4715 signatures contre la privatisation de la santé
4715 signatures contre la privatisation de la santé
La loi sur létablissement
hospitalier multisite
cantonal (EHM) votée en
décembre par une majorité
du Grand Conseil
neuchâtelois a été
contestée en référendum
par le SSP (syndicat des
services publics), soutenu
par Unia, USCN, Attac,
solidaritéS et le POP.
Récolter 4500 signatures en 40
jours, avec la pause de Noël, na pas
été une mince affaire, et cest sur le
fil que les dernières signatures
encore à valider par lEtat ont été
récoltées.
La santé est dans lil du cyclone
néolibéral. Partout dans le monde,
le service de santé public est
démantelé, au profit des intérêts du
capital. Dans le cadre des accords
AGCS (Accord général sur le commerce
et les services), la santé
comme léducation est en effet au
premier rang du privatisable et les
multinationales sont aux aguets. La
loi EHM neuchâteloise sinscrit parfaitement
dans cette logique
La direction des hôpitaux neuchâtelois
doit être indépendante de lEtat
et dotée des pleins pouvoirs de
décision
Le personnel de la santé doit perdre
son statut demployé dEtat pour
signer des contrats de droit privé
avec cette nouvelle direction.
Dans lEtablissement hospitalier
multisite, plus dune «personnalité»
neuchâteloise se voit déjà dans un
fauteuil directorial
indépendant
de lEtat. Tout cela se fait au nom de
la rationalité et de la réduction des
dépenses de santé. Mais ne nous
leurrons pas: si lEtat peut en effet
espérer réduire ainsi les subventions
et donc présenter un budget
moins déficitaire, ce sont les malades
qui feront les frais dune telle
opération. Car comment réduire les
dépenses de santé dans le budget
de lEtat, sans en reporter la charge
sur les patient-e-s? Comment sinon
en renonçant à certains soins? Si
nous ny prenons garde, la santé à
deux vitesses est à portée de main.
Les plus pauvres seront les premiers
visés.
Nous partageons lidée dune harmonisation
et dune mise en réseau
des divers centres hospitaliers dans
le canton de Neuchâtel. Mais si
nous nous sommes engagés activement
dans le référendum, cest
parce quune telle réorganisation
des établissements hospitaliers ne
doit pas se faire dans une logique
de privatisation. LEtat doit rester le
garant de soins accessibles à toutes
et tous, et cest aux autorités élues
de définir quels besoins de santé le
canton entend prioriser, non à des
directrices et directeurs indépendants.
Le Parti Socialiste Neuchâtelois
(PSN), en votant la loi préparée par
sa conseillère dEtat Monika
Dusong, sest trouvé en porte-à-faux
face aux référendaires qui
regroupent lensemble du monde
syndical. Le PSN a tenté dimaginer
une stratégie de «sauvetage»: lancer
une initiative qui corrigerait la loi
sur un des points sensibles les
contrats du personnel de la santé
resteraient de droit public. Mais
dans le meilleur des cas, une telle
initiative ne sera soumise à votation
que dans trois ou quatre ans
La votation référendaire aura lieu en
juin 2005. Si dici là les élections
cantonales réussissent à imposer
une double majorité à gauche au
Grand Conseil comme au Conseil
dEtat, nous gagnerons peut-être
quelques mois pour mettre en place
une nouvelle loi permettant dharmoniser
les établissements hospitaliers
sur la base dun statut public.
Quoi quil advienne, nous continuerons
à mettre toute notre énergie
dans la défense de la santé, comme
service public, de qualité et accessible
à toute la population.
Marianne EBEL