A l’heure des comptes

A l’heure des comptes

Le Grand Conseil neuchâtelois doit adopter les comptes 2006 de
l’Etat. Procédure habituellement assez formelle qui
entérine les contrôles effectués en commission.
Mais cette année, nous les refuserons. En effet, comme on le
sait, 2006 – première année où l’Etat
fonctionnait sur un budget voté par un Grand Conseil à
majorité de gauche – n’a pas été
à l’honneur de ladite gauche.

Revenir sur la baisse des prestations sociales

Quand le budget a été voté en décembre
2005, les député-e-s n’étaient guère
conscients dans leur grande majorité, des conséquences
qui allaient en découler, notamment suite à toutes les
annonces du Conseil d’Etat de fin 2005 concernant les baisses des
prestations sociales drastiques de l’ordre de 10%.

En lien avec les mobilisations sociales, nous avons demandé
l’abrogation de ces mesures. Et quand il est apparu, dès
l’été 2007, que le déficit admis au budget
s’annonçait comme largement inférieur aux
prévisions, nous avons réclamé le
rétablissement des prestations injustement réduites.

Les décisions de ces baisses de prestations a été
une erreur, or quand on commet une erreur, on la reconnaît et on
la corrige. Il est certain que si tout ne peut être
corrigé, il serait juste que cette fois, les plus pauvres du
canton, auxquels l’Etat s’en est pris au nom d’une
pseudo-symétrie des sacrifices, soient les premiers à
être «remboursés».

La santé n’y trouve pas non plus son compte

L’autonomisation-privatisation des hôpitaux neuchâtelois a eu deux conséquences directes:

Premièrement, tout le personnel a été soumis
à une nouvelle convention collective qui a renouvelé la
grille des salaires, avec des conséquences à la baisse
pour une grande partie du personnel pouvant atteindre plus de 10 %.
Plus de mille recours ont été déposés. Une
manifestation du personnel de la santé, impressionnante de
détermination, s’est déplacée du centre
ville vers le château lors de la dernière session du Grand
Conseil. Devant l’insistance des manifestant-e-s, le conseiller
d’Etat radical, responsable de la santé, Debély, a
dû venir s’expliquer, mais il s’est contenté
de vagues promesses et n’a pas hésité, dès
le lendemain, a accuser le syndicat de mensonges! Le personnel, lui,
reste mobilisé et bien décidé à obtenir le
maintien des acquis salariaux. Une motion populaire dans ce sens munie
en moins de 10 jours de 3147 signatures a été
déposée en urgence. Le Grand Conseil l’a
acceptée par 57 voix contre 56.

Deuxièmement, un plan de réduction de 25 millions sur 4
ans du budget de la santé a été
présenté par le comité de direction
d’«hôpital neuchâtelois». Ses
conséquences sont entrées en application
immédiatement, notamment la fermeture d’unité de
soins dans tous les districts au profit du nouvel hôpital
Pourtalès à Neuchâtel. L’avenir de
l’Hôpital de la Chaux-de-Fonds est évidemment au
cœur de la polémique car la population craint à
juste titre son démantèlement par tranche. Là
encore la population n’a pas dit son dernier mot, car il est
aujourd’hui évident que si le Conseil d’Etat avait
clairement expliqué les conséquences du vote de la loi
sur l’EHM, contestée par un référendum
(où solidaritéS avait joué un rôle
important), cette autonomisation-privatisation ne serait pas
passée comme une lettre à la poste. On voit bien
là les limites de la démocratie
référendaire qui n’exclut ni la démagogie,
ni les mensonges ni surtout les moyens financiers inégaux.

Pour ces raisons, sans parler de toutes les autres (diminution des
moyens dans la formation, dans la culture, mauvaise gestion des bourses
par manque de personnel, etc.), nous ne saurions voter ces comptes
2007: nous refusons de prendre acte des injustices commises.

Henri Vuilliomenet