Contre l'islamophobie, le racisme et le fascisme
Mardi 12 mars, une élue du peuple a été interdite de siéger au Conseil municipal de Meyrin (Genève) en application de la nouvelle loi genevoise sur la «laïcité». C’est une violation des droits fondamentaux que nous nous refusons à banaliser. La dernière fois qu’à Genève des élu·e·s ont été interdits de siéger au motif de leurs idées, c’était en 1940: 4 élus du parti communiste, siégeant au Grand Conseil parmi les 28 députés de la Fédération socialiste suisse de Léon Nicole, où ils avaient trouvé asile, ont été exclus du parlement sur la base d’un arrêté du Conseil fédéral interdisant les mouvements «à caractère communiste».
Genève avait d’ailleurs joué un rôle précurseur, la droite genevoise y ayant fait accepter l’interdiction du parti communiste dès 1937 en votation populaire. Au sein du camp du oui: des sympathisant·e·s du fascisme et des racistes. Parmi eux, certains avaient, en 1932, organisé un meeting pour mettre en accusation le «communiste» Léon Nicole et son conseiller, le «juif» Jacques Dicker. Dans ce camp également, ceux qui avaient commandité l’armée pour protéger cette mascarade, les responsables de la mort par balles de 13 de nos concitoyens lors du massacre du 9 novembre 1932.
Pour Meyrin, d’aucun·e·s prétendent que l’élue musulmane n’a pas été interdite de siéger,
il lui suffisait «juste» d’enlever son voile pour pouvoir le faire. Comme il aurait «juste» suffi au député Jean Vincent de proclamer son reniement du marxisme pour pouvoir rester au Grand Conseil? Comme il aurait «juste» suffi que les victimes de 1932 restent à l’écart de la manifestation antifasciste pour ne pas être abattues?
Face à ces Tartuffes, face à ces milieux qui luttaient contre le «judéo-bolchévisme» dans les années 1930 et dont les émules combattent le soi-disant «islamo-gauchisme» aujourd’hui, il faut être intransigeants. Intransigeants dans la défense des droits démocratiques et des libertés publiques, politiques, syndicales. Intransigeant·e·s dans le refus du racisme qui sert à diviser les travailleurs·euses au service du capitalisme et en particulier dans le refus de cette islamophobie répandue notamment par les milieux d’extrême-droite, dont l’initiative anti-burqa, après l’initiative anti-minarets, est un avatar.
En effet, cette islamophobie est largement relayée aujourd’hui: on trouve jusque dans les blogs de la Tribune de Genève, parmi les partisan·ne·s de la récente Lex Maudet sur la «laïcité», des apologues de la théorie du prétendu «Grand remplacement» des populations blanches et chrétiennes, qui a inspiré le manifeste du même nom et l’action du tueur de Christchurch.
Ce suprémaciste blanc, fasciste et admirateur de Trump, a froidement tiré à l’arme automatique sur 50 femmes, hommes et enfants. Cet acte de froide barbarie appelle la réprobation et la solidarité immédiates les plus totales, mais il appelle aussi, et surtout, au combat quotidien, ici et maintenant comme demain et après-demain, contre les racines du mal et le terreau dans lequel il prospère.
Il faut dire non aux politiques racistes, islamophobes, anti-migrant·e·s, anti-réfugié·e·s, capitalistes, écocides, impérialistes et guerrières. Il faut défendre la solidarité sociale, l’égalité citoyenne, la démocratie la plus radicale, les droits des peuples, l’environnement et la paix.
Pierre Vanek