École inclusive
Le Grand conseil genevois régresse une fois de plus!
La majorité de droite du Parlement genevois remet en cause les acquis en matière d’inclusion scolaire. En réaction à la création de nouvelles écoles spécialisées, un collectif d’associations de personnes handicapées lance une initiative populaire pour défendre le droit à une éducation inclusive et non discriminatoire.

Depuis mai 2023, régulièrement, le Parlement genevois, dans sa nouvelle composition droitière, opère des virages politiques qui compromettent les droits acquis et les progrès sociaux.
Le 20 mai 2025, sa majorité a accepté un crédit d’étude et d’investissement de 42,5 millions de francs pour réaliser sept nouvelles écoles spécialisées à l’horizon 2029. Ce faisant, elle tourne non seulement le dos au principe d’éducation inclusive auquel la Suisse a souscrit en 2014 par la ratification de la convention relative aux droits des personnes handicapées, mais elle va de surcroît à l’encontre des textes constitutionnels ou législatifs précédemment votés par le Grand conseil en faveur de l’inclusion.
La notion d’école inclusive présuppose que chaque enfant et jeune puisse s’inscrire à l’école de son quartier et que les mesures doivent être prises pour que les élèves handicapé·es ainsi que les classes et enseignant·es concerné·es disposent, au sein de l’enseignement ordinaire, de l’accompagnement individualisé et du soutien nécessaires. Or, en optant pour la création de nouveaux établissements spécialisés, c’est, sans le dire explicitement, bel et bien une volonté de ségrégation qui s’exprime à nouveau. Une nouvelle posture de mise à l’écart qui prive non seulement les enfants et jeunes concerné·es de la possibilité d’être, comme il se doit, scolarisé·es près de leur domicile et dans les mêmes écoles que les autres, mais qui de plus leur impose de longs et fastidieux trajets et les isole socialement.
La FéGAPH (Fédération genevoise des associations de personnes handicapées et de leurs proches), qui regroupe et représente 21 organisations d’entraide et de défense ne s’y trompe pas. Elle juge cette décision rétrograde et discriminatoire. Elle condamne cette mise en berne du projet de l’éducation inclusive. C’est pourquoi elle annonçait fin juin dernier son intention de lancer dès la rentrée prochaine une initiative populaire cantonale pour garantir le respect du droit à l’éducation sans discrimination.
Une démarche que nous invitons toute la population genevoise à soutenir, notamment en faisant circuler et en signant cette initiative qui vise à créer de nouvelles places d’enseignement spécialisé dans les écoles régulières. Au travers de ce soutien, ce n’est pas uniquement l’affirmation du droit des enfants et jeunes handicapé·es à une scolarisation dans l’école régulière qui s’exprime, mais également la volonté populaire que l’inclusion ne soit pas qu’un principe dont on se pare, mais un projet de politique publique qui se déploie effectivement en jouissant des financements idoines.
Jocelyne Haller