L'action «tragique» des travailleurs du service public
L’action «tragique» des travailleurs du service public
En septembre 2004, se tenait à Genève un colloque intitulé «L’action ’tragique » des travailleurs du service public». Il était l’aboutissement d’une recherche interdisciplinaire menée à l’Uni de Genève par la professeure et philosophe Marie-Claire Caloz-Tschopp. Sa recherche prenait en compte les réflexions de travailleurs-euses du service public du social, de la santé, de la police et de l’éducation mais également de chercheurs.
C’est la même logique qui a prévalu pour la mise sur pied du colloque, soit l’apport de travailleurs-euses d’un secteur ayant le mandat particulier d’offrir l’ensemble des prestations d’un service public. Ils/elles font état des dilemmes dans lesquels ils sont pris, liés à l’application de décisions politiques gestionnaires conduisant à la remise en cause de la citoyenneté en fragilisant des pans entiers de la société civile. Ils/elles sont également victimes de la dégradation de leurs propres conditions de travailleurs-euses par la détérioration programmée des finances publiques. Notons que ce colloque avait une dimension internationale avec des témoignages venant d’Europe mais aussi d’Amérique latine.
Ce colloque est restitué dans des actes qui viennent d’être publiés. L’ouvrage contient les apports des participant-e-s et aborde les thèmes touchant au travail et au chômage, mais également à l’interculturel dans une société inégalitaire en passant par la souffrance au travail et l’hospitalité dans un contexte de droit d’asile. L’ensemble s’articule autour des pratiques professionnelles locales, genevoises et suisses dans un espace géopolitique mondialisé. Le capitalisme sauvage a été illustré par exemple par le film Mémoire du saccage / Memoria del saqueo du réalisateur argentin Fernando Solanas sur ce qui se passe lorsque l’Etat «s’effondre».
L’ouvrage interpelle le lecteur-trice car il le pousse à être acteur en démontrant l’importance de ce qui peut se passer quand l’ordre dépasse le conflit social en essayant de l’annuler. Il repose la question du devoir de fidélité à l’Etat pour ses employé-e-s dans le travail, lieu où se jouent les tensions entre libertés, servitude et (in)égalité. Ils interpellent le lecteur -trice sur ce qui freine, empêche ou alors suscite les politiques publiques (jdj)
L’action «tragique» des travailleurs du service public . Coordonné par M.-C. Caloz-Tschopp, P. Dasen, F.M. Spescha / Ed. L’Harmattan 2005.