La caisse-maladie unique: un enjeu capital

La caisse-maladie unique: un enjeu capital

Le peuple suisse va se prononcer en
mars prochain sur l’initiative «Pour une caisse maladie
unique et sociale». Il s’agit là d’une
échéance majeure de ces quinze dernières
années de la vie politique et sociale de notre pays.


En effet, depuis la chute des
régimes dits communistes en Europe de l’Est, on assiste
dans nos pays à un processus continu de
démantèlement social, au cours duquel la notion
même de services publics disparaît. Ceci va de pair avec
une paupérisation des classes modestes de la population et un
énorme enrichissement d’une minorité.


Toute l’évolution du
système de santé va également dans ce sens. Les
primes pour les assurances de base ne cessent d’augmenter pour
des prestations qui sont constamment attaquées. Cela se fait ici
aussi au détriment du plus grand nombre.

Les milieux du pouvoir et de la finance n’ont aucun argument
philosophique ou social à faire valoir contre la caisse unique.
Leur atout principal, c’est les moyens financiers
considérables dont ils usent pour faire du matraquage
publicitaire. Toute leur argumentation tient dans leurs recettes
libérales qui leur vont si bien pour s’enrichir sur le dos
de la population, à savoir, en l’occurrence, la
concurrence et le libre choix des assurés. Mais justement, le
domaine des soins ne doit pas être un marché, il est un
service auquel tous ont droit. Quant au libre choix de la caisse pour
l’assurance de base, c’est un argument bidon. Les seuls
effets de cette pseudo-concurrence, c’est l’absurde bal des
changements de caisse en fin d’année, lesquels ne se font
qu’en fonction du montant des primes à payer.

Le seul avantage de la situation actuelle, par rapport à ce que
sera la situation une fois la caisse unique acceptée,
c’est qu’on la connaît. La seule ligne de
défense des opposants, c’est, à défaut de
pouvoir faire croire que la situation actuelle est satisfaisante, de
laisser entendre que cela sera pire encore avec la caisse unique.

Je pense quant à moi que nous avons beaucoup à gagner
à adopter la caisse maladie unique, et que seuls auront à
le déplorer ceux parmi les riches qui ne veulent rien partager,
ainsi que les assureurs qui vont devoir cesser de faire danser les
citoyens au rythme de leur baguette.

Voter d’abord sur un principe

Il est clair que le vote se fait sur un principe. Ce n’est
qu’ensuite que s’élaborent les lois et
règlements d’application. Et si l’on
considère les choses avec logique et simplicité:

  • comment, avec la simplification administrative qui consiste, pour
    l’assurance de base, à réduire le nombre de caisses
    de 85 à une, et avec entre autres la diminution du nombre de
    cadres grassement payés, peut-on imaginer que les coûts
    administratifs vont augmenter?
  • Comment, en fixant les primes en fonction de la capacité
    financière des gens, c’est-à-dire en faisant payer
    plus à ceux qui gagnent beaucoup, peut-on imaginer que les
    personnes ayant un revenu raisonnable vont devoir payer plus?

Il y a une philosophie dans toute cette démarche de caisse
unique, bien sûr. C’est celle de restaurer un tissu social,
de rétablir une pratique de réelle solidarité, et
par là même de plus de justice sociale. A ces titres, on
peut dire que la caisse unique est le premier pas substantiel fait
depuis une quinzaine d’années pour inverser le cours des
choses, un immense pas à l’envers de toute cette tendance
de démantèlement social, de privatisations et de
pratiques financières qu’un spécialiste des caisses
de retraite appelait dernièrement à la radio le
«capitalisme carnassier».

Caisse unique, caisse sociale

L’adoption d’une caisse-maladie unique et sociale est
d’une extrême importance parce qu’elle marque le
début d’une ère nouvelle où l’argent
ne sera plus le paramètre principal de toutes choses, en tout
cas en matière de santé.

Financièrement, la caisse unique représentera donc,
dès son acceptation par le peuple, une amélioration pour
les habitants du pays ayant des revenus normaux. Enfin cessera cette
pratique choquante d’une «solidarité»
où les travailleurs et travailleuses paient le même
montant de primes que les milliardaires qui ne cessent de
s’engraisser. La charge des familles, en particulier, sera
allégée, étant donné que les enfants ne
paieront plus de prime.

Concernant les prestations, qui subissent de constantes attaques, la
caisse unique fournit une garantie à long terme que
l’assurance de base sera plus solide et fiable.

La caisse unique va permettre au citoyen d’avoir un droit de
regard sur les processus en cours. Elle va rendre possibles un
débat sur le système des soins et l’accès de
tous à des médecines alternatives. En outre, avec son
système de gestion tripartite, elle permettra d’instaurer
enfin un contrôle sur la gestion et la comptabilité de la
caisse, et ainsi d’assurer une meilleure maîtrise des
coûts.

Actuellement règne un grand désordre dans tout le domaine
de la gestion de la santé. Nous sommes dans un régime de
26 systèmes cantonaux différents où
s’affrontent 85 caisses-maladie, avec 85 comptabilités
dont la transparence est très relative! La caisse unique
permettra d’importantes économies de frais administratifs.
Ce qui se passe avec les assurances-accidents est édifiant. Les
frais administratifs de la SUVA (Caisse nationale suisse
d’assurance en cas d’accidents, anciennement CNA) sont
près de la moitié moins élevés que ceux des
assureurs-accidents privés.

Tels sont dans les grandes lignes les arguments qui font qu’il
paraît difficile à quelqu’un de bon sens de ne pas
adhérer sans réserve au principe d’une
caisse-maladie unique. Comme le disait une militante
éclairée en une formule qui en résume bien
l’enjeu: «Je
préfère une caisse-maladie unique et sociale à des
caisses qui spéculent sur ma santé et en tirent des
bénéfices».

Nous voterons donc OUI pour une caisse unique le 11 mars 2007! 

Bernard WALTER*


* Rédacteur
responsable du Monde du travail, journal du MPF (Mouvement populaire
des familles). Intertitres de la rédaction.