Eurovision
Cassons le code avec nemo
À priori, l’édition 2024 de l’Eurovision (créé en 1956) n’avait rien de passionnant pour les mélomanes et les militant·exs. La victoire de Nemo va-t-elle permettre de faire progresser la cause non-binaire ?
En pleine guerre contre la population palestinienne à Gaza, une controverse portait sur la participation de l’État d’Israël, qui ne se situe géographiquement pourtant pas en Europe. À Malmö, ville suédoise où résident de nombreuses personnes venues du Moyen-Orient, les drapeaux palestiniens ornaient les fenêtres.
La Suisse avait remporté ce concours, en 1988, avec la chanteuse québécoise Céline Dion. Mais cette année la surprise fut le triomphe de l’artiste biennois Nemo avec sa chanson The Code.
Nemo se définit comme une personne non binaire, catégorie non reconnue à ce jour par l’état-civil. Interpellé en 2022, le Conseil fédéral avait alors botté en touche: «Les conditions sociales ne sont pas réunies», affirmait-il (comme toujours, pour écarter le débat sur les questions sociétales).
Mais la victoire de Nemo a aussi suscité des réactions hostiles, selon une statistique de Pink Cross sur l’augmentation des crimes de haine anti-LGBTQI+. Se référant expressément à un tweet de la porte-parole du tsar Vladimir Poutine, le conseiller national Jean-Luc Addor (SVP-UDC) a réagi négativement à la victoire de Nemo, la qualifiant d’«opération idéologique».
Toutefois, en sens inverse, une pétition, intitulée «Break the Code», demandant un changement d’orientation sur ce dossier, a déjà recueilli les signatures de nombreuses personnalités des mondes politique et artistique. À signer sur WeCollect.
Hans-Peter Renk