Les étudiants de l'Uni se mobilisent contre la hausse des taxes
Le rectorat de l’Université de Fribourg a annoncé une forte hausse des taxes universitaires alors que l’Université fribourgeoise est déjà la plus chère de Suisse romande. Le Conseil d’Etat vient d’entériner cette hausse. Encore une fois, il fait passer la population à la caisse alors qu’il soutient une baisse drastique de l’imposition des bénéfices des entreprises. solidaritéS soutient les mobilisations et les revendications étudiantes. La formation est un droit et son accessibilité doit être garantie à tous et toutes.
9 novembre: une manif avec beaucoup de punch
Le 7 novembre, deux jours avant la manifestation organisée par l’AGEF (Association générale des étudiant·e·s de l’Université de Fribourg) et soutenue par le collectif Stop la hausse Fribourg (collectif indépendant qui vise à porter directement la voix de tou·te·s les étudiant·e·s de l’Université de Fribourg opposés à une quelconque hausse des taxes universitaires), le Conseil d’Etat s’est empressé d’accepter par voie d’ordonnance la proposition du rectorat de l’Université d’augmenter la taxe d’inscription semestrielle de 180 francs. La taxe passera de 655 à 835 francs pour les étudiant·e·s domiciliés en Suisse.
Une décision prise en vase clos
Mardi 10 octobre, lors de sa séance avec le rectorat, l’AGEF est informée d’une prochaine augmentation des taxes. Pour justifier cette hausse, la rectrice, Madame Epiney, invoque le «développement futur» de l’université (notamment un nouveau master en médecine). Mais aucun chiffre n’est avancé. Etudiant·e·s, corps intermédiaires et professeur·e·s n’ont pas été consultés. Or, une université démocratique doit, avant de prendre une telle décision, mener une vraie consultation, avec une transparence sur les chiffres et un débat sur le financement.
Vers une université toujours plus inégale et sélective
Cette hausse fait monter l’Université de Fribourg sur le podium des universités les plus chères de Suisse après Bâle. Or, les étudiant·e·s paient déjà trop: à la taxe universitaire s’ajoutent les frais d’inscription pour chaque examen, entre 10 et 30 francs, contrairement à d’autres universités où ces frais sont couverts par la taxe. Le système d’éducation supérieure suisse est déjà parmi les plus sélectifs des pays de l’OCDE. La hausse ne fera qu’allonger la durée des études des étudiant·e·s (à Fribourg le taux d’étudiant·e·s ayant un emploi dépasse 75 %) et renforcer la sélection au détriment des étudiant•e•s issus de milieux modestes.
Cette augmentation est une conséquence directe de la politique d’austérité menée par le Conseil d’Etat. Entre 2014 et 2016 l’Etat a réduit son financement de 7,7 millions de francs (chiffres du Syndicat des services publics). Alors que son gouvernement soutient une baisse massive de l’imposition des bénéfices des entreprises, cette hausse est totalement injustifiée. Ce n’est pas aux étudiant·e·s de payer pour la politique d’austérité du gouvernement.
Une mobilisation qui prend de l’ampleur
Depuis l’annonce de la hausse des taxes, 5 500 étudiant·e·s ont signé la pétition lancée par l’AGEF le 16 octobre. Le 9 novembre, près d’un millier d’étudiant•e•s sont descendus dans la rue pour exiger le retrait pur et simple de la hausse des taxes. Le soir, une centaine d’étudiant·e·s réunis en assemblée générale à l’appel de Stop la hausse ont décidé de poursuivre le mouvement jusqu’à ce que le Conseil d’Etat et le rectorat reviennent en arrière. Des représentant·e·s d’autres université de Suisse (VD, GE, ZH) étaient là pour apporter leur soutien et partager leurs expériences de lutte contre les hausses de taxes (à Genève, le projet d’augmenter les taxes de 50 francs par semestre a été abandonné suite à la mobilisation des étudiant·e·s).
Le Conseil d’Etat ne peut ignorer les revendications des étudiant·e·s du canton. Il doit retirer son ordonnance. Les étudiant·e·s l’ont compris: pour faire reculer le Conseil d’Etat, la mobilisation doit se poursuivre!
Wyna Giller
Le 9 novembre, une assemblée estudiantine s’est tenue dans le Centre Fries à la suite de la manifestation dans les rues de Fribourg. Bien que longue et partiellement chaotique, cette réunion a permis de montrer le désir de lutte qui habitait ces jeunes citoyen·ne·s ainsi que de définir la prochaine action menée lors du Dies academicus du 15 novembre.
Les étudiant·e·s et leurs soutiens se sont organisés pour marquer cette cérémonie en bloquant au début les invité·e·s, en leur faisant tirer une carte qui définissait leur classe sociale (et malheur à celles et ceux qui étaient des classes populaires!) ou encore en accompagnant bâillonné Jean-Thomas Vacher, président de l’AGEF, lors de son discours. En versant enfin devant les pieds du Conseiller d’Etat Siggen un bocal rempli de pièces de 5 centimes d’une valeur de 180 francs, montrant le poids de la taxe que les étudiant·e·s devront payer. Cette démonstration s’est achevée avec les militant·e·s formant une haie de déshonneur vers la sortie.
A l’heure de l’écriture de cet encadré, une délégation du collectif Stop la hausse doit rencontrer le rectorat. En attendant le retour de cette réunion, une assemblée a été organisée le 21 novembre pour faire un bilan du Dies academicus et préparer la suite de la résistance.
Maxence Kolly