Chicago?

Chicago?

«Terreur dans les nuits neuchâteloises», titre accrocheur d’une pleine page dans Le Temps. Propre à réveiller les frissons ou… à faire vendre le journal…


En réalité on trouve sans doute peu de régions dans le monde avec un niveau de sécurité comparable à celui de cette petite ville tranquille qu’est et reste Neuchâtel. Ces dernières années, alors que le climat s’est tendu dans de nombreuses régions du monde, à Neuchâtel, la situation n’a pas changé fondamentalement. Un seul élément nouveau: la multiplication des discothèques, ouvertes plus ou moins toute la nuit. Dans le cadre des mesures de la promotion de l’économie, les autorités ont en effet décidé de libéraliser l’ouverture des lieux publics. Dans le but d’attirer des clients de toutes les régions environnantes, prêts à dépenser leur argent dans le canton de Neuchâtel, de nombreux établissements ouvrent tard la nuit. Et ça marche!


Les habitants du centre ville savent d’expérience que la tranquillité (ou ce qu’il en reste) ne pèse pas lourd face à la promotion de l’économie. Mais le bruit mis à part –et les autorités ont dû en tenir compte en resserrant un peu les normes- il n’y a franchement pas de quoi se plaindre. Et encore moins de quoi étayer des titres tapageurs.


Certes, des actes violents se sont produits, certains dramatiques, d’autres simplement spectaculaires (et évidemment jamais agréables), mais ils sont restés isolés. Des bandes se forment, plus ou moins spontanément, des bagarres se produisent, rien de très nouveau. Mais monter en épingle ces faits, voilà qui ouvre des portes à ceux qui veulent attiser le racisme et la xénophobie, très présents dans les boîtes de nuit.


Les mauvaises langues diront que certains se sont arrangés pour faire d’une pierre trois coups: faire vendre le journal avec des titres à sensation sur la violence, encaisser dans la gestion des discothèques, capitaliser politiquement en menant des campagnes sur la sécurité. Plus sérieusement, et n’en déplaise au porte-parole du libéralisme et de la déréglementation, il faut bien admettre que ce genre d’articles fait surtout le lit de l’extrême-droite et n’aide en rien à lutter contre la violence.


Ce n’est ni par le sensationnel ni par la force que seront surmontés les actes violents, mais bien par une politique de terrain combinant mesures d’insertion et de formation en faveur des jeunes, lutte contre le racisme, développement de l’esprit de solidarité. Rien de bien spectaculaire, mais à long terme ce serait sans doute plus efficace que ce que nous proposent certains journalistes, non?


HVu