NON à la privatisation des services d’identification électronique

La digitalisation électronique d’un nombre croissant de services a donné naissance à une nouvelle industrie pour les sécuriser par des méthodes complexes de cryptographie. Un marché spécialisé en forte progression qu’un groupe de grandes compagnies veut contrôler.

Qui est Swiss Sign
La société Swiss Sign a été créé en 2001 sous forme de société anonyme.
Sa reprise par La Poste à 100% en 2006 peut sembler judicieuse pour lui fournir ses premiers certificats électroniques. Forte de cette reconnaissance, la société (et donc la direction de La Poste) élargit la liste des client·e·s. En 2009, 2 millions de certificats sont produits pour l’assureur Helsana.
En 2010, elle est reconnue par l’administration fédérale, puis par l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA) trois ans après.

S’ouvre ainsi le très lucratif marché des certificats électroniques, dont l’utilisation ne cesse de croître à mesure que le nombre de transactions digitales augmentent. Aux transactions classiques de paiement viennent s’ajouter de multiples applications s’appuyant sur des certificats électroniques, comme par exemple la consultation des sites web avec le protocole HTTPS.

SwissSign, s’engage dans une nouvelle direction.
Devenue le 8 mai 2017 une coentreprise de la Poste et des CFF, lesquelles participent à hauteur de 50% chacune. Son nouveau CEO, Markus Naef, va faire entrer l’entreprise dans une nouvelle ère.

La même année La Poste, les CFF, Swisscom, Credit Suisse, Raiffeisen, UBS, Zürcher Kantonalbank, le prestataire financier SIX (propriétaire de la bourse suisse, 3ème place boursière européenne) et la Mobilière Suisse ont signé un protocole d’accord en vue de me ttre en oeuvre une identité numérique au service de la population suisse, et surtout de l’économie.
Une année plus tard est constituée l’entreprise SwissSign Group SA en vue de créer et de mettre en oeuvre une identité numérique en Suisse. Ses fondateur·ice· s ne sont pas exactement des PME : les CFF, Poste Suisse, Swisscom, Banque Cantonale de Genève, Credit Suisse, Entris Banking, Luzerner Kantonalbank, Raiffeisen, Six Group, UBS, Zürcher Kantonalbank, Axa, Baloise, CSS, Helvetia, Mobilière, SWICA, Swiss Lif e, Vaudoise et Zurich.
La liste est éloquente, le secteur privé financier est prédominant. L’enjeu est important pour occuper durablement ce nouveau marché. L ’exemple des géants du NET (GAFA) montre qu’une fois la situation de monopole est établie, la régulation est quasi impossible.

Choisir publiquement les progrès et les priorités
L’évolution vers une sobriété technologique de notre société doit pouvoir se réaliser librement, hors du champ des relations marchandes. L’utilité du remplacement des documents actuels ne relève pas seulement du «progrès» ou de l’apparente commodité des nouveaux outils. Ces technologies de substitution demandent la construction et le déploiement d’infrastructures considérables, ce qui n’est pas toujours visible pour les utilisateurs des applications digitales. Pour pouvoir utiliser de nouvelles identités digitales, il est indispensable de fabriquer et d’installer de nouveaux lecteurs, de les alimenter en énergie, de les relier à de nouveaux réseaux sécur isés et des centres de données. Ses partisan·ne·s invoquent l’amélioration de la sécurité pour justifier ces projets.

Intervention José Sanchez, pour SolidaritéS Neuchâtel, Conférence de presse, interpartis « NON à l’E-ID » 16.02.2021