Baisses dimpôts refusées, à confirmer le 16 mai prochain
Baisses dimpôts refusées, à confirmer le 16 mai prochain
Le 28 mars, un virulant débat sur la fiscalité sest conclu dans les urnes neuchâteloises. Les patrons ne se considérant plus suffisamment soutenus par la droite traditionnelle étaient montés en première ligne avec une initiative de la Chambre du commerce et de lindustrie proposant une baisse linéaire des impôts de 12%. Le slogan «baisse dimpôts pour les familles» était un peu gros, car personne nallait prendre les patrons pour des philanthropes. Ne sont-ils pas avant tout un club parfaitement organisé pour senrichir et surtout préoccupé par ses intérêts propres. Rejet net: 59% de lélectorat. Un contre-projet avait été concocté par les libéraux et les radicaux, majoritaires au Grand Conseil: baisse linéaire de 6% des impôts et correction de la courbe fiscale en faveur des plus aisés. Ils étaient sûrs de le faire passer. Rejet net aussi: 54% de Non. Bien joué.
Les bourgeois enragent
Durant la campagne, le Conseil dEtat (majorité de droite) sétant engagé en faveur du rejet de linitiative et du contre-projet, la polémique était déjà allée bon train. Le problème de lexécutif, cest quil ne peut pas se contenter de discours, il doit présenter des comptes tout en conduisant les affaires. Mais les bourgeois ayant raté leur coup, on a eu droit, dès lannonce des résultats, à une volée de commentaires rageurs de tous les responsables des partis de droite, des radicaux à lUDC en passant par les libéraux. Le lendemain, ces milieux étaient largement relayés sur les ondes de RSR1. Un éditorialiste est allé jusquà traiter les Neuchâteloises et les Neuchâtelois de froussards ayant peur de lavenir. Et cest Perrin (le policier UDC) qui donnait aux nouvelles de 8 heures le commentaire.
«Soyez modernes, audacieux, remplissez les poches des riches aux dépens des plus démunis»: cette injonction de nantis, aujourdhui dépités dêtre démasqués, ne passe plus à tous les coups, et cest une bonne chose.
Résister et proposer
Mais ne nous y trompons pas: les bourgeois nont pas changé leur projet dun iota. Démanteler les services publiques, cest toujours à lordre du jour. Et ils lont fait savoir dès le surlendemain par le dépôt dune interpellation urgente au Grand Conseil! Nayant pas pu vider les caisses dun seul coup, ils utiliseront leur majorité au Parlement pour multiplier les attaques contre tout ce qui sappelle santé, éducation, social ou culture.
Il faut aujourdhui rassembler toutes nos forces pour promouvoir le développement dune politique sociale, et assurer son financement par une fiscalité redistributive, tant au niveau cantonal que fédéral. Le 16 mai est une prochaine étape à gagner au niveau fédéral, après quoi il faudra sérieusement réfléchir pour voir comment sortir de la défensive dans laquelle la gauche neuchâteloise senferme systématiquement sur le plan fiscal.
Henri VUILLIOMENET