Contre le trafic d'armes Suisse-Israël

Contre le trafic d’armes Suisse-Israël

Au printemps 2002 après l’opération militaire israélienne d’une brutalité sans précédent dans les territoires occupés et les massacres perpétrés dans le camp de réfugiés Jénine qui avaient notamment suscité une grande manifestation de 10’000 personnes à Berne, la collaboration militaire suisse avec Israël avait été mise en veilleuse.

Ce printemps, après la visite à Sharon du conseiller fédéral Samuel Schmidt, le Conseil fédéral faisait savoir qu’il était temps de «normaliser» la situation. Début octobre, le Conseil national a décidé la reprise de l’achat de matériel militaire à Israël, renouant ainsi sans scrupules et à une très large majorité avec la longue tradition de collaboration helvético-israélienne en matière militaire, matérialisée notamment dans la production commune de bombes à fragmentation, le développement de drones militaires, etc.

Une large coalition d’ONGs et de partis s’était mobilisée pour tenter de barrer la route à cette décision. Notamment par la récolte de signatures à l’appui d’une pétition adressée au parlement fédéral, qui en 4 mois cet été a obtenu 24 249 signatures. Cette pétition réclamait «simplement» l’application des Conventions de Genève et du droit international dans le conflit israélo-palestinien, refusait la collaboration militaire helvétique avec les pays du Proche-Orient et, en particulier, l’achat de matériel militaire israélien prévu dans le programme d’armement 2005.

En effet, comme le souligne le texte de la pétition: «L’engagement de la Suisse, dépositaire des Conventions de Genève, pour l’application du droit humanitaire international, n’est pas authentique ni crédible, du moment que la Suisse poursuit la collaboration dans le domaine militaire (production et achat de matériel militaire, visites de délégations de haut rang, services secrets) avec l’armée et l’industrie militaire d’un Etat qui viole de manière systématique le droit international humanitaire.»

Un très large front d’organisations a, au final, apporté son appui à la pétition déposée le 29 septembre à Berne, parmi lesquelles bien sûr les Collectifs Urgence Palestine, le GSsA, le CETIM, des ONGs multiples dont certaines proches des églises, les syndicats Unia, Comedia et le SSP/Vpod, les organisations de la Coalition «A gauche toute!» (solidaritéS, PST/POP, Listes Alternatives), les Verts, le PSS…

Près de la moitié des signatures récoltées provenaient de Suisse romande, mais comme le soulignait Tobia Schnebli au nom du GSsA lors du dépôt de la pétition, ce fait «est plutôt le reflet d’une présence plus nombreuse en Romandie d’activistes de base qui ont tenu des stands de récolte que d’une différence dans l’adhésion à la pétition dans la population en général.» Il soulignait dans ce sens, fort de l’expérience des militant-e-s du GSoA en Suisse allemande, que ? «partout où des gens ont récolté des signatures les réactions étaient très largement positives.»

Et en effet, le net tournant proaméricain de la politique fédérale et la perception dans la population de ce fait a sans doute été un facteur ayant contribué à l’élargissement remarquable de la coalition qui a appuyé cette pétition, comme au succès indéniable de la récolte de signatures.

Aujourd’hui, le programme d’armement et les achats militaires à Israël doivent encore passer la rampe au Conseil des Etats en fin d’année. Il n’y a évidemment guère de chances aux Etats pour que la décision du National soit renversée, mais c’est un moment qui devrait permettre de retaper sur le clou! Au-delà la coalition qui s’est formée autour de ces revendications devrait continuer son travail dans la durée… Affaire à suivre donc!

Pierre VANEK