Grève de la Zeba à Bâle, Une victoire ouvrière
Grève de la Zeba à Bâle
Une victoire ouvrière
Le Sonntagsblick de dimanche passé titrait «Super-riches et salaires de famine», illustrant l´article en question par les photos juxtaposées de lintervention musclée de la police bâloise contre les grévistes de la Zeba dun côté (v. article page 15) et dun jeune banquier de 34 ans, qui sest réveillé récemment à la tête dun quart de milliard de francs, suite à lentrée en bourse de la banque quil dirige, mais pour qui, selon ce journal, «largent et la fortune ne sont pas un enjeu».
Contre ceux qui luttent pour conserver un minimum vital et défendre leurs droits et leur dignité, on envoie la police, au nom dune «liberté du travail» qui est surtout la liberté pour les patrons dexploiter sans frein les travailleurs/euses à lorigine de toutes les richesses sociales.A légard des gains illégitimes des spéculateurs et des capitalistes, par contre, lEtat se montre autrement compréhensif. Ainsi lundi – au moment où les grévistes de la Zeba fêtaient légitimement leur victoire, celle d´ avoir repoussé de nou-velles baisses de salaires de 16% quon cherchait à leur imposer au nom des «lois» du marché (700 Fr. de réduction prévues sur 4000 Fr. brut par mois !) – du côté des nantis on pouvait fêter le dernier cadeau fiscal voté par le Conseil national, soit un demi-milliard dexonération de droit de timbre sur les transactions boursières. Mesure votée dans le cadre dune procédure durgence pour empêcher le référendum.
Mais ces 500 millions nest-ce-pas une broutille ? En effet, à laune de lexplosion des fortunes en Suisse, notamment de celle des plus 100 milliardaires recensés par Bilanz dans notre pays et dont fait état la Sonntagsblick, cest bien peu de choses. La fortune des 300 plus riches de Suisse a augmenté de 46 milliards en une année. A côté de cela, les conflits autour des salaires minimums, comme à la Zeba se multiplient, les salaires honteux de la Migros sont aussi lobjet de protestations, le personnel soignant dAppenzel a arrêté le travail en défense de ses revendications, lit-on encore dans lhebdomadaire en question…
Bref, la lutte des classes est à lordre du jour. Une lutte où on peut gagner des batailles, comme celles et ceux de la Zeba, où lon peut gagner bien autre chose quun peu dargent en plus – aussi nécessaire soit-il. On peut y gagner la conscience de la force collective des opprimé-e-s et des exploité-e-s, on peut y gagner un sentiment de solidarité, on peut y gagner en organisation pour les batailles suivantes …et on peut y gagner le bien le plus précieux lespoir ! Cet espoir de changer le monde qui donne un sens à la vie…
Encore faut-il savoir si on sengage dans la lutte à reculons, la considérant comme participant dune «tentative de rééquilibrage des dégâts collatéraux du néolibéralisme» – formule du vice président du PSS Hans-Jürg Fehr dans Le Temps lautre jour, qui se plaignait que lUDC ne partage pas cette «ambition» social-démocrate, ou si – au-delà des replâtrages – on est prêts à oser penser une rupture avec le capitalisme. Cest résolument le deuxième terme que choisit notre mouvement et qui sera à lordre du jour de notre conférence cantonale dont nous avons décidé la tenue à Genève ce printemps.