Aux responsables du chômage de payer pour créer des emplois

Aux responsables du chômage de payer pour créer des emplois

Sur le front de l’emploi, la situation est grave à Genève: un taux de chômage à 7,4% et plus de 22 000 demandeurs-euses d’emploi sur une population active d’environ 260 000 personnes. En Ville, ce taux dépasse 10%! Même en prenant en compte la pseudo baisse du chômage du mois de juillet, due à la réduction brutale de la durée des indemnités fédérales pour les chômeurs-euses en dessous de 50 ans, c’est à une augmentation importante du chômage qu’on assiste. Ainsi, de juillet 2004 à juillet 2005, le nombre de chômeurs-euses a crû de 4,9% et celui des demandeurs-euses d’emploi
de 2,1%.

Dans ces circonstances, on aurait été en droit d’attendre du Conseil d’Etat genevois des mesures exceptionnelles, surtout après le vote populaire du 24 avril, où les électeurs-trices genevois ont marqué leur solidarité avec les chômeurs-euses et refusé le programme de la droite en la matière.

Or, c’est le contraire qui s’est produit: les responsables de l’Office cantonal de l’emploi se sont englués dans un imbroglio juridique qui ne leur permet pas d’assurer aux chômeurs-euses en fin de droit fédéral un revenu et/ou un emploi effectif afin de leur garantir le renouvellement de leur droit aux indemnités fédérales. Ceci, en opposition totale à la prise de position du corps électoral, qui a refusé à 55,8% de jeter aux orties le système des emplois temporaires cantonaux.

Mobilisation pour l’emploi
et contre le chômage

Le 23 juin, une première manifestation, à l’appel des syndicats de la CGAS – avec l’appui de solidaritéS – s’est déroulée devant le Parlement genevois, lors de sa dernière session avant les vacances. Ce rassemblement, convoqué rapidement, visait à dénoncer les mesures prises par le Conseil fédéral visant à réduire les indemnités fédérales en faveur des chômeurs-euses genevois, de 520 jours à 400. Ceci, alors qu’au moment de la campagne menée en faveur de la révision de la loi fédérale sur le chômage, en 2002, suite à notre référendum, le Conseil fédéral avait proclamé qu’il accorderait systématiquement les 520 jours d’indemnisation pour les cantons qui le solliciteraient et qui dépasseraient le taux de 5% de chômage. Ces promesses visaient à amadouer le corps électoral, opération démagogique d’ailleurs couronnée de succès sur le plan Suisse, puisque la loi a été acceptée. Genève avait pourtant refusé cette nouvelle loi à 54,44% des votant-e-s.

Cette manif visait aussi à mettre les autorités cantonales face à leurs responsabilités. C’était un premier pas vers la mobilisation nécessaire de tous les salarié-e-s de notre canton pour tenter d’imposer des mesures concrètes contre le chômage, que génère en continu le fonctionnement du système capitaliste, et contre ses conséquences. En effet tous les travailleurs-euses sont concernés par la pression à la baisse des salaires, la précarisation et la dégradation de leurs conditions de travail, auxquelles contribuent l’explosion du chômage et la précarisation des chômeurs-euses.

Comme nous l’imaginions, cette manifestation n’a pas eu grand écho parmi les responsables de ce dossier à Genève. Durant l’été, ils sont restés les bras ballants, tétanisés par le cadre législatif étroit dans lequel ils naviguent, et surtout par les reports de coût sur le budget du canton que risquait d’engendrer le diktat fédéral.

Visons ceux à qui
le chômage profite…

C’est pourquoi nous avons réfléchi à des propositions permettant à la fois de lutter contre les superprofits des entreprises et les revenus indécents de leurs managers et de créer des emplois. En effet, depuis des années, les salaires de chacune et chacun d’entre nous stagnent, quand ils ne sont pas dévalués du fait de la non compensation de l’augmentation du coût de la vie. Par contre, les salaires des cadres supérieurs, les bénéfices et les dividendes versés aux actionnaires augmentent de manière vertigineuse…

Pour certains managers, il est question de plusieurs dizaines de millions de francs de salaire par an, pour les actionnaires de rendements sur actions de plus de 10%, pour les entreprises de bénéfices qui dépassent les 15%.

Mais surtout, les responsables des entreprises qui dégagent des bénéfices faramineux ne se gênent pas de licencier, de ne pas renouveler des postes de travail, et d’exiger un travail encore plus intense de chacun-e d’entre nous. Résultat: les coûts astronomiques engendrés par ces pratiques de pirate sont à la charge de l’ensemble de la société au travers de l’augmentation du chômage, de l’augmentation des maladies dues au stress, sans parler des accidents professionnels.

NON aux licenciements…

Il faudrait bien sûr interdire tous les licenciements, en particulier lorsqu’ils sont le fruit de stratégies visant à faire augmenter les actions en Bourse, et lorsqu’ils sont le fait d’entreprises dégageant de gros bénéfices.

C’est pour avancer dans cette direction, que solidaritéS vient de proposer un projet de loi fort simple. Il s’agit de créer un impôt supplémentaire de quelques pour cent à la charge des entreprises qui font plus d’un million de francs de bénéfice imposable. Il permettrait de récolter 160 millions par an, destinés à couvrir les frais engendrés par ces licenciements ou non renouvellement de poste de travail. Ces ressources seraient affectées en faveur des chômeuses-euses, en vue de couvrir les coûts des emplois temporaires indispensables, les stages professionnels de réinsertion et les allocations de retour en emploi.

Dans le cas où les employeurs soumis à cet impôt supplémentaire engageraient une chômeuse ou un chômeur en fin de droit aux indemnités de chômage fédéral, alors ils pourraient retrancher de cet impôt extraordinaire le coût moyen, durant une année, d’une chômeuse ou d’un chômeur employé par l’Etat dans ces programmes d’Emploi temporaire (ETC), soit environ 48 000 francs. De plus, s’il reste un solde dans ce fond de 160 millions, il serait affecté à une participation – partielle ou totale – aux coûts engendrés par les cotisations du 2e pilier en faveur des chômeurs-euses de plus de 50 ans parvenus au terme des indemnités fédérales de chômage, facilitant ainsi leur embauche.

Ce système serait en vigueur lorsque le taux de chômage dépasse les 5%, permettant ainsi l’engagement ou le payement de plus de 1000 postes de travail par année. Nos député-e-s se battent pour le traitement urgent de cette loi au Parlement genevois. Ce 2 septembre, une majorité de droite a refusé ce débat urgent. Dans ces conditions, nous donnerons la parole sous peu aux citoyen-ne-s en lançant une initiative populaire!

Rémy PAGANI