HOMMAGE À VITALIANO MENGHINI (1936 - 2016)
Un des fondateurs de solidaritéS-NE, notre camarade Vitaliano Menghini, est décédé le 10 juin 2016, dans sa quatre-vingtième année, suite à une courte maladie. Une cérémonie en son honneur a réuni lundi 13 juin plus de 100 personnes dans la salle du syndicat Unia, à Neuchâtel.
Né le 7 octobre 1936, à Recanati (région des Marches, Italie), Vitaliano émigra d’abord en France (1957). Il vécut quelques années à Paris avant de gagner la Suisse. «C’est à Genève, en 1964, qu’il découvrit les conditions éreintantes et humiliantes imposées aux travailleurs saisonniers italiens et espagnols. […] Jamais il ne put oublier les quatre mois pendant lesquels il travailla dans une entreprise de maçonnerie et logea dans des baraquements de bois loués, souvent bien trop chers, à des saisonniers qui vivaient là neuf mois par année […] dans la solitude la plus absolue, une promiscuité dégradante, des conditions de logement les plus précaires, la chaleur étouffante de l’été et le froid humide de fin d’automne. » (Raymond Durous)
Installé à Neuchâtel, en 1965, Vita trouva du travail à l’usine de métaux précieux Metalor, où quelques années plus tard il deviendra président de la Commission des employés et militant syndical. Actif au sein de l’Université populaire durant 10 ans, animateur d’une émission de deux heures sur la radio neuchâteloise RTN, il collabora aussi à plusieurs journaux de l’émigration. Pilier de la Fédération des Colonies libres italiennes (CLI), où il occupera sur le plan national la place de président, puis de président d’honneur, il restera membre du Parti communiste italien (PCI) jusqu’à son autodissolution. Vita s’affiliera alors à Rifondazione Communista. Ses combats pour l’abolition du statut des saisonniers et pour les droits politiques des immigré·e·s, ainsi que ses activités syndicales et politiques, lui valurent bien sûr d’être fiché par les argousins de la police fédérale (BUPO).
Plusieurs d’entre nous avons connu Vita dès 1972, lors de notre campagne contre l’initiative xénophobe de l’Action nationale (initiative refusée en 1974). Au cours des années (malgré les différences entre les cultures politiques du PCI et de la LMR/PSO), le militantisme commun dans le soutien aux luttes ouvrières (notamment lors des grèves et occupations de Bulova et de Dubied en janvier et août 1976) ont forgé des liens d’estime mutuelle. Ce fut l’un des facteurs qui nous permit, lors des élections communales de 1988, de créer ensemble la liste solidaritéS-NE (devenue ensuite un mouvement politique permanent).
Un combattant pour l’égalité et la justice sociale nous a quittés. Son engagement tenace et résolu pour les droits des immigrés n’est pas resté sans effet: le canton de Neuchâtel reste pionnier dans les droits politiques octroyés aux permis C. A ses enfants, à ses quatre petites-filles, à sa compagne, nous exprimons notre soutien en ces jours de deuil. Cher Vita, nous gardons en mémoire la lutte partagée avec toi pour un monde plus juste, et nous la continuons.
solidaritéS Neuchâtel, 2016
Sources biographiques
Vitaliano Menghini a témoigné sur sa vie et ses activités militantes dans les ouvrages suivants:
- Pierre von Allmen… [et al.], Le pays de Neuchâtel par ses résidents étrangers. Neuchâtel, Bureau du délégué aux étrangers, Département de l’économie publique, 1994, p. 97–100
- Jean Steinauer & Malik Von Allmen, Changer la baraque: les immigrés dans les syndicats suisses, 1945–2000. Lausanne, Editions d’En Bas, 2000, p. 91
- Raymond Durous, Des Ritals en Suisse romande, T. 2, Vevey, Editions de l’Aire, 2012, p. 209–215