Pour une assurance cantonale prenant en charge les soins dentaires de base
Pour une assurance cantonale prenant en charge les soins dentaires de base
Nous reproduisons ici le texte
dune motion déposée au Grand Conseil, le 25
août 2009, par notre camarade Jean-Michel Dolivo, membre du
groupe « A Gauche Toute ! » (POP et
solidaritéS).
Selon lOffice fédéral de la statistique, les frais
dentaires totaux sélevaient en Suisse à 3,3
milliards de francs pour lannée 2005. En 2004 les
assurances sociales ont participé au financement à raison
de 6%, les assurances privées à raison de 5%, et la part
des ménages privés sest donc élevée
à 89%. Les soins dentaires, à lexception des soins
causés par un accident, ne sont pas pris en charge au titre
dune assurance sociale. Ils ne font pas partie du catalogue des
prestations régi par la LAMal, sauf dans certains cas
liés à la maladie (Lassurance obligatoire des
soins prend en charge les coûts des soins dentaires : A.
sils sont occasionnés par une maladie grave et non
évitable du système de la mastication; B. ou sils
sont occasionnés par une autre maladie grave ou ses
séquelles; C. ou sils sont nécessaires pour
traiter une maladie grave ou ses séquelles. Elle prend aussi en
charge les coûts du traitement de lésions du
système de la mastication causées par un accident).
Les frais liés aux soins dentaires sont donc
en principe à la charge du·de la patient·e. Pour
beaucoup de personnes et de familles aux revenus modestes ou moyens,
les soins dentaires sont un luxe ! Et nombreux sont celles et
ceux qui repoussent un traitement avec le risque que les
dégâts, et donc les frais, augmentent encore davantage. Il
est certes possible de conclure une assurance complémentaire.
Mais, pour être remboursé aux trois quarts de la facture,
il faut compter avec une prime mensuelle den tout cas une
cinquantaine de francs pour des remboursements plafonnés
à 2 000 francs. Le coût est dissuasif. A cause de
cette lacune de couverture, bon nombre de personnes ne peuvent pas
faire face à des factures souvent très lourdes.
Dautres vont se faire soigner en France voisine, voire à
Budapest. Et, phénomène nouveau, des cliniques dentaires
low cost souvrent ici et là. Certes, les personnes
bénéficiaires daides sociales ont accès
à des soins dentaires gratuits. Les frais sont payés par
le régime des prestations complémentaires AVS et par les
systèmes cantonaux lorsquils existent. Cest le cas
pour le canton de Vaud avec le revenu dinsertion. Mais cela ne
concerne évidemment quune partie restreinte de la
population.
En vertu de lart. 34 de la Constitution
vaudoise, « toute personne a droit aux soins
médicaux essentiels
». Selon lart.
65 de ladite Constitution, lEtat, pour contribuer à la
sauvegarde de la santé de la population, assure notamment
« à chacun un accès équitable
à des soins de qualité ». Labsence de
toute couverture dassurance pour les soins dentaires, pour une
très grande majorité des habitant·e·s de ce
canton, va à lencontre de cet objectif constitutionnel.
Les signataires de la motion demandent au gouvernement quil
propose une loi cantonale instituant une assurance cantonale
obligatoire prenant en charge les soins dentaires dont les primes
soient proportionnelles au revenu. Le canton a mis, à juste
titre, en place une assurance publique contre les risques en cas
dincendie et a organisé son intervention, en adoptant la
loi du 17 novembre 1952 concernant lassurance des
bâtiments et du mobilier contre lincendie et les
éléments naturels, ainsi que la loi du 17 nombre 1993 sur
le service de défense contre lincendie et le secours.
LECA est une institution de droit public, ayant la
personnalité morale et fonctionnant sous le contrôle de
lEtat. Le canton a tout a fait la compétence pour mettre
en place aujourdhui une assurance obligatoire qui, tout en
nentrant pas dans le champ dapplication de la LAMal,
remédie à une lacune grave en matière de
santé publique. En lien avec cette assurance cantonale, le
canton crée également un réseau de policliniques
dentaires régionales, dispensant des soins dentaires de base et
offrant des prestations de qualité.
Jean-Michel Dolivo