Conférence de la Gauche Anticapitaliste Européenne

Conférence de la Gauche Anticapitaliste Européenne


La 3ème Conférence de la Gauche
Anticapitaliste Européenne vient de
se tenir à Bruxelles, les 12 et 13 décembre
2001.


Furent présents: L’Alliance Rouge
Verte (RGA, Danemark), Le Parti
Socialiste Ecossais (SSP), Les
Alliances Socialistes (SA, Angletere),
le SWP et le SP (Grande-Bretagne),
le Parti Socialiste (SP, Pays-bas), La
Gauche (Luxembourg), la Ligue
Communiste Révolutionnaire (LCR,
France), le Bloc de Gauche
(Portugal), Espacio Alternativo
(Espagne), le PRC (Rifondazione
Comunista), SolidaritéS (Suisse/
Genève), l’ÖDP (le Parti de la
Solidarité et la Révolution),
Plataforma de Izquierda (Esp,
observateur).


La Conférence avait à son ordre du
jour: la situation politique internationale,
le mouvement contre la guerre
et la globalisation capitaliste, les menaces
contre les droits démocratiques
dans l’UE, la solidarité avec les peuples
pakistanais et afghan, une déclaration
politique (voir ci-dessous), la
préparation du second Forum Social
Mondial à Porto Alegre (janvier 2002).
L’assemblée a décidé de tenir sa 4e
Conférence à Madrid à l’occasion de
la présidence espagnole de l’UE.


Déclaration


1. Pour la troisième fois en dix ans,
l’impérialisme est parti en guerre.
Après la guerre (du pétrole) contre
l’Iraq qui se perpétue et l’intervention
«humanitaire» dans les Balkans, les
Etats-Unis bombardent Afghanistan,
un des pays les plus pauvres du monde,
afin d’«éradiquer le terrorisme
dans le monde».


Auto-défense, humanitarisme, civilisation
occidentale, modèle démocratique
ou croisade sont ses alibis. Ils ne
réussissent pas à cacher les objectifs
fondamentaux: imposer une autorité
stable, soumise à l’impérialisme, sur
une région qui regorge de matières
premières, de richesses, d’opportunités
marchandes et d’investissements.
Tout semble donc permis pour assassiner
des individus, terroriser la population,
soumettre ou éliminer les gouvernements
et mouvements indésirables.
Nous condamnons sans
ambiguïté l’attaque du 11 septembre,
comme un acte de terrorisme massif
contre la population civile. Le projet
des organisations islamiques réactionnaires
comme Al-Qaida est d’instaurer
une société théocratique, totalitaire
et rétrograde Elles combattent, par le
terrorisme, la mainmise des grands
groupes étrangers sur les immenses richesses
de la région. Mais ils ne luttent
pas pour la libération et le bonheur
de leur peuples. Cette condamnation
doit être accompagnée d’une dénonciation
des campagnes racistes et
anti-islamiques.


Cette nouvelle guerre impérialiste
est le résultat direct de l’avènement
d’un capitalisme global avec la multiplication
de ses contradictions qui se
libèrent et explosent.


Cette guerre brutale ne mènera pas à
la paix dans la région. Au contraire, de
l’Afghanistan livrée aux chefs de bande
à la Palestine où le terrorisme de
l’Etat israélien se donne libre cours,
cette guerre ne peut mener qu’à
d’autres guerres. C’est au peuple
afghan de décider de sa destinée.


2. L’Union Européenne, qui est elle-même
un des moteurs de la globalisation,
est pleinement complice des
Etats-Unis. Après quelques réticences
initiales, elle s’y est pleinement engagée
avec ses propres objectifs de puissance
impérialiste secondaire: s’afficher
à côté des Etats-Unis, la seule superpuissance
et donc en charge du
nouvel ordre mondial; tenir son rang
au sein de la triade (USA, Japon, UE);
élargir sa zone d’influence au service
de ses entreprises multinationales en
conquérant de nouveaux espaces pour
commercer et investir; participer à la
distribution du butin de guerre.


Dans cette bataille, l’UE essaye de
se donner un profil plus «humanitaire
» et «pacifique» et développer
des positions politiques diplomatiques
autonomes. Elle joue sur l’impopularité
des Etats-Unis et son aventurisme
guerrier (extension de la guerre vers
l’Iraq, la Somalie, la Syrie, le Liban,
voire la Palestine…, et de l’autre côté
de l’Océan, en Colombie), mais aussi
la peur de l’immigration «sauvage»
venant de l’Est et un sentiment d’insécurité
générale pour trouver une base
populaire à l’«euro-militarisme».
Sans celle-ci, elle ne réussira pas à imposer
les «sacrifices» au monde du
travail pour payer le bras armé de
l’UE dont ils rêvent.


Nous rejetons tout autant l’OTAN
qu’une force armée européenne, sans
oublier le militarisme dans chaque
pays-membre qui en forme la base.


3. L’attentat terroriste du 11 septembre
et la guerre impérialiste ont
donné une forte impulsion à UE comme
construction étatique. Malgré toutes
les contradictions en son sein, il y a
un vrai danger que l’UE se dote d’un
outil supranational et de coordination
au service des bourgeoisies européennes
et leurs entreprises multinationales.


