Austérité budgétaire - jusqu'où ira-t-on?

jusqu’où ira-t-on?

Le Conseil d’Etat se fait solennel pour annoncer devant le Grand Conseil un programme d’économies qui prévoit une réduction budgétaire de 100 millions (soit – 5% du budget total).

Travailler plus pour gagner moins

Il propose une économie de 40 millions sur des prestations qui touchent toute la population et qui, au contraire, mériteraient d’être étendues (formation, santé, prestations sociales, institutions spécialisées, transports, …). La réforme de la fiscalité promise de longue date, globalement en faveur des couches les plus aisées mais qui contenait aussi des mesures en faveur des familles, est elle remise à la saint glin-glin. La fonction publique verra de son côté sa masse salariale diminuer de 10 millions, ce qui correspond à la suppression d’une soixantaine de postes de travail. Le temps de travail des employé·e·s de la fonction publique passera de 40 h à 41 h, ce qui, pour tous ceux – et surtout celles – qui occupent un poste à temps partiel, impliquera une baisse directe de leurs salaires.

Comment réagissent à ce programme ceux qui ont soutenu depuis plus de 10 ans les cadeaux fiscaux aux fortuné·e·s et aux entreprises? Le PLR: «Enfin», l’UDC: «Il faut passer aux actes», le PS: «Nous espérons que ce ne soit pas des coupes linéaires». Ils se frottent les mains comme si c’était fait. Quant au Conseil d’Etat, il pense déjà à sa réélection au printemps 2017.

Un bilan politique calamiteux

Le président du Conseil d’Etat, J.-N. Karakash (PS), a annoncé devant le Grand Conseil la volonté du Conseil d’Etat in corpore d’être candidat à sa succession pour la prochaine législature. Voilà qui peut être compris comme suit: «nous ferons une liste commune» ou «nous voulons que sur les listes PS et PLR, il n’y ait que nos noms». Pourtant, le bilan politique de ce Conseil d’Etat devrait leur faire honte. La baisse drastique de l’imposition des entreprises – mesure phare des Conseils d’Etat successifs – qui, prétendaient-ils hier encore, amènerait des emplois et des millions de recettes supplémentaires dans les caisses du canton et des communes a produit le contraire de ce qui était annoncé. La baisse des rentrées fiscales des entreprises est la cause principale du déséquilibre budgétaire et, côté emplois, le Conseil d’Etat annonce des baisses sur les emplois dont il a la responsabilité directe. Les employé·e·s de la fonction publique sont ulcérés et le corps enseignant est outré par la manière dont ses représentant·e·s sont traités. La confiance est rompue. Et cerise sur le gâteau, le domaine de la santé n’est pas maitrisé et HNE continue d’être au centre des polémiques et des incertitudes sur son fonctionnement et son avenir.

Face à un tel bilan, on pourrait s’attendre à plus d’humilité de la part des autorités et à une certaine remise en question. Plutôt qu’une réélection in corpore, c’est une démission in corpore qu’ils devraient proposer, car une chose est sûre: c’est toute la stratégie politique du canton qui est à revoir, et pour se faire, il ne faut pas laisser les mêmes poursuivre leur œuvre destructive de la cohésion sociale du canton. La population du canton de Neuchâtel mérite mieux.

Un mouvement social d’envergure est nécessaire

La balle est maintenant clairement dans le camp syndical. Les enseignant·e·s ont annoncé des premières mesures (grève administrative). C’est bien, mais il faudra plus que cela pour faire reculer les autorités politiques et les partis qui les soutiennent.

La bourgeoisie neuchâteloise pourra-t-elle déclarer comme le multimilliardaire américain Warren Buffet «La lutte des classes existe et nous sommes en train de la gagner»? Tout dépendra de la capacité des forces de résistance à expliquer les enjeux et à mobiliser l’ensemble des secteurs concernés et, plus largement, la population du Haut comme du Bas. Pour ce qui est de solidaritéS, nous sommes prêts, mais ce n’est qu’avec toutes les forces syndicales et populaires réunies que nous avons une chance d’arrêter la tornade annoncée.

Henri Vuilliomenet