Rennaz dans la tourmente

Dans le feu de la crise sanitaire, la direction du flambant neuf Hôpital Riviera-Chablais (HRC) a révélé une situation financière catastrophique. En cause, une gestion libérale de l’établissement. Point de situation avec Beatriz Rosende, responsable du secteur de la santé au Syndicat des services publics Vaud. 

Hôpital Riviera-Chablais, 30 août 2019
Photo de «famille» avant l’ouverture, 30 août 2019

Comment expliquer de tels déficits, un an après l’ouverture de l’hôpital ? Que les dépenses soient plus importantes que les rentrées ne signifie pas que l’hôpital dysfonctionne au sens où les soins seraient défaillants. D’ailleurs, si on se réfère à la crise sanitaire du Covid, tous les hôpitaux publics ont été mis en déficit forcé pour se concentrer sur les malades. Et c’est exactement ce qu’un service public doit faire. 

S’agissant de l’HRC, l’année 2019 était celle du déménagement : difficile d’être rentable avec le mode de financement actuel dans un tel contexte. En effet, l’hôpital public est financé selon un système complexe de forfaits. Certaines activités rapportent plus que d’autres, certains malades sont plus rentables que d’autres. C’est un système totalement inadapté aux besoins de la population et qui transforme peu à peu l’hôpital en entreprise.

Ce que nous dénonçons, comme syndicat à l’HRC, c’est la gestion du personnel et le mode d’organisation du travail. Un système autoritaire dans lequel les réorganisations sont dictées du haut vers le bas.

Comment juges-tu les premières réponses apportées tant par la direction que par le Conseil d’État ? La solution à cette crise décidée par la direction est un plan d’économies. C’est clairement une fausse réponse. En lieu et place des économies, il faudrait réfléchir à rétablir un capital « confiance ». Ces dernières années, nous entendons la direction s’acharner sur le personnel au prétexte que, pour des questions de confort personnel, les salarié·e·s seraient récalcitrant·e·s à toute innovation. C’est bien entendu faux : il n’y a pas plus innovant qu’un·e soignant·e qui doit systématiquement s’adapter à des patient·e·s différent·e·s ! Mais à force de réorganisations mal enclenchées, impopulaires, l’équipe de direction est devenue illégitime. Elle devrait en prendre acte. 

Les représentantes des deux Conseils d’État n’ont pas encore pris position sur la gouvernance. Cette question et celle de la gestion financière font l’objet d’un audit. Nous constatons déjà que l’autonomie accordée à un hôpital public ne garantit pas forcément la rentabilité prônée par les partisans du libéralisme.

Propos recueillis par Pierre Conscience