Fusion des caisses de pensions publiques: nouvelle attaque contre la sécurité sociale
Fusion des caisses de pensions publiques: nouvelle attaque contre la sécurité sociale
Si lidée de fusionner
les caisses publiques genevoises a sa pertinence, il nen va pas
de même des arrière-pensées sous-tendant le projet
en cours. La fusion des caisses de pensions de ladministration
et des enseignants (CIA) et des établissements hospitaliers
(CEH) figure en effet dans la liste des 73 mesures
déconomie du Conseil dEtat datant de la
précédente législature.
La décision proprement dite a été prise par le
Conseil dEtat le 30 mars 2006. Elle sinscrit dans un
contexte problématique caractérisé par :
1. Une pression constante
exercée sur les dépenses des Etats en matière de
personnel et de dépenses sociales; le transfert vers le
privé dactivités actuellement assumées par
des services ou institutions étatiques. Ces politiques
déconomies, qui se renforceront, à nen pas
douter, dans le cadre de la crise, contrastent avec les plans de
sauvetage des banques et les politiques fiscales extrêmement
accommodantes envers les sociétés multinationales, les
institutions financières et les hauts revenus.
2. Une offensive du Conseil
fédéral et de la majorité parlementaire des
Chambres fédérales visant au travers de deux nouvelles
lois :
à introduire un mode de
« gouvernance » des caisses de retraite
strictement assujetti aux objectifs de capitalisation des caisses.
Cette loi vient dêtre votée par le parlement
fédéral lors de la session de mars. Elle institue le
comité comme instance suprême chargée de veiller en
toute circonstances à préserver le taux de capitalisation
des caisses, lobligeant ainsi, en cas de pertes de valeurs des
actifs, à revoir le cahier des prestations, à augmenter
les cotisations et/ou à geler lindexation des pensions.
Elle réduit ainsi drastiquement les droits des
assuré·e·s dans la gestion de leur caisse ;
à contraindre les caisses publiques à renforcer leur taux
de capitalisation, malgré le caractère pérenne de
ces caisses. Issu dun rapport dexperts, ce projet de loi,
qui devrait être adopté par les Chambres en juin prochain,
sattaque très directement aux caisses publiques
gérées selon un système mixte
capitalisation-répartition.
Or cette loi est absurde : elle coûtera
plus cher aux assuré·e·s des caisses et à
lEtat. Elle augmentera la masse des capitaux en quête de
placements rémunérateurs sur les marchés
financiers et spéculatifs.
Il est en outre faux de prétendre que les
caisses fonctionnant en capitalisation présentent des garanties
supérieures de sécurité pour les
assuré·e·s que les caisses fonctionnant selon le
système de la répartition. Outre que leur objectif
prioritaire est laccumulation du capital au détriment des
prestations aux assuré·e·s, elles attaquent les
solidarités entre actifs et pensionnés ainsi
quentre les membres actifs eux-mêmes.
Le personnel à la caisse ?
Mais le Conseil dEtat (CE) veut profiter de ces deux lois
fédérales pour faire supporter la charge de la
recapitalisation par le personnel et les
pensionné·e·s, en augmentant les cotisations et en
diminuant les prestations de la future caisse.
Les propositions qui circulent sont sans surprise : augmentation
des cotisations à 28 % (actuellement 24 %),
allongement du temps de cotisation à 40 ans (actuellement 38),
départ à la retraite repoussé (actuellement 60 ans
à la CEH, 62 ans à la CIA), et bien dautres
mesures qui remettent en causes les prestations.
Après avoir fait travailler pendant plus
dun an un « comité de
pilotage » paritaire, composé de
représentants de lEtat et des comités des deux
caisses, le Conseil dEtat vient dentamer des
négociations avec le Cartel intersyndical en mettant sur la
table un projet de plan différent de celui travaillé par
le groupe de pilotage. Comptant déposer un projet de loi
à la fin du mois de juin, le CE soumet la
délégation syndicale à un rythme
effréné de séances. La cadence imposée
à ces négociations empêche les syndicats de
débattre sérieusement avec le personnel et de travailler
sereinement.
Une mobilisation décisive
Le Cartel intersyndical du personnel de lEtat convoque une
assemblée générale du personnel de la fonction
publique le 29 avril pour faire le point sur le processus de fusion des
caisses publiques genevoises.
Il est en effet certain que seule une mobilisation
importante du personnel est en mesure dinfléchir la
détermination du Conseil dEtat à faire supporter
lessentiel des efforts aux salarié·e·s de
la fonction publique genevoise.
Quant à nous : solidaritéS
estime que lEtat de Genève doit assumer la
recapitalisation de la nouvelle caisse de prévoyance au cas
où, en dépit de son caractère aberrant, la loi
fédérale contraignant les caisses publiques à
renforcer leur taux de capitalisation entrerait en vigueur.
Notre mouvement soutiendra les revendications du personnel et défend les principes suivants :
- Maintien du principe de la primauté des prestations.
- Maintien de la répartition de la cotisation globale 2/3 Etat-1/3 employé.
- Refus du blocage de lindexation des rentes ;
maintien du principe de lindexation automatique et du couplage
actifs/pensionnés en matière dindexation. - Refus de toute augmentation de lâge de la retraite.
- Refus de toute mesure péjorant les prestations (veuves/veufs, orphelins, invalidité, etc.)
- Amélioration des conditions de pensions pour les bas salaires.
- Arrêt des politiques de suppression de postes dans la
fonction publique et de transfert dactivités
assumées par lÉtat vers le privé qui
contribuent à déséquilibrer financièrement
les caisses.
Albert Nahory