Démantèlement de l'AI: défendons nos droits!

Démantèlement de l’AI: défendons nos droits!

Malgré l’évidence de son caractère
indispensable, au lendemain du vote des Chambres, le
référendum apparaissait incertain. L’organe
faîtier national des associations de handicapé-e-s –
la DOK – et différentes organisations membres, comme par
exemple Pro mente sana, qui considère pourtant que les
défauts de la révision sont prépondérants,
ont renoncé à lancer le référendum.
Notamment au motif qu’il retarderait l’assainissement
financier et le désendettement de l’AI et que le fait de
laisser passer cette révision pourrait ouvrir la voie à
des réformes positives dans ce domaine. Le secrétaire de
la DOK, Thomas Bickel, a également invoqué le «climat au sein de la population» qui serait «défavorable» au référendum…

L’une des organisations faîtières
d’associations de défense des handicapé-e-s, Agile,
s’est – dans un premier temps – prononcée
publiquement en affirmant que «la seule option raisonnable dans
cette situation» était le lancement d’un
référendum, mais qu’elle n’en avait pas les
moyens «avec quelques petits alliés seulement» et qu’elle y renonçait «la mort dans l’âme»

USS et PSS aux abonnés absents…

Et en effet, les gros «alliés» hypothétiques
n’ont pas répondu présent. L’USS, tout en
reconnaissant que cette révision était
«incontestablement marquée du sceau du
démantèlement social», a décidé
qu’il ne serait pas «raisonnable» de lancer le
référendum… au vu de la décision des
«grandes associations» de handicapés de ne pas le
faire. L’USS déclare vouloir se «concentrer sur le problème du financement»
de l’AI. Position inacceptable: d’abord parce qu’en
renvoyant la balle dans le seul camp des organisations de
handicapés, l’USS nie le fait que cette révision
s’attaque aux droits de tous les travailleurs-euses, que le
mouvement syndical est censé défendre, ensuite parce que
la victoire concédée d’emblée à la
droite, que signifie le renoncement au référendum,
contribue à dégrader encore le rapport des forces sur la
question du financement et encourage la droite à continuer dans
la voie d’un pseudo-assainissement sur le dos des
handicapé-e-s et de tous les travailleurs-euses.

Le PSS, quant à lui, a d’abord déploré le
caractère «unilatéral» de la révision
comme étant «uniquement un projet de démantèlement des prestations»
en violation d’un «accord trouvé à ce sujet
entre partis gouvernementaux». Pourtant, il ne lancera ni ne
soutiendra le référendum… Reprenant le couplet sur la
«priorité au financement», il indique qu’il
est fortement engagé par ailleurs, mais laisse
généreusement ses sections locales soutenir le
référendum si ça leur chante.

«A gauche toute !» au rendez-vous

Ainsi, le lancement du référendum a été
laissé – comme cela a été le cas par le
passé sur d’autres objets allant de la la Loi sur le
chômage à la Loi sur le marché de
l’électricité – à des forces de
résistance «minoritaires». Deux associations de
handicapé-e-s, le Centre pour une vie autonome de Zurich (ZSL)
et Cap-Contact en Suisse romande ont décidé de lancer le
référendum, mais un peu «pour leur compte»,
sans vouloir mobiliser autour de l’attaque non seulement aux
handicapé-e-s actuels, mais à tous les
salarié-e-s, et surtout en renonçant explicitement
à constituer un comité référendaire ouvert
à toutes les forces progressistes désirant
s’engager. Et, sur le terrain, celles-ci sont relativement
nombreuses, sections syndicales, union syndicales locales, petites (ou
moins petites) associations «de base», de défense
des handicapé-e-s…

C’est dans ce contexte que les parlementaires d’«A
Gauche Toute!» ont lancé le processus qui a conduit
à la création, le 21 octobre à Neuchâtel,
d’une «Coordination nationale contre la 5e révision
de l’AI».
Sous les mot d’ordre «NON au démantèlement de
nos droits! NON au démantèlement de l’AI!»,
celle-ci entend réunir, dans les cantons et au niveau national,
toutes les forces et individus qui veulent défendre, non
seulement les droits des personnes handicapé-e-s, mais aussi
celui de tous les salarié-e-s en la matière.
Cette coordination a déposé une demande propre de
référendum dont les listes sont diponibles, notamment sur
www.solidarites.ch.

Le front de résistance s’élargit

Au-delà du groupe parlementaire, les coalitions «A gauche
toute!» à Genève et Vaud soutiennent
aujourd’hui officiellement le référendum, comme
aussi solidaritéS et le PST/POP nationalement, les PS genevois
et vaudois, les Unions syndicales vaudoise, fribourgeoise,
neuchâteloise et bâloise, le MPS, la FGA, le SIT et le SSP
à Genève et différentes organisations de
patient-e-s et de handicapé-e-s, dont la liste s’allonge
chaque jour….

Celle-ci va par exemple de l’Association de personnes atteintes
de troubles bipolaires (ATB) à Genève à la
Fédération Suisse des personnes atteintes de maladie
musculaire (SGMK) basée à Zurich, en passant par la
CORAASP (Coordination romande des associations d’action en
santé psychique) et le GRAAP (Groupe romand d’accueil et
d’action psychiatrique)…

La coordination et son référendum ont recueilli le
soutien national des Verts, de l’AVIVO, des Jeunesses socialistes
et, bien sûr, de nombreuses personnes qui ne sont pas
forcément d’accord avec la «démission»
de leurs organisations en la matière. Cette mise en route
d’un front de résistance à ouvert ou
ré-ouvert des discussions sur le référendum dans
nombre d’organisations et d’associations qui pourraient
basculer dans le camp du référendum.


Une réunion nationale de la
«Coordination contre la 5e révision de l’AI»
se tiendra samedi 11 novembre à Berne, à 14h30 Hotel
Kreuz, Zeughausgasse 41, pour consolider et étendre le front
référendaire, notamment en Suisse
alémanique…

Mais la récolte de signatures a d’ores et
déjà démarré, des coordinations locales se
constituent… Le défi des 50 000 signatures est
considérable. Aidez-nous à le relever, prenez-contact!

Pierre VANEK