En premier lieu, la cohésion entre
les trois grands pays avance. L’Allemagne
a brisé le tabou en engageant
son armée pour la première fois depuis
1945 hors ses frontières pour participer
à une guerre. Désormais, cela
l’aidera à rejoindre, sans complexe la
France et la Grande Bretagne dans la
mise en place d’une Force d’Intervention
rapide. Blair, drapé dans le prestige
du «chef de guerre», est encouragé
par le grand capital financier anglais
et multinational pour conduire la
Grande Bretagne dans l’union monétaire
(euro, BCE,…). Avec le lancement
de l’euro comme monnaie concrète
en 2002, l’UE franchira une nouvelle
et importante étape.


Dans la foulée, des obstacles insurmontables
depuis des années, sont en
train d’être débloqués: l’intégration de
la police européenne (Europol) avec
des prérogatives élargies, une force de
police «des frontières», un appareil
judiciaire européen (parquet, mandat
d’extradition, harmonisation des peines).
L’Europe de la répression est en
marche. Jamais le mensonge d’une
Europe sociale n’a été aussi flagrant!


4. Profitant de la guerre, l’UE vient
de lancer la plus violente attaque contre
les droits et libertés démocratiques
en Europe depuis la seconde guerre
mondiale. Sous le prétexte du terrorisme
on vise à empêcher toute forme
d’action radicale des masses ouvrières
et populaires, toute lutte sociale ou
politique qui vise à changer les structures
économiques, sociales ou politiques
de la société, même si cette action
est entreprise par une majorité de
la population. Seraient «terroristes»
«…des infractions …commises intentionnellement
par un individu ou un
groupe contre un ou plusieurs pays,
leurs institutions ou leurs populations
et visant à les menacer et à porter
gravement atteinte ou à détruire les
structures politiques, économiques et
sociales d’un pays…
» Et un groupe
terroriste étant «…une association
structurée de plus de deux personnes
établie dans le temps et agissant de
façon concertée en vue de commettre
les infractions terroristes visées…
»,
tout parti politique, section syndicale,
association antiraciste, groupe féministe
peut tomber sous cette loi et un
ou plusieurs de ses membres écoper
de 2 à 20 ans de prison! Il ne s’agit ni
plus ni moins de décourager les gens à
se défendre contre les méfaits de cette
société et de mettre hors-la loi les organisations
qui n’acceptent pas l’ordre
capitaliste ou qui défendent le
droit fondamental à l’autodétermination.
Ce véritable état d’exception pèserait
désormais comme l’épée de Damoclès
sur les luttes, le mouvement
ouvrier et social. Un gouvernement de
la droite radicale trouvera à sa disposition
l’outillage qu’un gouvernement
«de gauche» n’aurait pas pu ou osé
utiliser!


La guerre a crée une infranchissable
barrière: une fois de plus la socialdémocratie
(appuyée par les Verts
dans certains pays) a fait la sale besogne,
notamment dans les trois paysclé
de l’UE: Jospin, Schröder, Blair!


5. Les classes dirigeantes, le grand
capital financier-industriels sont parfaitement
lucides que l’offensive tous
azimut qu’ils viennent de lancer, rencontrera
opposition et résistance.


L’état de guerre sur la planète sert à
étouffer le mouvement contre la globalisation
du capitalisme, de lui enlever
son esprit offensif et de briser son
impact sur le mouvement ouvrier et
social dans son ensemble.
Les mobilisations sont relancées à
Bruxelles: plus de 100000 travailleurs,
syndicalistes et jeunes ont
fait face au Sommet de l’UE.


Le deuxième Forum Social Mondial
de Porto Alegre se présentera comme
une plate-forme de masse pour approfondir
la critique du capitalisme et de
lancer une nouvelle vague de mobilisations
et de lutte dans le monde.


Sans renoncer à ses propres objectifs
et ses propres formes d’organisation,
le mouvement contre la globalisation
devrait constituer un levier important
pour soutenir le mouvement
anti-guerre international, dès lors que
l’impérialisme, et surtout le gouvernement
américain, essaye d’imposer un
état de siège mondialisé.


Dans la foulée de la récession qui
s’annonce très grave, les classes capitalistes
ont renforcé leur offensive antisociale
depuis septembre, avec les
centaines de milliers de licenciements,
les attaques contre la sécurité
sociale, la régression du niveau de vie,
la privatisation des services publics, la
flexibilité et le stress au travail qui
tuent.


Il s’agit bel et bien d’une «deuxième
guerre» – sociale et économique – contre
la classe salariée et ses organisations.
Nous devons contribuer à une
riposte puissante et unitaire, transformant
la colère et le mécontentement
dans la population en une lutte consciente
contre les patrons et le capitalisme
comme tel.


Nous, partie prenante la gauche anticapitaliste
européenne, nous puisons
dans cette nouvelle offensive du grand
capital la conviction que plus que jamais
le capitalisme est une catastrophe
qui engendre la guerre, l’insécurité,
l’égoïsme, la misère et la barbarie.
Pour gagner la paix, la sécurité, la
solidarité, l’égalité, le bonheur, il faut
empêcher le Grand Capital de nuire.


Il n’y a pas d’autre alternative
qu’une société socialiste et démocratique,
sans exploitation du travail et oppression
des femmes, basé sur le
développement durable- un socialisme
par en bas, autogestionnaire!