Catherine Gaillard présidente du Municipal

Catherine Gaillard présidente du Municipal

Nous reproduisons ici de larges extraits du discours prononcé le 7 juin dernier par notre camarade Catherine Gaillard, à l’occasion de son élection à la présidence du Conseil Municipal de la Ville de Genève.

«(…) Je suis heureuse de représenter solidaritéS et de témoigner ainsi que notre mouvement se soucie réellement de la représentativité de celles et de ceux qui sont partie prenante du tissu associatif.

Notre mouvement SolidaritéS démontre une fois de plus qu’il ne se soucie pas d’assurer la pérennité de quelques ténors accrochés à leur siège mais bel et bien de donner la parole à celles et à ceux qui ont des idées à défendre et peu de place pour les faire entendre. Car être élue, c’est représenter plus que soi-même.

Je suis issue d’une famille communiste et je salue ma mère, conseillère municipale de la commune de Saint-Vivien en Charente-Maritime et mon beau-père à ses côtés, pour m’avoir fait comprendre par l’exemple ce qu’était une vie de femme engagée, avec ses douloureux échecs et ses magnifiques batailles. Et surtout pour m’avoir nourrie du sentiment que ce n’est pas seulement pour soi qu’on lutte et que les plus belles victoires sont collectives. (…)

Nous vivons dans un monde en mutation où nos grands systèmes politiques et parfois antagonistes échouent l’un après l’autre, où nous devons toujours faire face à plus de pauvreté, plus de précarité. (…) Et pourtant la soif, l’espoir de trouver une nouvelle façon d’être au monde grandit et devient de plus en plus impérative, urgente, nécessaire.

Or, il y a une expérience que nous n’avons encore jamais tentée: celle de l’égalité entre les hommes et les femmes, celle d’un véritable partage des responsabilités, partout et à tous les niveaux, même et surtout aux plus élevés. (…) Notre bureau de l’Egalité a lancé récemment une vaste campagne pour inciter les femmes à entrer en politique car la représentativité est une étape indispensable sur le chemin d’une plus juste répartition des pouvoirs entre les hommes et les femmes.

Car ce n’est toujours pas le cas, surtout aux sièges de l’exécutif. Là ou une candidature masculine quelle qu’elle soit va sans dire, une candidature de femme donne souvent, pour ne pas dire toujours, lieu à des discussions, à des suppositions, à des hésitations. Et les femmes elles-mêmes hésitent, se disputent, contestent le fait qu’à compétences égales elles soient choisies parce qu’elles sont femmes! (…)

Bien sûr qu’il ne s’agit pas de remplacer une suprématie par une autre, ou même de faire du genre féminin un genre angélique, idéal, parfait! Je ne crois pas que les femmes soient meilleures que les hommes, mais simplement que l’humanité est faite de deux composantes, et que pour l’épanouissement des femmes et des hommes, il est indispensable de ne plus se priver de la moitié de nos forces.

Je ne peux et ne veux pas passer sous silence les votations de ce dimanche sur le partenariat enregistré, puisqu’en 2003, je me suis présentée en tant que présidente de Lestime, l’association des lesbiennes de Genève, et que c’est en tant que telle que j’ai été élue, ce qui à ma connaissance n’a pas de précédent. (…)

Simplement, malgré le résultat de ce dimanche, (…) les lesbiennes et les gays ne sont toujours pas à l’abri des discriminations. Songez que le simple acte de se tenir la main dans la rue fait encore figure d’acte militant et songez aussi que nous ne sommes pas tous et toutes des militantes. Ce n’est pas pour rien que la découverte de leur homosexualité est la première cause de suicide chez les jeunes gays, et que les taux sont encore plus élevés chez les jeunes lesbiennes.

Parce qu’il y a peu ou pas de modèles d’identification, de ces images que la société nous renvoie et qui sont indispensables à la construction de notre identité. Simone de Beauvoir, dans les mémoires d’une jeune fille rangée, écrit: « Il me semblait que la terre n’aurait pas été habitable si je n’avais eu personne à admirer». Pour les gays, les images sont tout de même plus nombreuses que pour les lesbiennes, même si elles valent ce qu’elles valent. Mais pour nous les femmes, il n’y a rien, rien d’autre dans l’imaginaire collectif que des images négatives auxquelles nous ne voulons surtout pas ressembler.

C’est pour cela qu’il m’a semblé important de rappeler qui j’étais aujourd’hui, non pas par provocation, mais simplement pour dire aux femmes et aux hommes homosexuel-le-s que nous avons un devoir de visibilité vis à vis des plus jeunes ou des plus désespérés. (…)»