Le Grand Conseil balaie l’initiative des étudiants
Le Grand Conseil balaie linitiative des étudiants
«Lor de la BNS pour
lavenir et linnovation»: débattue au Grand
Conseil neuchâtelois, cette initiative populaire de la
Fédération neuchâteloise des étudiant-e-s
(FEN) a été rejetée par 61 voix contre 1 (celle de
solidaritéS)! Tant au niveau de la population que, de
manière informelle, auprès des députée-s
socialistes et POPVertsSol, cette initiative populaire avait pourtant
rencontré un accueil favorable lors de son lancement. Que
sest-il donc passé pour que, deux ans plus tard,
solidaritéS se retrouve seul au Parlement à
sengager en faveur de ce projet pour la jeunesse?
La FEN avait déposé son initiative, munie de 6279
signatures valables, en octobre 2005, soit deux mois avant quune
majorité du Grand Conseil naccepte, à la demande
du Conseil dEtat, dutiliser 35 millions de cet or pour
équilibrer le budget 2006, den réserver une partie
aux communes, et de consacrer le reste au remboursement de dettes
échues.
Jean Studer, Ministre des finances, avait alors mis en jeu toute sa
rhétorique pour expliquer à la gauche réticente,
quen attendant la votation populaire, ce serait là la
meilleure façon de placer cet or, quon ne pouvait
raisonnablement pas laisser dormir sur un compte postal. Il avait
donné toutes les garanties de soutien, plaidant comme il sait le
faire (très vaguement) en faveur des idées
défendues par la FEN, arguant que cette question serait
traitée en temps voulu avec tout le soin quelle
méritait: «Si le peuple est favorable au projet de la FEN, nous réemprunterons largent nécessaire».
Cet argument avait emporté ladhésion dune
large majorité des député-e-s. Cet
été, le Conseil dEtat a présenté au
Grand Conseil un décret stipulant que cette initiative sera
soumise au peuple (ce qui va de soi!) sans contre-projet et avec un mot
dordre de rejet: «Cet or, nous ne lavons plus, impossible donc de soutenir linitiative de la FEN»,
explique aujourdhui le même Jean Studer.
SolidaritéS, qui refuse que cette initiative soit ainsi
torpillée, a déposé un amendement au décret
du Conseil dEtat pour que le peuple puisse se prononcer sur un
contre-projet: un tiers de lor serait réservé au
but fixé par linitiative de la FEN. Les socialistes,
gênés par largumentation pour le moins
cavalière de Jean Studer, proposaient un renvoi de ce dossier en
commission.
Au vote, la proposition socialiste, soutenue par solidaritéS, a
été cependant balayée par 54 voix contre 45. Une
partie des Verts se sont abstenus, une partie des socialistes
étaient à la buvette… Restait lamendement de
solidaritéS. Au vote final, il ne sest trouvé
aucune député-e pour suivre cette proposition. Par 61
voix contre 1, le débat parlementaire sest ainsi clos sur
le rejet pur et simple de linitiative de la FEN.
Déplorable!
Une chose est de rembourser des dettes échues et davoir
le souci dassainir les finances de lEtat, une autre est
den faire une obsession et un leitmotiv idéologique tel
que plus personne nose se poser la question dune autre
utilisation des 425,8 millions dor que le canton a reçu
de la BNS. Ce que nous craignons par-dessus tout, cest que cette
obsession ne conduise à terme quà un
désendettement propice à de nouvelles réductions
fiscales pour les plus riches, comme cest la tendance
actuellement au niveau fédéral. La vente de lor de
la Confédération ne doit en aucun cas servir à
accroître encore les inégalités sociales.
La balle est maintenant dans le camp de la FEN qui subira de
très fortes pressions «amies» pour retirer son
initiative. Espérons que son assemblée
générale laissera le dernier mot à la population
neuchâteloise. Même si ses chances de victoire en votation
sont faibles, linitiative peut susciter un débat bien
nécessaire sur les priorités du canton.
Que propose linitiative de la FEN?
La création dune Fondation de droit public qui investit
les intérêts de son capital dans des projets cantonaux
visant les buts suivants:
- soutien à la formation, au perfectionnement professionnel et au recyclage
- soutien à la valorisation de la recherche et à la création de nouvelles entreprises
- soutien à la jeunesse et à son développement
Celle-ci ne se substitue pas aux collectivités publiques, mais
peut prendre des initiatives propres afin de les inciter à un
meilleur engagement dans les domaines quelle soutient. Elle est
administrée par un Conseil de fondation nommé par le
Conseil dEtat et composé équitablement de
représentants de la jeunesse, des apprentis, des
étudiants, des institutions soccupant du
développement économique et des collectivités
publiques.