Libération lesbienne & gay: notre combat à toutes et tous

Libération lesbienne & gay: notre combat à toutes et tous

Pourquoi un mouvement politique anticapitaliste et féministe comme solidaritéS, qui prône l’auto-émancipation des exploités et opprimés, femmes et hommes, perçoit-il la libération lesbienne/gay comme une préoccupation essentielle? Tout d’abord, parce que nous considérons la possibilité de vivre librement son orientation sexuelle comme un droit humain fondamental. Il est donc inacceptable qu’il soit dénié aux lesbiennes, gays et bisexuel-les, de même qu’à toute personne qui ne se conforme pas aux normes sociales de son sexe (travesti-e-s, transexuel-les, etc.).

L’homophobie est encouragée aujourd’hui par des forces politiques et religieuses qui ont pignon sur rue, alimentant ainsi les discriminations et les violences. Amnesty International a ainsi établi récemment que l’homosexualité était encore persécutée et passible de condamnations dans plus de 70 pays du monde! Le mouvement gay est d’ailleurs né de la résistance directe à la violence homophobe. Au printemps 1969, le maire de New York avait initié une campagne pour «la loi et l’ordre». Le 28 juin, le chef de la police – qui traitait les homos de «cafards que la société des gens honnêtes doit écraser sous son pied» – lançait un raid contre un bar de Greenwich Village, le Stonewall Inn. Il s’ensuivit trois jours d’émeutes aux cris de Queer Power! Le Stonewall Day est désormais célébré chaque année sous le nom de Gay Pride.

Le sexisme hétérosexuel est une réalité internationale, même s’il adopte des formes plus directes et plus brutales au Sud, où il se revendique plus explicitement de la tradition, de la religion, voire même de la lutte contre les perversions occidentales, souvent associées au sida. Il peut aussi tabler sur le mépris des libertés démocratiques. Mais partout dans le monde, il se conjugue avec d’autres formes de discriminations et d’oppressions qu’il vient renforcer: exploitation du travail, précarité et pauvreté, oppression des femmes, violences à l’égard des enfants, racisme, relégation des personnes âgées, etc. Il traverse aussi tous les champs du social: la famille, l’institution du mariage et la parentalité, bien sûr, mais aussi l’école, le travail, la sécurité sociale, le logement, la rue, la culture et les loisirs.

Fondamentalement, la contrainte hétérosexuelle est enracinée dans l’institution de la famille patriarcale, qui assure la reproduction des inégalités entre classes, mais aussi entre femmes et hommes. N’est-ce pas la famille patriarcale qui impose aux femmes un travail domestique non partagé et garantit toujours l’autorité des maris et des pères dans la «sphère privée»! Dans ce sens, il n’est pas surprenant, que le premier et seul argument significatif du référendum qui vient d’être lancé par les milieux d’extrême droite contre le Pacs fédéral, relève «qu’il affaiblit la famille dans sa forme socioculturelle!». Il pontifie ainsi: «La famille est la base de toute société. Pour cette raison, il est important de la promouvoir et de la renforcer». Ceci montre bien que le combat pour la libération gay/lesbienne est aussi un combat féministe à part entière.

La libération gay et lesbienne participe aussi à la lutte contre l’aliénation et la répression sexuelles, en particulier des jeunes. En effet, même si la publicité use et abuse de la nudité pour faire vendre ses produits, le puritanisme, la honte du corps, la culpabilité et la condamnation du plaisir jouent toujours un rôle important dans l’éducation et la culture dominantes, alimentées par des idéologies religieuses rétrogrades. Si les nouvelles générations paraissent plus ouvertes à la différence sexuelle et moins homophobes, le coming out reste une démarche douloureuse, même dans des sociétés réputées «tolérantes», d’où un taux de suicide très élevé parmi les jeunes lesbiennes et gays.

La gauche politique, comme d’ailleurs l’ensemble des mouvements sociaux d’émancipation, n’ont pas toujours – loin s’en faut! – adopté une position claire en faveur des droits des lesbiennes et des gays. Nous considérons qu’une telle attitude va à l’encontre de nos objectifs fondamentaux et qu’elle est dommageable à la crédibilité de l’ensemble de nos engagements. C’est pourquoi, solidaritéS soutient la lutte pour la libération lesbienne/gay, appuie les organisations autonomes qu’elle s’est donnée, et appelle l’ensemble de ses membres à soutenir leurs revendications.

Jean BATOU