Genève aéroport
Genève aéroport : Épidémie de dumping salarial
Chaque année, l’Aéroport de Cointrin augmente ses vols, son nombre de passagers et ses bénéfices. Depuis longtemps déjà, les employé·e·s de l’Aéroport ne profitent pas de cette croissance, par ailleurs écologiquement détestable, bien au contraire : les cadences de travail augmentent, les effectifs stagnent voire diminuent selon les sociétés et les syndicats ont le plus grand mal à maintenir les CCT existantes.
Aujourd’hui les employeurs franchissent un nouveau pas vers l’institutionnalisation du dumping salarial à l’Aéroport. Comment les autorités cantonales, propriétaires de cet établissement public, vont-elles réagir ?
Gate Gourmet, employeur connu pour ses méthodes discutables, a été le premier à ouvrir la brèche : afin d’augmenter ses bénéfices 2014, la société licencie en septembre 2013 l’ensemble de son personnel pour le réengager moins cher. Entre le salaire de base, les différentes primes et les modifications de prélèvements d’assurances sociales, ce sont des centaines de francs que les employé·e·s vont perdre chaque mois. Tout ça sur des salaires déjà très bas.
Une épidémie de dénonciations de CCT
Probablement au vu du peu de réactions que cette méthode a suscitées de la part de l’Aéroport et des autorités cantonales, alors affairées à leur réélection, la société SR Technics – 100 employé·e·s – a décidé de suivre la même voie. Le 18 décembre, elle a dénoncé la CCT en vigueur pour le 30 juin 2014. Les attaques portent sur les salaires (gel des progressions salariales prévues par la CCT), mais aussi sur le temps hebdomadaire de travail (passage de 40 h à 42 h par semaine) et sur la pénibilité du travail irrégulier (suppression des congés compensatoires et des mesures de préretraites liées à la pénibilité).
Le 9 décembre, Swissport (1200 employé·e·s) a également voulu geler les mécanismes salariaux prévus par la CCT en vigueur. Comme les syndicats signataires ont appelé l’employeur à respecter la CCT, Swissport a menacé de dénoncer la CCT pour pratiquer des économies dont le détail n’est pas encore connu. Par ailleurs, le 28 novembre, Dnata (450 employé·e·s) avait accepté in extremis de prolonger la CCT en vigueur pour 2014, mais la poursuite de ladite CCT est clairement menacée et des décisions doivent se prendre avant l’été.
Et des profits qui explosent
Toutes ces attaques se produisent alors que la masse de travail et d’affaires ne cesse d’augmenter à l’Aéroport, qui multiplie ses profits de façon vertigineuse. De 2002 à 2012, les bénéfices de Genève Aéroport sont passés de 25 à 66 millions. Et cette croissance n’est pas près de diminuer : chaque mois, de nouvelles lignes, de nouveaux vols et davantage de passagers·ères. Les employé·e·s doivent-ils continuer être sacrifiés au profit de cette croissance et des actionnaires ? Le dumping salarial continuera-t-il à être toléré par les autorités de Genève à l’Aéroport ?
Cet établissement public, présidé par le Conseiller d’Etat PLR Pierre Maudet, qui proclame sa prétendue volonté de lutter contre le dumping salarial, devrait être un exemple en matière de protection des employé·e·s et de leurs CCT. La situation est urgente et a valeur de test pour les autorités cantonales fraîchement élues. Affaire à suivre ! PV
Source: Communiqué du SSP-GE du 14 janvier 2014