« risque de pauvreté »

« risque de pauvreté » : La Suisse fait moins bien que la Slovénie ou l'Estonie...

Le 23 octobre l’Office fédéral de la statistique (OFS) publiait un communiqué annonçant une statistique révisée en ce qui concerne la pauvreté et notamment les « working poor » en Suisse.

Selon la définition de l’OFS pour être considéré comme faisant partie des pauvres, il faut bénéficier d’un revenu inférieur à 2250 francs par mois pour une personne seule et de moins de 4000 fr. par mois environ pour deux adultes avec deux enfants de moins de 14 ans.

 

     Chacun·e jugera de la pertinence de ces seuils et de la légitimité de considérer comme tiré d’affaires ou sorties de la pauvreté la personne seule dont le revenu mensuel atteindrait glorieusement le montant de 2251 francs ou la famille décrite ci-dessus contrainte de tenter de vivre avec 4001 francs par mois pour les 4 personnes qui la composent.

 

Femmes et familles monoparentales en première ligne

Quoiqu’il en soit l’OFS annonce que de 2008 à 2010 le taux de pauvreté de la population active en emploi (les working poor) est passé de 5,2 % à 3,2 % de la population. Evolution réjouissante ? Avant de déboucher le champagne, il faut souligner que ce sont, pour 2010, environ 120 000 personnes actives, qui étaient encore en dessous des seuils évoqués ci-dessus et qui sont donc considérés comme working poor.

     Il faut aussi rappeler que ce sont 20 % des personnes vivant dans un ménage monoparental qui sont concernées, comme aussi près de 5 % des femmes, près de 7 % des personnes sans formation postobligatoire, etc. Il faut aussi indiquer que l’OFS précise que l’« évolution favorable » susmentionnée « peut s’expliquer par l’évolution favorable du marché de l’emploi dans les années 2006 à 2008, car le taux de pauvreté suit avec un certain retard l’évolution du marché de l’emploi». Ainsi, les taux susmentionnés sont malheureusement appelés à prendre l’ascenseur avec les effets de la crise…

Un million de pauvres

En outre, ces chiffres concernent les seuls working poor, des salarié·e·s en emploi ; du point de vue de la population dans son ensemble, ce sont – selon l’OFS – 600 000 personnes, soit près de 8 % de la population qui sont touchés par la pauvreté « absolue » (soit selon les critères ci-dessus). Si on considère ce que l’OFS appelle la pauvreté « relative », soit les personnes qui se retrouvent à disposer de moins de 60 % du revenu médian, la population touchée en 2010 était de 14,2 %, dépassant ainsi le million de personnes en Suisse !

     L’OFS indique par ailleurs qu’en 2010 c’est 5,8 % de la population qui « souffrait de privations matérielles multiples » c’est-à-dire « d’un manque au niveau des conditions de vie élémentaires ou dans la jouissance de biens de consommation considérés comme essentiels par la majorité de la population». Il s’agirait, selon ce critère-là, de 430 000 personnes qui sont concernées.

Un risque fort !

Enfin, il faut relever que dans le domaine du taux de « risque de pauvreté », utilisé sur le plan international, la comparaison indique que la Suisse s’en sort moins bien que trois de nos voisins sur quatre : la France, l’Allemagne et l’Autriche présentant un « risque » inférieur en la matière, comme d’ailleurs une vingtaine d’autres pays européens, allant de la République tchèque à l’Irlande… en passant par la Hongrie, la Slovaquie et l’Estonie, pour n’en citer que quelques uns.

     Un tableau d’autant plus sombre que le rapport de l’USS sur la répartition des revenus et des fortunes en Suisse, montre que pour 2010, c’est toujours plus d’un salarié sur dix qui gagne moins de 4000 francs par mois dans ce pays.

     Ainsi l’initiative populaire fédérale de l’USS en faveurs du salaire minimum qui fixe un salaire plancher de 4000 francs au minimum est toujours aussi nécessaire et urgente!

 

Pierre Vanek


 

 

Dumping salarial et sous-traitance sauvage à Genève

UNIA DÉNONCE DES SALAIRES DE 1300 EUROS

 

Le syndicat UNIA Genève a dénoncé la semaine dernière un nouveau cas de sous-enchère salariale liée à la sous-traitance sauvage dans le secteur de la construction.

Sur un chantier à Veyrier (GE), le maître d’ouvrage, président sortant de l’Union maraîchère genevoise, a mandaté une entreprise de construction métallique française pour construire des serres ; celle-ci sous-traite à une entreprise hollandaise qui sous-traite à son tour les travaux d’électricité, de serrurerie et de chauffage à des sociétés polonaises et hongroises. Certains travailleurs de ces dernières touchent 1300 Euros de salaire.

   Après de vaines tentatives de négociations avec le maître d’ouvrage et l’entreprise principale pour régulariser les sous-traitants, le syndicat a saisi la Commission paritaire de la métallurgie du bâtiment pour qu’elle somme les sociétés concernées de se mettre en règle dans des brefs délais, faute de quoi des démarches seront entreprises pour les exclure des marchés suisses.

   Avec la dénonciation de ce cas scandaleux de dumping salarial, le syndicat UNIA a tenu à alerter l’opinion publique et les autorités sur le fait que la situation sur les chantiers est en train de se dégrader jour après jour. De plus en plus de travailleurs-euses voient leurs conditions de travail bafouées par des sociétés sans scrupules. Le syndicat a exigé des autorités de tout entreprendre pour rendre les entreprises responsables de leurs sous-traitants et appelle le Conseil national à voter sans hésiter, en  novembre, l’introduction du principe de responsabilité solidaire dans la législation suisse.

PV