Le POP avance une perspective de fusion pour AGT

Le POP avance une perspective de fusion pour AGT

Dans une proposition de la section du
Nord vaudois, reprise lors du Comité directeur
précédant de quelques jours son congrès du 1er
mars,  le POP vaudois  se donnait comme perspective une
fusion à moyen terme des deux composantes d’A Gauche
toute! Avec pour première conséquence une avalanche de
métaphores matrimoniales dans la presse.
«Fiançailles», «mariage», «mariage
de raison»: déjà les cloches sonnaient dans les
gazettes… Pourtant, avant de publier les bans, il convient de
discuter à fond d’une série de questions plus
importantes que la couleur des papiers enrobant les caramels de la
noce. C’est le sens de l’intervention de notre porte-parole
à ce congrès, Jean-Michel Dolivo, que nous publions
ci-dessous.

Chers-Chères Camarades,

Je vous remercie d’abord pour l’invitation faite à
solidaritéS de s’exprimer lors de votre congrès. Le
POP vaudois a décidé de s’orienter vers la
construction d’une force anticapitaliste. Cela tombe bien,
c’est un objectif que nous partageons. Mais il est indispensable
de se mettre d’accord sur ce que nous entendons par là,
dans la situation politique et sociale de ce pays. La proposition du
POP n’a pas pu bien entendu être discutée au sein du
mouvement solidaritéS. Les réflexions que je livre
à votre congrès sont donc des réflexions avant
tout personnelles, même si je sais qu’elles sont
partagées par de nombreux-euses membres de solidaritéS.

Question gouvernementale et auto-organisation

Un accord de départ pour la construction d’une force
anticapitaliste devrait être fondé d’abord sur la
volonté de construire ensemble une gauche d’opposition combative
qui refuse tout accord de gouvernement ou de prétendu programme
commun de législature, sur un plan parlementaire, avec le PS et
les Verts. Il est évidemment possible et nécessaire de
mener des campagnes ponctuelles avec ces partis, mais non de
bâtir des alliances politiques et de défendre de
prétendus «programmes communs». Le désaccord
que solidaritéS Vaud a eu à propos de la liste commune au
premier tour de l’élection du gouvernement vaudois
illustre cette orientation différente de nos mouvements sur
cette question.

En clair, il ne s’agit pas d’être le poil à gratter
du parti socialiste et des Verts, gouvernementaux, institutionnels, qui
accompagnent, voire mènent une politique
néolibérale, mais de construire un projet radicalement
différent sur le long terme, un projet anticapitaliste. Pour
cela, nous devons à l’évidence viser un projet
national et discuter de nos liens internationaux.

Ensuite, solidaritéS, dans son intervention, a la volonté
de privilégier le développement de l’auto-activité
et de l’organisation des salarié-e-s, des usagers-ères,
des femmes ou des jeunes, sur le terrain social. Toute activité
institutionnelle et parlementaire doit être subordonnée
à cette perspective. De ce point de vue, le
réinvestissement des lieux de travail est une question cruciale,
sans oublier bien entendu de multiples autres combats associatifs.

Par ailleurs, un accord entre nous me paraît devoir être
fondé sur une série de références de base
et sur un programme politique (qui peut certes laisser bien des
questions de côté). Notre projet politique doit avoir un
profil clair! Ce qui me  frappe le plus dans la motion soumise
à votre congrès, c’est son absence de contenu politique.

Pour un groupe d’initiaitive large

Nous devons également trouver un accord de fond sur un mode de
fonctionnement démocratique qui permette le débat,
garantisse l’expression des minorités, encourage l’information
et la formation de toutes et tous. Il ne suffit pas de laisser des
groupes s’organiser au sein d’un parti, mais il faut définir des
instances de décision et s’entendre sur l’autorité de ces
décisions. La critique du «centralisme
démocratique» a le vent en poupe, mais le chacun fait ce
qu’il veut et les «vedettes médiatiques ont seules
accès aux médias» nous paraît tout à
fait inacceptable.

Tout cela est très ambitieux. C’est pourquoi il faut
définir un chemin et une méthode pour avancer dans le
sens de la constitution d’une véritable force
anticapitaliste à l’échelle nationale. Cette force
ne doit pas être décrétée d’en haut,
elle ne peut pas non plus surgir «hors sol».

Il est nécessaire de mettre sur pied un groupe d’initiative
formé de personnes convaincues d’une telle démarche
et qui en mesurent toutes les difficultés. Ce groupe
d’initiative doit comprendre des camarades du POP vaudois, de
solidaritéS, des libertaires, comme l’Organisation
socialiste, de la Gauche anticapitaliste et d’autres groupements,
comme la gauche alternative valaisanne. Nous devrions, dans un tel
cadre, prendre l’engagement d’efforts communs pour amener toutes nos
organisations à parler d’une même voix à l’occasion
de quelques campagnes prioritaires au niveau national, par exemple,
pour le salaire minimum, la défense des services publics, le
soutien aux luttes des travailleurs du bâtiment pour la
défense de leur convention collective.

Il est également indispensable que cette «gauche de
gauche» s’ouvre et crée des lieux de débats
publics afin d’agir ensemble, par exemple contre la
précarisation toujours plus forte des conditions de travail et
les nouvelles péjorations introduites par le projet de
révision de l’assurance-chômage en discussion
aujourd’hui.

Le chantier de la construction d’une force anticapitaliste est
ouvert. solidaritéS Vaud y participera, avec le POP vaudois et,
nous l’espérons, avec tous les groupes et mouvements
intéressés.

Jean-Michel Dolivo