Vers un mouvement de grève dans la fonction publique vaudoise ?

Vers un mouvement de grève dans la fonction publique vaudoise ?

Le gouvernement vaudois pensait
pouvoir passer en force cet été, lorsqu’il
présentait sa réforme des grilles salariales de la
fonction publique et para–publique vaudoise (Decfo/Sysrem).
Malgré l’opacité dont le Conseil d’Etat
entoure sciemment le projet, il est clair que le Decfo/Sysrem consiste
essentiellement en une remise en cause de la reconnaissance des
qualifications et des diplômes conduisant à une baisse
à peu près généralisée des salaires,
notamment sous la forme d’un étalement des
annuités, passant de 20 à 30 ans
1

Mais ces nouvelles velléités antisociales du
Conseil d’Etat ont été heureusement
dénoncées par une mobilisation des employé-e-s de
l’Etat de Vaud qui semble aller croissant, une mobilisation qui
est en outre relayée par un front syndical uni et
déterminé (SSP, SUD, FSF). Une manifestation a
déjà réuni quelque 8500 personnes dans les rues de
Lausanne en novembre et un préavis de grève a
été déposé pour la journée du 31
janvier. Selon Aristide Pedrazza, du syndicat SUD, avec lequel nous
nous sommes entretenus, «des signes encourageants de politisation
et de radicalisation ont été clairement constatés
dans certains secteurs, notamment chez les institueurs-trices et les
infirmiers-ières».

Concessions insuffisantes

Ce début de mobilisation a déjà porté ses
premiers fruits, ne serait que parce qu’il a obligé le
conseil d’Etat à accepter un agenda de
négociations, ce qui ne faisait pas vraiment partie de son
projet initial… Par ailleurs, après la mobilisation de
novembre et un préavis de grève, le gouvernement a
procédé à quelques concessions: 27 annuités
au lieu des 30 prévues et une légère
revalorisation des plus bas salaires. Mais, au moment où
l’Etat de Vaud annonce un excédent budgétaire de
172 millions de francs, il est exclu pour les directions syndicales
aussi bien que pour leur base, de se contenter de si peu. «Nous
voulons infliger au gouvernement une première défaite
globale, explique ainsi Aristide Pedrazza, à savoir
l’arrêt complet des baisses de salaire. Puis, dans un
deuxième temps, nous voulons amener le conseil d’Etat
à consentir à des revalorisations salariales».
Même son de cloche du côté du SSP, par la voix de
son secrétaire, David Gygax: «les quelques progrès
réalisés en décembre ne doivent pas masquer
l’essentiel: Decfo/Sysrem tel qu’il est prévu
aujourd’hui reste un projet de baisse des salaires,
d’individualisation des conditions de travail et de
rémunération et de renforcement de l’arbitraire.
Politiquement, c’est un système qui consiste à
pénaliser les bas et moyens salaires afin de revaloriser les
cadres et les fonctions dirigeantes. Bref, la nature du projet du
Conseil d’Etat n’a pas changé en décembre
2007. C’est donc dès janvier 2008, qu’il faut mener
la bataille décisive».2 On l’aura donc
compris, de la réussite de la grève du 31 janvier
dépendra l’évolution du rapport de force entre les
salarié-e-s de l’Etat de Vaud et la droite majoritaire.
Dès à présent, les syndicats appellent à la
création de comités de grèves sur tous les lieux
de travail des secteurs public et para–public vaudois.

Hadrien Buclin


1    voir le numéro 117 de solidaritéS du 7 novembre 2007
2    Communiqué de presse du 14 janvier 2008, à lire sur www.ssp-vaud.ch