Contre l'austérité «de gauche», Neuchâtel dans la rue le 1er décembre

Contre l’austérité «de gauche», Neuchâtel dans la rue le 1er décembre

Deux cantons romands, Neuchâtel et Genève, sont
gérés depuis un certain temps par des exécutifs
où le Parti socialiste et les Verts sont majoritaires. Au
printemps prochain, le canton de Vaud pourrait lui aussi basculer
«à gauche». Ce déplacement électoral
ne tombe pas du ciel: de nombreux facteurs y contribuent, en
particulier le mécontentement accumulé depuis plus de dix
ans par la régression du pouvoir d’achat et
l’accroissement de la précarité sociale. Les
électeurs et les électrices entendent ainsi limiter la
casse… Et c’est dans ce sens, que solidaritéS
s’est associé jusqu’ici aux différentes
batailles électorales pour «battre la droite».
Pourtant, quelques mois après ces «victoires», comme
cela était d’ailleurs prévisible (mais sans le
voir, on peine toujours à y croire), les politiques
menées par les «ministres de gauche» ont fait
l’effet d’une douche froide.

Que voyons-nous? Face au déséquilibre budgétaire
et à la dette des cantons, liés à la
défiscalisation des gros revenus, des grandes fortunes et des
bénéfices, la priorité affichée par ces
gouvernements «de gauche» a été le retour
à l’équilibre des comptes. Et comment
espèrent-ils y arriver? En réduisant les services publics
(privatisations, externalisations, réductions d’effectifs)
et les prestations sociales, tournant ainsi le dos aux politiques pour
lesquelles ils ont été élus. Les mécanismes
de frein à l’endettement, inscrits dans la Constitution
neuchâteloise, fonctionnent ici comme un prétexte bien
utile, puisqu’ils exigent une majorité des trois
cinquièmes pour l’introduction de tout nouvel impôt.
Ceci est d’ailleurs un déni de démocratie
scandaleux qui fait penser à l’époque du suffrage
censitaire, où les minorités fortunées imposaient
leurs choix à toute la population. A-t-on oublié que ces
temps sont révolus!

Tous les gouvernements cantonaux, qu’ils soient à
majorité de droite ou de gauche, s’inscrivent dans le
cadre du même consensus helvétique,
c’est-à-dire qu’ils mènent une politique du
centre-droite, en prenant plus ou moins de précautions par
rapport à l’électorat populaire. Partout, la
consigne est la même: défense des intérêts
fondamentaux des privilégiés pour «dynamiser
l’économie» (entendez: les profits). Au point
qu’à Neuchâtel, radicaux, libéraux et UDC se
félicitent ouvertement de ce nouveau gouvernement qui ose
prendre des décisions qui fâchent…
Cela donne de nouvelles responsabilités aux partis et mouvements
qui, comme solidaritéS, défendent une politique de
redistribution des richesses, notamment par l’augmentation des
impôts sur les nantis afin de financer
l’amélioration des prestations sociales et de la
qualité de vie de la grande majorité.

Pour nous, il n’y a rien à attendre d’en haut et
voter ne suffit pas! En effet, comme toujours, ce n’est que la
pression populaire qui peut permettre d’arracher des
améliorations réelles au niveau des salaires, des
conditions de travail et de la couverture sociale. C’est
pourquoi, solidaritéS s’était engagé dans la
convocation de la grande manifestation du 20 mai dernier à
Neuchâtel, emmenée par l’Union Syndicale Cantonale,
contre la politique antisociale du gouvernement, à laquelle le
Parti socialiste n’avait pas pris part.

A nouveau, nous descendrons dans la rue le 1er décembre prochain
pour exiger un changement de politique du gouvernement. Nous ne voulons
plus de coupes dans les budgets de la santé, de
l’éducation, de l’aide sociale et de la culture! Le
canton en a largement les moyens, pour autant que l’on revienne
sur les privilèges fiscaux accordés aux plus riches au
cours de ces dernières années. Pour le 1er
décembre, nous souhaitons le rassemblement le plus large afin de
faire entendre, à la veille de la votation du budget, que nous
n’acceptons pas l’accroissement des injustices et des
inégalités dans ce canton. Après de nombreuses
expériences internationales, l’exemple neuchâtelois,
mais aussi celui de Genève, montrent brutalement qu’il
n’y a rien à attendre d’une nouvelle majorité
«de gauche», si les salarié-e-s, les
usagers-ères des services publics et les
bénéficiaires de prestations sociales ne font pas
entendre fortement leur voix sur les lieux de travail et dans la rue.

Henri VUILLIOMENET