Brésil, premier tour des élections présidentielles

Brésil, premier tour des élections présidentielles

Position du P-SOL sur le deuxième tour

Nous voulons remercier les 6 575 393 électeurs/trices qui ont
voté pour notre candidate présidentielle, Heloísa
Helena, et qui ne se sont pas laissés tromper par la fausse
polarisation médiatique ou par l’argument
électoraliste du vote utile. Ils ont rejeté les deux
partis défenseurs du modèle néolibéral,
totalement corrompu, et confirment qu’il est possible de
construire, au Brésil, une alternative de gauche
cohérente.

Nous remercions tous ceux qui ont voté pour nos candidat-e-s
dans les divers scrutins, permettant ainsi la réélection
de Luciana Genro, Chico Alencar et Ivan Valente,
l’élection de deux nouveaux députés au
Parlement d’Etat de São Paulo et d’un
député à Rio de Janeiro. Nous regrettons la
non-réélection de João Alfredo, Maninha,
Fantazzini et Baba, quatre combattant-e-s socialistes qui sont
l’honneur de notre parti.

En remerciant particulièrement les candidats du «Front de
la gauche» dans tout le Brésil, nous voulons aussi rendre
hommage à notre candidate présidentielle, dont les
efforts et l’abnégation durant cette campagne furent un
exemple militant pour tout notre parti. Les témoignages
d’affection reçus par Heloísa Helena montrent une
profonde identification d’une partie importante de notre peuple
avec notre principale porte-parole. Beaucoup de gens lui disaient:
«Heloísa, tu es notre dernier espoir. Tiens bon! Ne flanche pas! Tu gagneras la prochaine fois».

 (…) Pour le second tour, l’exécutif national
du P-SOL a décidé de ne donner aucune consigne de vote,
ni pour Lula, ni pour Alckmin.

 (…) Ayant combattu durant 8 ans le gouvernement de
Fernando Henrique Cardoso, et durant 4 ans celui de Lula comme
continuateur des politiques néolibérales, nous ne
briserons pas 12 ans de lutte en deux jours. La position du P-SOL
concerne ses membres: dans le secret de l’urne, ceux-ci ont le
droit de faire ce qu’ils veulent, mais pas publiquement. Une
clause d’autant plus importante pour nos figures publiques
(députés, sénatrice, conseillers municipaux ou
dirigeants syndicaux) que des déclarations aux médias
seraient considérées comme une campagne en cours.
C’est pourquoi notre décision a un caractère
contraignant.

  (…) Nous appelons le peuple brésilien
à ne se fier à aucun des deux candidats et à se
préparer à la résistance et au combat contre la
politique du vainqueur, quel qu’il soit.

Sigles: PSTU: Parti socialiste des travailleurs unifiés,
extrême gauche; PCB: Parti communiste brésilien; PSDB:
Parti social-démocrate brésilien,
néolibéral.




«Nul ne peut dire si Lula sera
réélu en 2006. Ce qui est sûr, c’est
qu’il a renoncé à la rupture avec le
néolibéralisme. Arrivant au pouvoir au milieu d’une
crise de confiance des marchés financiers, Lula a choisi de les
rassurer en augmentant les taux d’intérêts et en
serrant la ceinture de l’Etat. Il a dépassé les
exigences du FMI en matière de réduction des
déficits. Il a certes interrompu les privatisations, mais a
développé les ‘partenariats
public-privé’ pour réduire les investissements
publics. Il n’a pratiquement pas augmenté le salaire
minimum, mais a développé des politiques sociales
d’assistance peu coûteuses mais populaires auprès
des pauvres
»1.

  Ce bilan date d’octobre 2005 et non pas 2006…
En effet, ce 1er octobre, le président brésilien
n’a obtenu que 48,6% des votes contre 41,6% au candidat de
droite, Geraldo Alckmin, et 6,85% pour la candidate du «Front de
la gauche» (P-SOL, PSTU, PCB), Heloísa Helena2.

  En 4 ans, l’étoile rouge du PT a pâli:
il fut impliqué dans des cas de corruption (achat des votes de
députés de droite… pour voter des
contre-réformes néolibérales!). Le budget de la
réforme agraire a été sensiblement réduit3.

  L’ex-gauche du PT est divisée: certains
secteurs considèrent que le gouvernement est «en
dispute» et prônent «la refondation du PT»;
d’autres – exclus ou non du PT – concluent au
caractère irrémédiable du cours
néolibéral.

  Pour le deuxième tour du 29 octobre, des
intellectuels (critiques envers le PT) et des dirigeants de mouvements
sociaux appellent à «barrer la route à la
droite» en votant Lula; mais le P-SOL n’a donné
aucune consigne de vote4.

  Nous publions des extraits de la déclaration du
P-SOL, ainsi que des références à divers sites
contenant des articles sur le Brésil.


Hans-Peter RENK

    1     Thomas Coutrot,
«Brésil, l’impossible rupture», in: Politis,
no 871 (oct. 2005).
    2     Sénatrice de
l’Etat d’Alagoas, expulsée du PT avec 3
député-e-s en janvier 2004 pour avoir voté contre
une «réforme» néolibérale des
retraites des fonctionnaires. Les exclu-e-s ont depuis lors
constitué le Parti Socialisme et Liberté (P-SOL).
    3     Le ministre de la
réforme agraire, Miguel Rossetto (membre de la tendance
«Democracia socialista») se retrouve dans la situation
pénible de l’inaugurateur de chrysanthèmes…
    4     Sur les résultats des
divers scrutins (Parlements fédéral et des Etats), cf.
João Machado, «Lula fragilisé», Rouge, no
2175, 5.10.2006

Sites à consulter:
www.inprecor.org (revue INPRECOR, archives 2003-2006); www.risal.collectifs.net (Réseau de solidarité avec l’Amérique latine, rubrique «Brésil»); www.psol.org.br/ (Partido Socialismo e Liberdade); www.rebelion.org (rubrique «Brésil») http://www.pt.org.br/ (Partido dos Trabalhadores, Brésil); www.democraciasocialista.org.br/ds/ (Democracia socialista, tendance du PT)