Israël
Israël : Quatrième exportateur d'armes au monde
En dix ans Israël s’est hissé parmi les plus grands exportateurs d’armes dans le monde (5,8 milliards de dollars d’exportations en 2011), 7,5 milliards en 2012. D’après ses propres chiffres, qui incluent le commerce secret (clandestin) Israël serait le 4e plus grand vendeur, juste après les USA, la Russie et la France.
Un ménage sur 10 en Israël dépend économiquement de l’industrie d’armement. Comment expliquer cet essor fulgurant ? En quoi les exportations israéliennes se différencient-elles de celles d’autres pays ?
Savoir-faire et expertise « testés sur le terrain »
Yotam Feldman, ancien journaliste de Haaretz, tente de répondre à cette question dans son film The Lab (le laboratoire). Certes Israël vend des armes sophistiquées. Mais avant tout elle vend son savoir-faire, son expertise en stratégie et en théorie militaire. Cette expertise est le fruit d’une étroite collaboration entre l’armée, les milieux économiques et le monde politique. Mickey Federmann, propriétaire d’ELBIT, la compagnie d’armement qui réalise le plus de bénéfices, est un proche de Ehud Barak, le ministre de la Défense. Chaque année ELBIT engage des haut gradés de l’armée, non seulement à cause de leurs compétences mais surtout à cause de leurs liens avec l’armée et leur aptitude à vendre des produits à l’armée. Ces produits seront «testés» sur le terrain, en Israël, dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), et au sud du Liban.
Le film démontre comment des compagnies israéliennes ont accumulé des profits gigantesques grâce à leur « laboratoire » à Gaza et en Cisjordanie, laboratoire dans lequel les chefs militaires peuvent tester les nouvelles armes et stratégies militaires sur plus de 4 millions de Palestiniens, à la fois cibles et cobayes.
Cette thèse est également appuyée par Jeff Halper, activiste israélien, qui dit : « Les territoires occupés sont cruciaux en tant que laboratoire, non seulement en termes de sécurité nationale d’Israël, mais parce qu’ils ont permis à Israël de devenir essentiel dans l’industrie mondiale de la sécurité […] D’autres Etats ont besoin de l’expertise israélienne. Celle-ci garantit à Israël sa place à la table des «Grands». Elle procure à Israël une influence internationale disproportionnée par rapport à sa taille réelle. Et ces intérêts mutuels renforcés font que les Etats hégémoniques ne peuvent pas faire pression sur Israël pour qu’il cesse l’occupation des TPO.?»
Hypocrisie des Etats démocratiques
Yotam Feldman met également en cause l’hypocrisie des pays « démocratiques ». Ceux-ci critiquent le mauvais bilan d’Israël en matière de droits humains, mais n’hésitent pas à acheter des nouvelles armes israéliennes. C’est le cas de la Suisse qui aime mettre en avant sa face humanitaire : berceau du CICR, dépositaire des Conventions de Genève etc. Il n’empêche que le gouvernement suisse prévoit l’achat de 6 drones israéliens pour un montant de 300-400 millions de francs dans le cadre du budget 2015. Les fabricants de ces drones, ELBIT et IAI, peuvent se vanter de les avoir testés « sur le terrain ».
Or la Suisse est signataire de la Convention de Genève, et en tant que telle, elle a des obligations. La 4e Convention de Genève fait partie du corpus du droit international humanitaire. Son objet est la protection des populations civiles sous occupation militaire d’une force ennemie. L’Etat d’Israël viole depuis des décennies de nombreux articles de ce texte avec sa politique d’occupation, de colonisation et d’apartheid.
C’est pourquoi BDS Suisse, appuyé par plus de 15 organisations, a lancé une pétition, demandant au Conseilf fédéral de renoncer à cet achat et de mettre fin à la collaboration militaire avec Israël jusqu’à ce qu’il respecte le droit international. Puisque le gouvernement fait fi de ses obligations au niveau du droit international, c’est à nous, membres de la société civile, de faire surgir le débat et de faire pression sur lui.
Mary Honderich
On peut signer la pétition contre l’achat de drones israéliens sur bds-info.ch
Genève jeudi 14 novembre
Projection de « The LAB » de Yotam Feldman * suivi d’une discussion
20 h Cinéma du Grütli
Org.: BDS-GE et Génération Palestine
* Film en hébreu, sous-titré en anglais