En Ville: L’ADG fait mieux qu’en 2001 et solidaritéS a un-e élu-e sur dix

En Ville: L’ADG fait mieux qu’en 2001 et solidaritéS a un-e élu-e sur dix

En Ville de Genève, solidaritéS présentait 19 candidat-e-s sur une liste Alliance de Gauche qui en comportait 28, avec neuf Indépendant-e-s, dont Christian Ferrazino, membre de l’exécutif et tête de liste. Cette liste était la seule qui respectait la parité entre hommes et femmes, avec 14 candidates et 14 candidats. La liste de l’ADG a réalisé un score de 11,69% des voix et obtenu 9 sièges sur les 80 que comporte le conseil (le dixième lui échappant de justesse).


Sur les 9 élu-e-s du groupe qui siégeront au municipal, après la réélection espérée de Christian Ferrazino à l’exécutif, 8 sont des membres de solidaritéS. Sur ces 8 élu-e-s, 5 sont des femmes! Ce résultat remarquable du point de vue de l’égalité hommes-femmes est en particulier à mettre à l’actif de nos camarades de l’association de défense des droits des homosexuelles Lestime, dont 4 membres figuraient sur la liste et dont deux siégeront au municipal.


Le Parti du Travail quant à lui avait décidé, le 2 novembre dernier, à une courte majorité de son Congrès cantonal, de partir seul sur une liste emmenée par son candidat à l’exécutif André Hediger, qui se représentait pour la cinquième fois. Au-delà de la liste séparée, le Parti du Travail, a voulu tenter l’expérience d’une présentation sans référence aucune à sa qualité de membre de l’Alliance de Gauche, se lançant dans la bataille sous la seule enseigne du bonnet phrygien. Avec 7,30% des voix et 6 élu-e-s, le PdT a failli disparaître de l’échiquier politique municipal en passant en dessous de la barre du quorum genevois fixé à 7%.

De Stalingrad au paquet ficelé

Du point de vue des équilibres au sein de l’ADG, la balance s’est déplacée de manière significative en direction de la liste ADG (solidaritéS-Indépendants). Pour ce qui est du résultat global de l’ADG, certains commentateurs ont mis l’accent sur la perte des sièges à la gauche du PS: passage de 12 à 9 pour le groupe ADG (solidaritéS-Indépendants) et passage de 10 à 6 pour le groupe du Parti du Travail. Mais l’étalon de comparaison des élections de 1999 plaçait la barre particulièrement haut. Rappelons en effet que le scrutin de 1999 s’est déroulé juste après que PS et Verts aient soutenu, le 20 décembre 1998, le plan de coupes antisociales et d’impôts injustes dit «paquet ficelé» proposé par le gouvernement genevois et rejeté en votation populaire par deux tiers des votant-e-s, avec la seule ADG dans le camp victorieux.


Ainsi, les deux listes à la gauche du PS avaient bénéficié alors d’un apport significatif de voix vertes et socialistes voulant sanctionner leurs partis pour leur compromission avec la droite. De ce fait, en 1999, la seule liste ADG (solidaritéS-Indépendants) faisait jeu égal avec le PS en termes de sièges et on trouvait un total de 22 sièges à gauche du PS. Un tel résultat n’avait été égalé en Ville de Genève qu’à l’occasion des premières élections d’après la Deuxième guerre mondiale, en 1947, quand le jeune Parti du Travail – quatre ans après la bataille de Stalingrad – remportait 27 sièges sur 80!

ADG – PS: égalité!

Si on prend comme référence – non plus les municipales de 1999, mais les dernières élections cantonales d’octobre 2001, pour les locaux de vote de la Ville, le bilan se présente différemment. En effet, en Ville de Genève 2001, l’ADG – toutes tendances confondues – faisait 17 % des voix, à gauche d’un PS qui en engrangeait 19 %. Ce 30 mars dernier en Ville, l’ADG faisait – à 1 pour mille près – jeu égal avec le PS à 19%. On enregistre ainsi une progression de près de deux points du score municipal de l’ADG, malgré sa division et la contre-performance du PdT!


Mais au delà de ce satisfecit destiné à «tordre le bâton» dans l’autre sens, par rapport à certains commentaires, il faut relever plusieurs problèmes: celui de la «lisibilité» d’une présentation ADG à géométrie variable et dans laquelle les électeurs-trices ne reconnaissent pas forcément les forces qui la composent, comme solidaritéS, qui a une activité sur nombre de terrains bien supérieure à celles du PS ou des Verts – par exemple dans la lutte contre la guerre et le combat contre la mondialisation capitaliste –, qui n’est pas forcément «capitalisée» électoralement par l’ADG. Le problème aussi – du point de vue de solidaritéS – de la place objectivement secondaire attribuée aux enjeux électoraux en général et municipaux en particulier, qui rendent difficile la mobilisation des militant-e-s, dans le contexte d’un accord «à l’amiable» avec le PdT sur la présentation de deux listes, moins mobilisateur que la bataille à couteaux tirés de 1999. Le fait aussi qu’au-delà du seul «paquet ficelé», nous avons bénéficié en 1999 du capital constitué par près d’une demi-douzaine de référendums victorieux: contre les projets de la magistrate socialiste Mme Burnand en matière d’aménagement et contre le Vert Alain Vaissade pour maintenir la gratuité des musées. Or, depuis que notre camarade Christian Ferrazino siège à l’Exécutif… celui-ci ne soutient pas des projets de nature à mobiliser l’opposition populaire!

Spectre à droite

Au delà de ces considérations «internes» à la gauche de la gauche, il faut bien sûr rappeler ici que l’événement attendu s’est produit. A droite, l’UDC de Blocher à fait irruption sur la scène municipale… mais sans y produire le même effet que sur le plan cantonal, où elle a servi de force d’appoint pour la reconquête d’une majorité à droite. On n’a ainsi assisté qu’à une redistribution des sièges, internes à la droite, avec perte de 4 sièges libéraux, de 3 sièges PDC et de 2 sièges radicaux transférés à l’extrême droite du spectre politique. Comme le PdT, les radicaux, mais surtout le PDC frisent la disparition par passage sous la barre du quorum. En l’état, le rapport des forces majorité-minorité ne change donc pas, mais on a indéniablement assisté à une déplacement à droite de l’ensemble du spectre politique. Nos élu-e-s auront donc plus que jamais besoin de s’appuyer sur des mobilisations sociales… bon courage!


Pierre VANEK