Faire plus avec moins aujourd'hui et moins avec encore moins demain

Faire plus avec moins aujourd’hui et moins avec encore moins demain

Au cours des dix dernières années, l’évolution démographique (baby boom des années 90, solde migratoire positif et vieillissement de la population) a conduit à une demande croissante envers le secteur public (enseignement, santé, logement subventionné, etc.). En même temps, les politiques néolibérales ont débouché sur une réduction continuelle de la pression fiscale sur les plus riches, dans un contexte de crise sociale croissante (explosion des inégalités et de la précarité) et de privatisation/libéralisation des services de base (poste, télécommunications, énergie, santé, voire enseignement). Quelques conséquences pour Genève…

L’hôpital n’arrive plus à faire face à la demande (durées d’attente en hausse avant opérations, durée de séjour en baisse, rapports médicaux de sortie envoyés tardivement au médecin traitant, etc.). En vertu d’un accord syndicats/direction, 158 nouveaux devaient être créés entre 2003 et 2006; à la fin juin, la majorité de droite du Grand Conseil a cependant voté une réduction de 20 millions de la subvention des Hôpitaux Universitai-res (HUG); l’application de cet accord a ainsi été suspendue pour 2004 (et le Conseil d’Etat veut en faire de même pour 2005); «solutions» envisagées par la direction des HUG: privatisation partielle des nettoyages, rationalisation des labos (vers la privatisation?) et report d’une partie des charges sur les assuré-e-s…

Le nombre d’enfants scolarisés ne cesse d’augmenter, pourtant 18000 familles n’arrivent plus à payer les assurances maladie: d’où des enfants privés de pédiatres. De plus, les cas de maltraitance sont en forte augmentation. Les infirmières scolaires sont ainsi de plus en plus sollicitées en premier recours: leur charge de travail augmente et leurs effectifs stagnent…

Cette année, le post-obligatoire accueille 500 élèves de plus sans nouveaux postes d’enseignant-e. Les effectifs des classes augmentent; certaines classes d’apprentissage ne sont tout simplement pas ouvertes (ferblantiers, horlogers). Les cours de sciences expérimentales – prévus par la nouvelle maturité – comptent 16 à 18 élèves, au lieu de 12, comme prescrit par les normes de sécurité; les labos de langues comptent 18 élèves pour 15 places, dont 2 à 3 en moyenne sont hors d’usage, faute de moyens. Les profs des branches spécialisées (économie, droit, histoire, histoire de l’art) sont surchargé-e-s, souvent responsables de 250-300 élèves chacun-e…

Les écoles de musique sont subventionnées à raison de 80%, mais leurs subventions stagnent; l’encadrement est insuffisant et les équipements sont vétustes; les listes d’attente à l’entrée s’allongent; les candidat-e-s qui en ont les moyens s’orientent vers le privé, mais les autres restent en rade…

(jb)