Les habits neufs de l’impérialisme

Les habits neufs de l’impérialisme


A l’heure où les bombes US ont cessé
(provisoirement ?) de tomber sur
l’Afghanistan dévasté, une nouvelle
administration y est mise en place,
sous la tutelle de l’alliance occidentale.
Pourtant, la guerre d’Asie Centrale
n’est pas terminée. Tout comme
celles des Balkans, de Tchétchénie
ou d’Irak, elle couve sous les
cendres, prête à s’enflammer à nouveau
au premier coup de vent. En
effet, la terreur globalisée est plus
indispensable que jamais à la survie
d’un ordre économique, social et
politique toujours plus injuste.


Depuis la fin de la guerre du Vietnam,
l’impérialisme yankee avait
apparemment revêtu une toison
d’agneau, se faisant le champion
autoproclamé des causes démocratiques
et humanitaires. De son côté,
l’Union Européenne faisait figure de
colosse économique pacifique. Les
budgets de la défense reculaient
apparemment partout.
Le capitalisme mondialisé allait-il désormais se contenter
de jouer au Monopoly, laissant
la main invisible du marché
distribuer les cartes?
En réalité, il n’en était rien,
comme le montre un simple
coup d’œil sur le calendrier
des interventions militaires
états-uniennes depuis la fin
de la Guerre du Vietnam, et
ce n’était qu’un début (p. 2).


Aujourd’hui, la guerre d’Afghanistan
marque une nouvelle accélération
de l’offensive impérialiste dans un
contexte de réarmement massif des
Etats-Unis, tandis que l’Europe, elle
aussi, échafaude des projets militaires
à la hauteur de ses ambitions
mondiales. Comme l’analyse clairement
la résolution de la Conférence
de la gauche anticapitaliste européenne
du 13 décembre, à Bruxelles
(cf. pp. 4-5), ce conflit vise notamment
à désarmer l’opinion publique
occidentale, très réceptive aux critiques
de la mondialisation néolibérale,
en légitimant une Sainte Alliance
impérialiste contre le terrorisme. Il
justifie également une série de graves
mesures liberticides aux Etats-Unis et en Europe. Enfin, il tente
d’isoler la résistance héroïque du
peuple palestinien face au diktat colonial
sanguinaire de l’Etat sioniste.


Afin de faire la lumière sur ces développements
et de lancer un débat
nécessaire sur nos tâches politiques,
nous publions ce numéro spécial.
On y trouvera une série de contributions
sur les enjeux du bellicisme
occidental d’aujourd’hui, sur
les objectifs du mouvement contre
la guerre et l’impérialisme et ses
liens avec les mobilisations contre
la mondialisation néolibérale, sur la
violence que subit le monde araboislamique
et le rôle clé de la résistance
palestinienne. Enfin, afin de
relancer la réflexion sur la nature
de l’impérialisme et du militarisme
américains, nous reproduisons un
article écrit par Harry Magdoff, il y a
31 ans, qui n’a guère pris de rides.


Pourquoi «les habits neufs de l’impérialisme»? Parce que, dans un
monde où l’anti-communisme et la
contre-révolution ne font plus recette,
c’est l’anti-terrorisme qui justifie
désormais la politique du «gros
bâton» pour soumettre les peuples
de la périphérie, comme pour faire
front aux mouvements sociaux dans
les pays du centre. C’est pourquoi,
nous refusons les tentatives en
cours, qui visent à criminaliser certains
secteurs du mouvement social,
au mépris des libertés démocratiques
constitutionnelles, comme
nous refusons le droit des Etats-Unis, de l’Union Européenne ou du
Japon de faire la police dans le
monde comme bon leur semble, en
dépit des règles les plus élémentaires
du droit international.


Jean Batou