Dérapage policier

Dans la nuit du 4 au 5 décembre 2019, plusieurs patrouilles de police ont pris en chasse quatre jeunes fribourgeois. Elles ont procédé à une arrestation musclée au motif que ces jeunes auraient tagué quelques façades.

Dérapage policier, Fribourg
L’une des peintures au pochoir reprochée aux jeunes arrêtés

Le déroulement des faits est particulièrement choquant. Il fait ressortir un engagement policier sans aucune mesure avec les actes reprochés. Plusieurs voitures de police ont été mobilisées pour cette chasse aux jeunes. Certains agents étaient également accompagnés de chiens. Les jeunes, dont certains sont mineurs, ont été amenés au poste de police où ils ont dû passer la nuit. Ils n’en sont ressortis que dans la matinée, menottés, pour être transférés au ministère public. L’interrogatoire qui a suivi s’est également déroulé sur le mode de l’intimidation et de la brimade. 

Relâché vers midi seulement, l’un des jeunes n’a pu suivre ses cours du matin. Mal intentionnée, la police a également choisi de retourner sa carte d’identité à son école au lieu de la lui rendre directement.

Plusieurs organisations (notamment solidaritéS et le collectif Poya solidaire) ont publiquement critiqué ces dérives policières. « Pour les forces de l’ordre, il s’agissait visiblement de faire peur et d’intimider les personnes concernées et, sans doute, l’ensemble des personnes qui se mobilisent dans le cadre des mouvements importants ayant eu lieu à Fribourg ces derniers mois », souligne le communiqué de solidaritéS. Contactée par un journaliste, la police cantonale répond avec une solide langue de bois : « C’est la première fois que nous entendons ces reproches. Nous en prenons connaissance et nous aviserons ».

Le développement de ces pratiques policières basées sur l’intimidation et l’arbitraire est tout sauf insignifiant. Il marque un durcissement de la répression dans un contexte de mobilisation de la jeunesse. Les procédures pénales ouvertes contre une bonne partie des personnes qui ont manifesté devant Fribourg Centre lors du Black Friday en sont un exemple. C’est une véritable réponse politique que nous devons construire en lien avec les différents réseaux militants. solidaritéS prendra sa place dans la lutte contre ces méthodes inadmissibles.

Pierre-André Charrière