Eligibilité des immigrés

Eligibilité des immigrés

Presque trois ans après son dépôt (fin 2003), le
Conseil d’Etat a délivré son message à
propos de l’initiative pour le droit
d’éligibilité des immigré-e-s au niveau
communal et cantonal. On ne peut pas faire moins bien que nos
voisin-e-s fribourgeois et vaudois! D’accord pour un petit pas en
avant, mais prudence: pas de soutien à l’initiative.

Portée au départ par la Colonie Libre Italienne et
solidaritéS, cette initiative a réuni toute la gauche
neuchâteloise, les syndicats et de nombreuses associations
d’immigré-e-s. La Constitution cantonale, votée en
1990, avait introduit au niveau communal et cantonal le droit de vote
pour les porteurs-euses d’un permis C. L’initiative demande
simplement que ces nouveaux électeurs et électrices
soient aussi éligibles dans les instances politiques et
juridiques.

La peur du vote populaire

Le visage des cités s’est, au cours du dernier
siècle, largement modifié; la population est devenue
mélangée, mobile, changeante, et élargir le droit
de vote à celles et ceux qui vivent ici depuis plusieurs
années (5 ou 10 ans suivant l’origine des
immigré-e-s) est une mesure élémentaire
d’intégration des populations.

L’initiative visant à modifier la Constitution cantonale,
elle doit passer obligatoirement par le vote du peuple. La proposition
du Conseil d’Etat –plus limitée, puisque
l’éligibilité ne serait possible qu’au niveau
communal – représente une modification de la loi et
ne nécessiterait que le vote du Grand Conseil. La crainte du
vote populaire et des campagnes populistes de l’UDC n’est
évidemment pas étrangère à la position du
Conseil d’Etat.

L’UDC lancera de toute façon un référendum

L’initiative et la proposition de loi seront traitées lors
du prochain Grand Conseil. La droite modérée a
annoncé son soutien à la proposition du Conseil
d’Etat, mais l’UDC envisage de lancer de toute façon
un référendum. Donc vote il y aura. C’est à
la gauche majoritaire de décider si elle soutient
l’initiative qu’elle a contribué à lancer, et
c’est au comité d’initiative de décider de
son maintien ou non.

Pour notre part, le choix est fait: les droits politiques des
immigré-e-s, de toutes celles et ceux qui font la vie
d’une région, sont partie intégrante d’une
conception citoyenne de la démocratie. C’est un combat de
longue durée que de convaincre la majorité du peuple que
la pleine intégration des immigré-e-s est un
enrichissement pour toutes et tous. solidaritéS invite donc tous
les partenaires qui se sont engagés dans la récolte de
signatures à se mobiliser aujourd’hui pour défendre
jusqu’au bout ce droit fondamental pour lequel nous nous sommes
engagés en commun.

Henri VUILLIOMENET