Vrai scandale à Genève...étrangleurs au Conseil d'État

Vrai scandale à Genève…étrangleurs au Conseil d’État

La majorité arrachée par la droite a été si faible que le libéral Pierre Weiss, a dû préluder son cocorico du lendemain, dans le journal patronal Entreprise romande, par un prêche sur le thème «qu’une seule voix se déplace et le cours de l’Histoire est changé» avant d’exiger que le gouvernement serre la vis encore en matière d’austérité. Participation dépassant à peine 36% et avance de 1000 voix seulement, mais le «frein à l’endettement» a passé la rampe à Genève le 21 mai. Ci-contre notre communiqué du jour.

Quant au Conseil d’Etat lui-même, à majorité rose-verte, qui prônait un NON, du bout des lèvres, il s’est exprimé le lendemain par la voix du «ministre» genevois des finances David Hiler, qui ne s’estime «pas du tout désavoué» par ce scrutin et qui se félicite même, dans la Tribune, du fait que: «Les citoyens ont une appréciation plus juste de la richesse du canton» et que ces derniers «se rendent compte que nous devons nous habituer à vivre avec 5% de moins que dans les années 80.» Le relayant, sa collègue de parti Michèle Kunzler, se plaint qu’en appliquant le mécanisme adopté «si on devait laisser le choix au peuple, il devrait choisir une hausse d’impôts de 300 millions de francs ou une baisse de prestations du même montant.»

Ainsi, au détour du résultat d’un vote, d’un échec pour la gauche et les syndicats, manifestement imputable à une incapacité à tenir un discours et à mener une réelle campagne… de gauche mobilisatrice, ces élu-e-s verts distillent un message légitimant le «moins d’Etat» néolibéral. Plutôt que de reconnaître qu’il est illégitime de vouloir réduire services publics et prestations sociales à une portion plus congrue qu’il y a 20 ans ou que les «300 millions» de recettes, qu’il faudrait retrouver, ne représentent pas une «hausse d’impôts» pour tous, mais bien un simple retour– partiel de surcroit – sur les cadeaux fiscaux aux riches de ces dernières années. Et que c’est à ces derniers d’assumer ce coût! D’autant qu’à Genève – air connu – les riches le sont toujours de plus en plus et, en miroir, des secteurs toujours plus larges de la population s’enfoncent dans une précarité et une pauvreté criantes.

Or cette proposition, de faire payer très modestement la facture à ceux qui en ont les moyens, est celle que nous avons faite – avant les élections de 2005 – par nos initiatives fiscales jumelles. Appuyées – à l’époque – par ces mêmes Verts et par le PS. Du côté de ce dernier, au lendemain du vote, ce n’est guère mieux. Le député PS Christian Brunier, dans la Tribune toujours, salue un vote, pourtant contraire au mot d’ordre de son parti, qui «sanctionne les politiques menées jusqu’ici par la droite à Genève» et tient à rappeler la «paternité» socialiste du projet original, en soulignant qu’il était «plus crédible» que la mouture acceptée.

Bref, à gauche – et au-delà de solidaritéS – aucun appel à une mobilisation sociale quelconque… Et le mercredi suivant le vote, le gouvernement passait aux travaux pratiques, avec ses dernières décisions en matière de personnel: un poste sur vingt doit être supprimé dans les services publics en 3 ans et le plan détaillé de démontage, par services, doit être établi à fin septembre. Ce sont de l’ordre de 1500 postes de travail que le Conseil d’Etat veut rayer de la carte. Dans une Genève où les besoins sociaux sont de plus en plus criants, où la précarité progresse, où le chômage de longue durée exerce ses ravages, c’est dans les rangs des enseignant-e-s, des travailleurs-euses sociaux, des infirmières… que le gouvernement planifie méthodiquement ses coupes sombres. Si ce «plan d’étranglement» est mis à exécution, l’Etat de Genève, avec 60 000 habitant-e-s en plus, se retrouvera… avec des centaine de postes de moins qu’en 1991… Cette décision-là est un vrai «scandale», d’une bien autre nature que la question, qui a monopolisé les gazettes, de savoir si le nouveau maire de Genève avait ou non le droit d’annuler quelques dizaines d’amendes.

Pierre VANEK


«Frein aux dépenses»

Oui à l’arraché pour la droite néolibérale, le front d’opposition au démantèlement social doit se renforcer!
solidaritéS s’est engagé pour un NON au projet de loi constitutionnelle instituant un «frein aux dépenses» cantonal qui s’inscrit dans la logique des pompiers-pyromanes néolibéraux qui vident les caisses de la collectivité, alourdissent la dette, pour ensuite pouvoir proclamer qu’il y a le feu à la maison et qu’il faut couper dans les prestations sociales et les services publics, au nom de leur vision de l’«assainissement» des finances publiques.

Grâce à une campagne démagogique et à des moyens considérables engagés, la droite genevoise a réussi aujourd’hui à faire passer – mais à l’arraché seulement – ces dispositions constitutionnelles qui représentent une véritable machine à chantage institutionnalisé au choix forcé entre coupes antisociales et impôts injustes.

Concernant le résultat de ce jour, solidaritéS se félicite du fait que la droite n’ait de loin pas réussi à transformer ce vote – comme elle l’aurait voulu – en plébiscite de son programme d’austérité. En effet, ce sont moins d’un pourcent des électeurs-trices qui ont fait pencher la balance cantonale en appuyant ses propositions, ceci dans un contexte de relativement faible participation.

Nous nous félicitons en outre du rejet de ces propositions en Ville de Genève, et dans les grandes communes populaires suburbaines Carouge, Meyrin, Vernier, Onex, Lancy… reflétant un vote populaire de résistance au programme de la droite.

Nous regrettons l’engagement insuffisant des forces de gauche dans cette campagne et l’absence de clarté du Conseil d’Etat à majorité rose-verte, qui a prôné un NON MAIS… indiquant qu’il entendait pour l’essentiel arriver au «même résultat» mais par des voies différentes, comme nous regrettons aussi l’intervention des verts, qui se sont cantonnés à une remise en cause de l’aspect anti-démocratique des dispositions prévues, sans dénoncer ses objectifs avoués de démantèlement social!

Nous regrettons également que le PS n’ait pas su, en temps utile, reconnaître l’erreur du dépôt de son projet de loi initial, incorporant le mécanisme dont s’est saisi la droite pour le retourner contre nous.

Enfin, solidaritéS s’engage à poursuivre son combat «pour un rétablissement social des finances cantonales» en se battant pour faire aboutir les deux initiatives fiscales du même nom déposées par la gauche et les syndicats pour assurer une plus juste contribution des riches et des très hauts revenus.

Nous nous engageons également – sur le terrain – à défendre pied à pied, dans la rue et par les référendums nécessaires, les prestations sociales et les services publics, menacés par les coupes antisociales qui sont au programme de la majorité de droite du parlement genevois.

Communiqué de presse de solidaritéS du 21 mai 2006