Bilan des élections en Irak...
Bilan des élections en Irak
Pas de surprises dans le résultat annoncé des «élections» irakiennes du 30 janvier: en dépit de plus de dix jours de dépouillement réalisé dans le plus grand secret et en l’absence d’observateur international, après un scrutin organisé sous la tutelle de l’US Army, c’est l’Alliance irakienne unifiée, coalition du traditionalisme chiite, placée sous les auspices du grand ayatollah Ali Al-Sistani, qui sort grand vainqueur, avec 48,1% des suffrages. La liste du Premier ministre intérimaire, Iyad Allaoui, le candidat de Washington, se fait en revanche étriller: avec 13,8% des voix, elle passe derrière la coalition des deux grands partis kurdes (25,7%).
Les tripatouillages du scrutin ont donc seulement permis aux occupants d’empêcher que l’alliance chiite dispose à elle seule d’une majorité absolue. Ce qui les autorise à peser sur la désignation des futurs membres de l’exécutif. Mais c’est une bien maigre consolation devant les difficultés qu’annonce le résultat de cette consultation. L’abstention massive des zones arabo-sunnites (qui fait presque totalement disparaître cette composante de la société irakienne de la nouvelle «assemblée»), le poids dont dispose désormais la hiérarchie religieuse arabo-chiite face à l’armée qui occupe le pays, le plébiscite dont ont bénéficié les partis kurdes jusque dans la région pétrolifère de Kirkouk peuvent vite devenir les ingrédients d’une balkanisation de l’Irak.
Sur fond de résistance armée toujours aussi forte à la présence des États-Unis, voilà qui va rendre de plus en plus difficile la gestion de l’Irak par la Maison Blanche. Bush ne devrait pas pavoiser bien longtemps. (Rouge, n° 2099, 20 février 2005)
Armée colombienne assassine
Le 29 janvier dernier, une unité de l’armée colombienne appartenant à la 17e Brigade, secondée par des éléments paramilitaires, a fait irruption de la région rurale afro-américaine de Jiguamuando, accusant les paysans locaux de complicité avec la guérilla des FARC. Des habitant-e-s ont ainsi été violemment battus, des maison fouillées et des biens détruits. En même temps, des éléments réguliers de l’armée ont assassiné le dirigeant local du syndicat des paysans, Pedro Murillo, âgé d’une cinquantaine d’années, prétendant, contre toute vraisemblance, qu’il appartenait à la guérilla et qu’il avait été abattu en combattant… L’organisation humanitaire catholique «Justice et Paix» demande que des messages de protestation soient envoyés par téléphone au Vice-président colombien, Francisco Santos, au deux numéros 0057 310 238 9120 et 0057 310 772 0130. (jb)
Mondialforum
Il évoque les BD d’un célèbre village gaulois: «Nous sommes en 2005 après Jésus Christ. Toute la Planète est occupée par l’Impérialisme Toute? Non! Un village peuplé d’irréductibles Altermondialistes résiste encore et toujours à l’oppresseur». Il résiste, bien que les coups bas ne manquent pas. A lire la presse helvétique bourgeoise comme «de gauche» ce camp retranché ne serait plus qu’un souk à idées, une foire aux lubies qui ferait sensation sous les lambris de Davos. Les villages de Globalforum, Localforum et Miniforum sont bien au contraire autant de pépinières d’idées, de projets et de fortifiants pour notre Résistance.
Porto «Alegre»?
Cette Babel de béton qui pue la pollution, la peur et la souffrance n’a rien d’«allègre». Ce qui l’est, en cette fin janvier, c’est ce superbe village aux mille tentes, d’où fusent les rires et, dans toutes les langues de la Planète, saluts complices et confidences.
Usine à gaz
Le point de ralliement du Forum est cette épave en dur, surmontée d’une immense cheminée reconvertie en totem multicolore, qui semble trôner sur la chambre à gaz planétaire. Ce «gazomètre» qui crachait ses suies de charbon et son CO 2 , reconvertie en centre culturel est comme le symbole de la fin de la courte ère révolue des énergies fossiles.
Havre des possibles
Le Forum siège aux confins d’une ville de tous les dangers. Il n’est plus d’habitation des classes moyennes ou supérieures qui ne soit bardée de grilles, affublée de cerbères humains, canins ou électroniques. Qui sont, des privilégié-e-s ou des passant-e-s, les prisonniers-ères retranchés derrière ces barreaux d’acier et d’angoisse? Une terrible envie de les libérer du ghetto de la propriété privée!
Un autre monde ça urge!
Les altermondialistes dubitatifs quant aux effets du saccage de la Planète pouvaient se rendre à l’évidence en ouvrant leurs yeux et leurs narines face au rio Jacuï et au lac Guaïba qui bordent le camp. Rivages morts, eaux irrémédiablement pourries, baignade interdite, tant la concentration en toxiques y est élevée. Plus que l’étendue du désastre, c’est la rapidité avec laquelle il s’est produit: quelques décennies de productivisme ont suffi. Plusieurs générations ne suffiront pas à retrouver ce «paradis» dont parlent, amers et fatalistes, les anciens de Porto Alegre.
Les pieds sur terre
Les docks du dit Puerto, pas si «Alegre» que ça, accueillent des centaines de salles de séminaires d’où fusent et se mêlent les exclamations des intervenant-e-s. L’un des sans-abri qui les squattait hier encore ne comprend pas cette subite affluence: le «Forum Social Mondial», ça ne lui dit rien. Quand à ses souhaits pour un autre monde possible: «Mon seul rêve est de continuer à vivre». Qui donc avait parlé de «faim zéro»? (fi)