État de siège rose-vert à Berne contre la Manif anti-WEF

État de siège rose-vert à Berne contre la Manif anti-WEF

Il ne suffit pas que 6500 soldats soient engagés pour protéger le World Economic Forum (WEF) à Davos entre le 27 et le 30 janvier. Les protestations contre le WEF samedi 22 janvier à Berne seront, selon la volonté de l’Exécutif municipal bernois à majorité rose-verte, rendues
effectivement impossibles. Celui-ci a également interdit les débats à l’enseigne de «l’autre Davos», qui auraient dû avoir lieu le même jour à Berne, à proximité de la vieille ville et de la gare. Ils ont été renvoyés à la Dampfzentrale à l’extérieur du centre-ville.

Les contre-manifestations visant le WEF constituent ainsi une nouvelle fois l’occasion d’un exercice de répression policière massivement accrue et de restriction de droits politiques et de libertés publiques fondamentaux.

Une forte mobilisation de police a été prévue pour éviter que puisse se tenir dans des conditions normales une manifestation largement soutenue. Il y aura «plus de policiers que jamais auparavant» déclarait le commandant de la police bernoise Daniel Blumer dans la Berner Zeitung du 14 janvier. Des policiers et policières de différents Cantons du nord-ouest de la Suisse ont été prévus pour renforcer leurs collègues de Berne. La «collaboration» de la police ferroviaire sera mise à contribution dans les trains. En arrière plan, des unités de l’armée amèneront leur appui logistique à l’intervention policière de masse. Cette méga-mobilisation policière vise à concrétiser l’interdiction effective de manifester décrétée par les autorités bernoises.

Zone interdite au cœur de Berne

La première réponse des autorités bernoises à la demande d’une autorisation de manifester contre le WEF le 22 janvier était absurde. Une manifestation n’aurait été permise qu’à Bümplitz, à la périphérie de Berne, et le centre-ville entier aurait été déclaré «zone interdite»… comme lors de la rencontre du G8 à Gênes. Les manifestants et manifestantes n’auraient été autorisés à arriver qu’en trains spéciaux, qui auraient été détournés d’office sur la gare du Wankdorf. Les organisateurs étaient sommés de mettre en place un service d’ordre de plusieurs centaines de personnes, chargé d’éviter toutes protestations supplémentaires, non seulement durant la manifestation, mais également avant et après.

Après que cette interdiction de manifester en Ville de Berne ait soulevé de nombreuses protestations, l’Exécutif communal rose-vert de la Ville de Berne a concocté une soi disante proposition de «compromis». Il tolérerait un rassemblement sur la Place fédérale si les organisateurs et organisatrices acceptaient la condition d’un «service de sécurité» avant et après la manifestation. Pour l’accès à la Place fédérale la police mettrait en place un «corridor» unique surveillé pour les manifestants et manifestantes entre gare et Place fédérale. L’esprit «démocratique» des autorités communales, auteures de cette proposition, est démontré également, s’il en était besoin, par l’interdiction – survenue par la suite – de «l’autre Davos» en ville à proximité de la gare.

Davos occupé

Davos ressemblera selon le Tagesanzeiger «à une ville occupée». Presque le double du nombre de soldats de l’année dernière (6500 contre 3500 soldats en 2004) surveilleront le bâtiment des séances du WEF. De plus, la police fédérale prend en charge la sécurité des personnes invitées. L’armée de l’air suisse surveillera l’espace aérien interdit. Des policières et des policiers étrangers (du Liechtenstein) renforceront de nouveau leurs collègues suisses. L’année dernière déjà, des policiers allemands étaient en fonction avec des canons à eau importés. Les invités seront transportés au moyen d’une navette par hélicoptère de l’aéroport de Zurich à Davos pour éviter tout contact avec les protestataires.

L’exemple de Gênes

Il y a quelques années, la mobilisation massive de la police à Gênes avec la mise en place de zones interdites pour des actions de protestation et la surveillance de manifestants et manifestantes à leur arrivée a amené à des protestations internationales. Rapidement il était question de «situations à l’italienne». Aujourd’hui il est évident que cette augmentation des forces de la police et de l’armée pour des interventions intérieures font partie d’une stratégie à l’échelle européenne du renforcement de la répression contre les personnes pensant autrement et contre les voix critiques. La Suisse participe sans restriction à cette mobilisation. Une restriction inacceptable de la liberté de manifestation et de rassemblement est justifiée au nom de la «sécurité». Et même un Exécutif municipal à majorité rose-verte n’est aujourd’hui pas une garantie du simple droit de manifester.

Actions de protestation décentralisées

La Coordination nationale organisatrice de la manifestation nationale a débattu de manière contradictoire de la démonstration… policière de masse mise en place pour interdire la manifestation du 22 janvier contre le WEF. Elle a décidé majoritairement d’appeler à des formes de protestation créatives… et décentralisées le 22 janvier à Berne. Manifestement, au vu du déploiement d’un dispositif policier massif prêt à la violence, il ne sera pas possible de mener la protestation contre le WEF, ce jour-là à Berne, sous forme d’une manifestation suivie d’un rassemblement sur la place fédérale. C’est pourquoi tous les groupes et personnes sont appelés à rendre public leur opposition au WEF et à l’interdiction de manifester, sous forme d’actions décentralisées, en particulier en Ville de Berne. Aujourd’hui déjà, diverses organisations au-dessus de tout soupçon, comme les Eglises par exemple, ont demandé et obtenu des autorisations pour la tenue de stands sur la voie publique.

Urs DIETHELM