personnes issues de l’asile de la Seymaz (Thônex) ont alerté des militantes pour le droit d’asile, contre le racisme ainsi que le collectif pour la grève féministe, au sujet des interdictions qu’elles (et leurs enfants) avaient subi à la piscine, seul îlot de fraicheur publique durant l’été, pour des motifs de shorts couvrants ou de manches longues.
Après plusieurs réunions, un solide argumentaire et avec l’arrivée de l’été, une action a été organisée fin mai à la piscine, afin de réclamer un changement du règlement. Sans réaction de la mairie, une pétition a été lancée pour soutenir la démarche. À signer!
Aude Martenot
