La formation est un droit pour toutes et tous

La formation est un droit pour toutes et tous

Depuis les années 80, les jeunes sont confrontés de plus en plus durement au marché de l’emploi. Trouver un job n’est plus évident. En conséquence, ils s’engagent pratiquement tous et toutes dans une formation post-obligatoire (98% en 2001) . Un changement remarquable si l’on pense qu’en 1980, il y avait encore 18% des filles et 5% des garçons dont la formation n’allait pas au-delà de la scolarité obligatoire.

En Suisse, la voie de l’apprentissage chez un patron est privilégiée par une majorité: 70% en Suisse alémanique, 47% en Suisse romande et italienne. Pourtant, le nombre de jeunes qui choisissent l’apprentissage en emploi varie en fonction de la conjoncture. Lors de périodes de récession économique, le nombre de places d’apprentissage se réduit et la formation se déplace vers la formation en école (début des années 90, puis à nouveau depuis 2002), confirmant que c’est l’offre insuffisante de places qui limite la formation professionnelle.

Pour pallier le manque de places d’apprentissage, les cantons se sont dotés de classes spéciales pour aider les jeunes à trouver une voie de formation; cela contribue à l’élévation générale du nombre de jeunes qui se forment.

Fille ou garçon, la voie
choisie n’est pas la même

Les filles réussissent généralement mieux à l’école, en particulier en lecture et en expression. De ce fait, elles sont plus nombreuses que les garçons dans les lycées (gymnases, collèges) qui préparent aux études longues. Elles sont plus nombreuses aujourd’hui à posséder un bac et si elles sont encore minoritaires dans les universités, ce n’est pas pour longtemps. Et pourtant, elles restent très minoritaires dans tous les postes dirigeants, que ce soit dans l’économie, l’administration ou le monde politique.

Le passage de la formation à la vie professionnelle est manifestement très différent pour les filles ou pour les garçons. En Suisse le taux d’activité professionnelle des femmes reste bien inférieur à celui des autres pays européens. Beaucoup de jeunes femmes abandonnent un travail salarié très tôt, au moment de la maternité, alors que les jeunes hommes réfléchissent plus volontiers en termes de carrière professionnelle.

Cette réalité est en évolution, même si elle apparaît très lente. Pourtant, si l’on compare la situation actuelle avec celle d’il y a trente ans, la différence saute aux yeux. On peut ainsi raisonnablement s’attendre à une continuation de l’amélioration de l’insertion des femmes dans la vie sociale et professionnelle, ce qui est réjouissant. Quant à leur place à des postes à responsabilité, il y a encore beaucoup de résistances…

Premier emploi introuvable

L’augmentation générale de la formation a repoussé en partie le problème de l’emploi de quelques années. Aujourd’hui, même pour un poste qui ne demande pas de qualifications particulières, on se bouscule au portillon avec des diplômes plein les poches. Mais partout, on veut de l’expérience professionnelle, ici deux ans, là cinq ans. Mais quand on sort de formation, quelle qu’elle soit, on n’a pas d’expérience et la recherche du premier emploi relève du parcours du combattant. Il y a de quoi en décourager plus d’un-e, et après une longue période de recherche sans succès, vous devenez suspect aux yeux de l’éventuel employeur qui va considérer que vous n’avez pas vraiment envie de travailler! C’est ce mécanisme implacable qui conduit trop de jeunes du chômage à l’aide sociale, avec une difficulté extrême à en sortir.

Chaque jeune doit donc se voir offrir une solution sérieuse: une formation digne de ce nom, un stage payé au prix du marché ou un emploi. Voilà ce que demande Solidarités, et nous voulons que les cantons le garantissent. Nous n’acceptons pas que des responsables politiques viennent justifier l’augmentation de l’âge de la retraite, alors que des jeunes sont marginalisés dès le départ.

La responsabilité de l’Etat est engagée. Le fondement de notre système de retraite, l’AVS, repose sur le principe de la solidarité. Si nous voulons que les actifs-ves financent les rentes des plus âgés et de celles et ceux qui ne peuvent pas travailler (invalidité), il faut que les jeunes puissent se former et trouver un emploi. Encore faut-il leur en donner l’occasion à des conditions acceptables. Solidarités exige que des paroles on passe aux actes.

Henri VUILLIOMENET