2 x NON à la Letr et à la LAsi: la campagne démarre !

Ce 31 mars, en Vieille Ville de Genève, sous les combles de la maison du Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT), dans un petit bureau glacial en hiver et qui sera brûlant cet été, s’active Martin Kelemnis, 26 ans, diplômé en HEI, militant du droit d’asile. Il attend anxieusement le retour des feuilles référendaires des communes genevoises qui tardent à envoyer leurs validations et reçoit encore, à son grand regret, des centaines de signatures qui ne pourront plus être validées. Dès le mois de juillet, il travaillera aussi à Lausanne, car il vient d’être choisi comme secrétaire coordinateur, en Suisse romande, de la campagne de votation. Celle-ci, selon toutes probabilités, aura lieu le 24 septembre.

Ce 31 mars, on annonce des résultats qui dépassent nos prévisions les plus optimistes: au niveau suisse, plus de 100000 personnes ont signé le référendum contre la LAsi, plus de 75 000 ont signé le référendum contre la LEtr. La différence de chiffres s’explique par le fait que certaines organisations humanitaires et le Parti Socialiste Suisse, de façon incompréhensible, n’ont fait signer que le seul référendum sur l’asile!

Des résultats de bon augure

Dans les cantons romands: Genève crie victoire avec deux fois 15 000 signatures; Vaud a obtenu 2 x 11 000, sans compter les 4000 parties directement à Berne; Neuchâtel 2 x 7000, mais ici aussi près de 3000 signatures sont allées à Berne; Jura: environ 2 x 2000, idem à Fribourg. C’est donc un vrai succès. De plus, la Suisse alémanique s’est autant mobilisée que la Suisse romande. D’habitude pour les référendums concernant les étrangers, on est dans un rapport de 65% de Romands et 35% d’Alémaniques. Cette mobilisation outre-Sarine est de très bon augure.

En fin de séance du comité romand, les délégués ont échangé leurs impressions sur le climat de la campagne référendaire. Les voici résumées par la plume de Daniel Dind, membre du SIT, du groupe de pilotage de Genève: «la récolte des signatures se fait de façon différente qu’à l’accoutumée; elle s’appuie peu sur le modèle classique de l’engagement militant (avec stands…); c’est le phénomène capillaire, bouche à oreille, éclaté qui domine… tout cela semble indiquer que des catégories non négligeables de la population en ont ras le bol, sans grand discours idéologique, de la xénophobie et du populisme distillé par l’UDC et consorts. Ces quelques traits vite brossés montrent qu’il nous faudra toucher, avec des mots et des slogans différents, des publics très diversifiés, disparates, vis-à-vis desquels nous n’avons pas de grands repères. Par ex: les «votants de gauche» sont loin d’être homogènes, il y en a hélas beaucoup (trop) qui sont ou deviennent sinon xénophobes, du moins peu ouverts à l’égard de l’altérité; tout comme, à l’inverse, un nombre non négligeable de «votants de droite» rejettent sans ambiguïté tant la LEtr que la LAsi [pas seulement les humanitaires, mais les employeurs, notamment ceux qui emploient des travailleurs immigrés aux statuts précaires (économie domestique, hôtellerie-restauration…)]. Les jeunes, également ne sont pas homogènes, mais ils sont toujours plus nombreux à «vivre le métissage»; avec ces catégories, l’important est plus de les faire aller voter que de leur dire quoi voter. Bref! il semble que nous nous orientons vers une campagne basée sur des slogans et des messages très diversifiés, en fonction de catégories qu’il s’agira encore de mieux identifier (par ex. milieux sportifs, artistiques…). Cette diversité et la diversification des slogans qui en découle, sont des aspects très intéressants de la campagne à venir…»

Le comité romand 2 x NON aux lois contre l’asile et les étrangers doit encore prendre des décisions sur tout le matériel publicitaire commun: affiches, slogans, logos, bulletin tout ménage (3 pages d’argumentaires communs et une page annonçant les évènements cantonaux), site internet, et sur la coordination avec la Suisse alémanique. Une manifestation nationale est déjà prévue le samedi 17 juin à Berne.

Distributions de tracts durant tout l’été

À Genève, la Coordination contre l’exclusion et la xénophobie prévoit d’organiser des évènements mobilisateurs et des distributions de tracts massives à l’occasion de grandes manifestations publiques, telles que la Fête de la Musique, les Promotions, le Paléo Festival de Nyon, les Fêtes de Genève, le Festival du Bois-de-la Bâtie, ainsi que les fêtes de quartiers (brocantes, «la ville est à vous», etc.). On a donc besoin d’un grand nombre de militant-e-s prêts à s’engager pour tracter, comme elles et ils s’étaient engagée-e-s pour récolter des signatures. De plus, le comédien Patrick Mohr coordonne 12 représentations d’un théâtre de rue avec des clowns acrobatiques, suivies d’une distribution de tracts et de discussions avec le public. Le plus grand événement rassembleur de militant-e-s aura lieu le samedi 2 septembre, au moment où les citoyen-ne-s recevront leur enveloppe de vote. Réservez bien cette date, car il est prévu de se montrer dans la rue pour un évènement spectaculaire qui rappelle les enjeux du scrutin.

Mais le travail de sensibilisation doit aussi se dérouler hors des sentiers battus, pour toucher avec des messages et des slogans diversifiés, des publics variés. Michel Ottet, du groupe de pilotage, fondateur d’ELISA-ASILE, propose d’organiser des réunions privées à domicile pour inviter des ami-e-s non politisé-e-s à voter 2 x NON. Il invite toutes les personnes intéressées par cette démarche à prendre contact avec lui: ottet@elisa.ch

La récolte de signatures est terminée, la campagne pour voter 2 x NON aux lois contre l’asile et les étrangers commence! Au moment où ce journal est imprimé, le jeudi 6 avril, les signatures sont déposées à la Chancellerie fédérale.