Votations communales du 2 avril: une «hausse d'impôts» insupportable?

Votations communales du 2 avril: une «hausse d’impôts» insupportable?

Economies forcées, restrictions imposées, diminutions programmées, voilà ce que l’on entend dès qu’on parle de budgets à Neuchâtel. Les caisses sont vides tant celles du canton que celles de la plupart des communes mais elles n’en résonnent pas moins sous les coups désordonnés des nouveaux rebouteux. Sans expliquer les causes du délabrement des finances, sans rechercher les responsables de cette débâcle, et surtout sans chercher à refondre le système de l’impôt sur des bases qui cessent d’avantager aussi outrageusement les sociétés et tout ce qui s’appelle fortune, le nouveau Conseil d’Etat à majorité de gauche (jusqu’à quand ces mots garderont-ils leur sens?) sabre à tout va dans les prestations sociales, ponctionnant les plus faibles et déboussolant ceux qui l’avaient élus en espérant plus de justice, plus d’équité.

C’est dans ce contexte particulier que pratiquement toutes les communes neuchâteloises envisagent des augmentations d’impôts, déclenchant ainsi les réactions de la droite de la droite qui fait jouer les violons du «on vous prend vos sous, parce que la gauche n’arrête pas de faire des cadeaux à la culture, aux étrangers, aux fonctionnaires, aux enseignants, etc.»

En ville de Neuchâtel la situation serait particulièrement cocasse pour un observateur impartial car, en 2002, les libéraux et les radicaux avaient obtenus une baisse du coefficient fiscal de 2 points. Or c’est précisément ces 2 points que le Conseil communal (également à majorité de gauche) a voulu rétablir pour rééquilibrer un tant soit peu le budget, déclenchant le référendum mené par tous les partis de droite, pas gênés de s’allier pour l’occasion avec les aboyeurs du consternant Blocher. Concrètement, que signifient ces 2 points pour le porte-monnaie du contribuable? Pour près d’un tiers des contribuables de la commune qui ne dépassent pas les 20000 Fr. de revenu imposable, la hausse atteindrait au maximun 14 Fr. par an. (et 4 Fr. pour les couples). Pour les couples déclarant 80000 de revenu, il faudrait débourser 182 Fr. par an (soit 15 Fr. par mois). Il est vrai qu’à partir de 300100 à 400000 francs de revenus (45 contribuables concernés) la hausse serait de 1160 Fr. au maximum…

Accepter cette «hausse», soi-disant insupportable, apporterait un répit bienvenu dans la spirale d’augmentation des taxes communales (augmentation du prix d’entrée des piscines, de la redevance pour les chambres mortuaires) et permettrait de stopper la dégradation des conditions de travail du personnel communal (délai de carence de 6 mois, réduction des heures d’ouverture de la bibliothèque, etc.). Par contre le refus de cette hausse serait la porte ouverte à une politique de démantèlement des prestations sociales que nos adversaires ont bien le projet de mener à bien. Espérons en la maturité des citoyens pour ce 2 avril.

Pascal HELLE