Elections: gauche majoritaire, renforcer la lutte sociale

Aux dernières élections communales, la gauche sort majoritaire dans le canton. En ville de Neuchâtel, solidaritéS obtient un élu à l’exécutif, mais le mouvement passe de 4 à 2 sièges au législatif.

Ces élections communales ont été marquées par une progression nette de la gauche, à peu près partout, et un nouveau recul des libéraux-radicaux. Comment s’est réalisé cette progression de la gauche?

• Progression générale du parti socialiste, en particulier dans les communes moyennes, là où la droite restait majoritaire. Le parti socialiste à été très présent sur la scène publique ces dernières années. Il a multiplié les initiatives cantonales et communales, apparaissant du coup comme le parti de la réforme sociale. Il a su se donner un visage nouveau, mettant en avant des personnalités profilées à gauche. Il ne gagne pas les élections sur son projet politique global de gouverner le pays avec les radicaux et les démocrates-chréties dans le cadre d’un libéralisme mou, mais sur ses propositions de réformes sociales.
• Progression des Verts, qui s’inscrit dans une tendance nationale, et qui peut s’appuyer sur un conseiller national, Fernand Cuche.
• Progression du POP au Locle, qui tient à la personnalité de ses responsables, très populaires, proches de la population et bons gestionnaires.

Dans les villes, les radicaux-libéraux représentent moins de 30% de l’électorat, pressurés par l’UDC qui confirme une assise xénophobe importante (plus de 10% là où il est présent), mais qui peine à trouver des candidats qui acceptent de siéger pour défendre ses idées. Le canton paraît mûr pour basculer à gauche au printemps prochain lors des élections du Grand Conseil et du Conseil d’Etat.

Qu’en est-il de solidaritéS?

Notre mouvement était présent à ces élections en ville de Neuchâtel. Nous avons présentés un homme et une femme au Conseil communal (exécutif) et 15 candidat-es au Conseil général: 8 femmes et 7 hommes. Ont été élu-es: Daniel Perdrizat (qui ne se présentait qu’à l’exécutif), Dorothée Ecklin et François Konrad qui confirment leur siège au Conseil général. Solidarités a passé de 10,5% à 6.2% des voix. C’est un recul non seulement en pourcentage, mais également en voix. Comment l’expliquer?

Le résultat d’il y a quatre ans était peut-être un peu exceptionnel. Aux dernières élections cantonales (2001), nous avons réalisé 7,2% en ville de Neuchâtel, au national nettement moins (3,7%). Les deux têtes de liste d’il y a quatre ans n’étaient plus présentes (Eric Augsburger conseiller communal sortant et Daniel Perdrizat candidat élu au Conseil Communal). Peut-être manquait-il une «locomotive», mais aussi le fait que solidaritéS n’était présent que dans une seule commune nous a donné une moins bonne visibilité qu’au PS et aux Verts qui ont mené une campagne d’une plus grande envergure. Une partie de nos suffrages se sont ainsi reportés sur le PS et les Verts qui progressent.

Notre campagne, financièrement plus modeste et électoralement moins payante (!), s’est déroulée de façon active, dans le centre ville et les quartiers périphériques et nous a permis de nouer de nouveaux liens militants qu’il s’agira maintenant de consolider. Nous savons que nous avons du pain sur la planche, et que notre place n’est pas seulement dans les parlements. Pour gagner des couches plus larges de la population à nos idées de solidarités, d’égalité et de changement social, notre présence dans les associations, dans les syndicats, dans la rue est déterminante. Cela passe par les mobilisations et un engagement de longue durée, au quotidien. Dans ce combat, nous compterons sur notre camarade Daniel Perdrizat élu au Conseil Communal (exécutif) sur une liste commune solidaritéS – Les Verts – POP. Sa présence à l’Exécutif devrait permettre de donner corps à une idée que nous défendions jusqu’ici davantage en théorie que sur le terrain à proprement parler: penser global, agir local passe par la mise en place d’une démocratie participative, incitant concrètement les habitant-es de la cité à s’occuper de la «res publica», la chose publique.

Henri VUILLOMENET

Perception des médias

«Virage à gauche» titre l’Express, pour Le Matin c’est «L’UDC entre au Conseil Communal de Chaux-de-Fonds»! Quant à la manchette du Temps: «Jusqu’où l’UDC fera-t-elle le jeu de la gauche?»

Les commentaires des résultats par les médias sont symptomatiques des divisions présentes dans la droite neuchâteloise. Si on met de côté la RSR qui, comme d’habitude, ne s’intéresse qu’à l’UDC, Le Temps représente bien ceux qui, dans l’espoir de sauver les élections cantonales de l’année prochaine, poussent les radicaux et libéraux à s‘apparenter à la droite extrême et xénophobe.

L’Express/Impartial, davantage plongé dans la réalité locale, fait remarquer «En tournant aussi rudement le dos aux partis radical et libéral, les citoyens neuchâtelois s’installent dans une logique déjà perceptible lors des récents scrutins fédéraux, à savoir que ni le renforcement de la responsabilité individuelle, ni le vieux slogan du moins d’Etat n’ont de sens pour eux» et d’en conclure «Si dans dix mois, ils n’ont pas varié de trajectoire, les partis du centre et du centre droit n’auront que leurs yeux pour pleurer leur majorité perdue. A moins que d’ici là, ils retrouvent la lisibilité qui leur fait aujourd’hui tant défaut. En convainquant l’électorat de leur aptitude à marier une économie humaniste aux indispensables préoccupations sociales». Gageons que le choix des bourgeois est déjà fait. A droite toute du côté de l’UDC! (hv)