Pour une campagne résolument féministe

Pour une campagne résolument féministe

Le mouvement solidaritéS a toujours refusé les relations patriarcales qui reposent sur la domination masculine, qu’elle soit clairement revendiquée ou habilement dissimulée. L’action politique constitue un lieu d’exclusion des femmes particulièrement tenace. C’est pourquoi nous défendons la parité dans toutes les formes de représentation et nous proposons donc une liste de 52 candidat-e-s au Grand Conseil avec 26 femmes et 26 hommes.

L’éviction des candidates à la candidature au Conseil d’Etat, chez les Verts comem au PS, a été vécue par beaucoup de femmes come une attaque supplémentaire à leur égard. Une fois de plus, la représentation de la moitié de la population n’est pas une priorité, même pour ceux qui la revendiquent publiquement. Faut-il en conclure que la mise en avant de la parité ne serait que l’apanage d’un discours électoraliste?

Anticapitalisme et féminisme

Pour solidaritéS, la représentation des femmes est cruciale, mais elle ne tient pas lieu de substitut à la défense d’un programme anti-capitaliste et féministe. Nous sommes persuadé-e-s en effet que la marchandisation accélérée des rapports sociaux, sous l’impulsion de la mondialisation néolibérale, joue un rôle prépondérant dans le renforcement de l’oppression des femmes.

En effet, ce sont les femmes qui font les frais, en première ligne, de la précarité des conditions de travail, des différences salariales, des inégalités devant les opportunités de promotion, mais aussi des carences de l’assurance maternité. L’absence d’une politique familiale qui encourage le partage des tâches domestiques et le manque de structures adéquates pour la petite enfance et les personnes âgées, ce sont encore elle qui en pâtissent le plus directemement. A cela, il faut ajouter les discriminations plus subtiles qu’elles subissent dans le domaine de la formation, ainsi que les violences sexistes qu’elles affrontent au travail, dans la vie sociale, comme dans la sphère privée, qu’elle soient physiques ou morales.

Le capitalisme et le patriarcat se renforcent mutuellement en favorisant la mise en concurrence et l’exploitation toujours plus poussée des salarié-e-s. Ils justifient aussi de nombreuses formes d’oppression et de discriminations à l’égard des femmes, qui s’en trouvent le plus souvent doublement attaquées. Les grands lobbies de l’industrie et de la finance, de même que les partis de droite qui sont à leur service, sont les représentants attitrés de ce système injuste. Ils n’entendent apporter aucune réponse aux inégalités, bien au contraire. Ils les justifient et les pérennisent.

L’émancipation se construit dans l’action collective

Nous sommes donc résolument pour la représentation des femmes de gauche dans les parlements, sur la base d’un programme porteur de valeurs et de revendications qui visent à l’émancipation de la société, qui implique bien sûr une profonde transformation des relations entre les sexes. C’est dans cette optique, nous mettons en avant des candidates engagées dans la lutte pour l’égalité entre femmes et hommes, ainsi que pour des conditions de vie et de travail dignes et respectueuses de chacun-e.

Par ailleurs, nous savons que la démocratie représentative, par nature, ne favorise pas l’engagement politique des femmes, comme d’ailleurs celui des plus opprimé-e-s d’entre nous (travailleur-e-s étrangers, working poors, exlu-e-s, etc.). Une vendeuse de grand magasin avec des enfants en bas âge pourrait-elle vraiment briguer un siège de députée? C’est pourquoi, la priorité que nous avons toujours accordé à l’action collective du plus grand nombre sur le terrain des mouvements sociaux vise aussi à garantir l’engagement politique des femmes. Celle-ci se trouverait en effet bien trop à l’étroit et coupée des sources de sa radicalité et de sa force, si elle se laissait principalement enfermer dans les jeux de pouvoir de la vie politique institutionnelle.

Marie-Eve TEJEDOR