Budget 2007: Réponse à Jean Studer

Budget 2007: Réponse à Jean Studer

Dans le Point, bulletin du PS neuchâtelois, Jean Studer, sous le
titre «Budget 2007: au-delà des slogans» revient,
pour la justifier, sur la politique du Conseil d’Etat. Il met en
exergue un titre de notre journal «solidarités ne votera
pas ce budget de régression sociale» et une
déclaration de la Chambre du commerce et de l’industrie
«Non, non et encore non au budget de l’Etat. (…) les
milieux économiques se sentent trahis.», pour
«démontrer» qu’il serait difficile de trouver
une voie médiane entre les extrêmes, mais que lui
s’y emploie et réussit l’exercice: «Seule la
maîtrise des finances publiques peut permettre à
l’Etat de remplir durablement les missions essentielles
qu’il doit assumer» écrit-il encore.

Mais pour lui cette «maîtrise» se traduit par la
réduction du budget de 10%, donc des coupes drastiques dans
l’éducation, la santé, le social, la culture qui
constituent le gros des dépenses d’un canton. Politique
néolibérale somme toute classique. Mais la droite ne
s’en satisfait pas pour autant.

La pratique libérale est transparente: son «moins
d’Etat» signifie moins de dépenses publiques, moins
de fonctionnaires, moins de prélèvements obligatoires
(impôts et cotisations sociales), moins de déficit, moins
de dette publique. Mais il est clair que «la maîtrise des
finances publiques», donc la réduction de la dette,
signifie pour les bourgeois la possibilité de nouvelles baisses
d’impôts qui leur profiteront en priorité. En bout
de législature, si ce Conseil d’Etat parvient à
«redresser les finances», nous aurons bel et bien un Etat
réduit et des inégalités augmentées.
C’est pour cette raison que le programme de législature et
le budget 2006 ont été pour la droite cantonale une
«divine» surprise, mais elle n’en restera pas
là; elle réclamera, soyons-en sûrs de nouvelles
baisses d’impôts. Et comme les finances se porteront mieux,
la gauche sera une fois de plus sur la défensive. C’est ce
que nous ne voulons pas.

Que la droite ait habilement posé les chausses trappes du
«frein à l’endettement» pour empêcher
tout nouvel impôt sur les riches, qui seul permettrait de
rétablir une inégalité mise à mal,
c’est un fait. Mais il est simplement inacceptable que le PS les
ait suivis sur ce terrain. Que les marges de manœuvre d’un
canton soient minces, nous le reconnaissons volontiers. Cela ne
justifie pas de vouloir faire de la politique néolibérale
le programme de la gauche; c’est la défense des
dépenses publiques comme facteur de cohésion sociale et
de stimulant de l’activité économique que la gauche
devrait défendre.

Le budget 2007 renonce en partie à certaines coupes antisociales
qui avaient fait mal de manière visible et immédiate en
2006 (subsides assurance-maladie, prestations complémentaires).
Elles ne seront du moins pas reconduites telles quelles. Voilà
qui explique les hauts cris du patronat; de même
l’éventualité d’une taxe sur les employeurs
en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes ou le report
éventuel d’une baisse d’impôt (progression
à froid) les fait déjà bondir.
Jean Studer peut bien nous placer dos à dos avec la droite et
nous accuser d’agiter des slogans; la pauvreté et
l’inégalité croissantes sont des faits bien
réels et pour nous ils ne seront contrecarrés que par une
redistribution des richesses qui passe par une politique fiscale qui
fasse participer plus fortement les fortunes, les hauts revenus et les
entreprises. La baisse régulière des budgets,
voilà ce qui mine pernicieusement le tissu social. Jugé
selon ces critères-là, il faut bien admettre que le 2007
est plus défavorable que ne l’était le budget (de
droite) de 2005. Nous refusons qu’un canton comme
Neuchâtel, qui sans rouler sur l’or ne peut être
taxé de pauvre, produise de la pauvreté et de
l’exclusion, et pénalise ainsi les plus faibles. Ce
n’est pas les déficits qui détruisent la
cohésion sociale, c’est la baisse des budgets de
l’Etat. N’en déplaise au conseiller d’Etat
socialiste.

Henri VUILLIOMENET