Pas de paix tant que durera l’occupation


Pas de paix
tant que durera l’occupation


Israël fait chaque jours de nouveaux pas pour rétablir son ancien régime d’occupation dans les territoires occupés. Personne ne veut revenir aux prétendus Accords de Paix d’Oslo. Le gouvernement israélien a repoussé l’application de cet accord modeste sous des mauvais prétextes.

Urs Diethelm*

Malgré les discours sur la violence, chers aux Européens, la situation en Cisjordanie et a Gaza n’a rien d’une guerre entre deux adversaires de forces équivalentes. De fait, c’est un régime d’occupation qui tient sous contrôle militaire, depuis 34 ans, un peuple de 3 millions d’habitants, en large partie des réfugiés. Un régime qui leur vole l’eau, détruit leurs habitations, exploite leur force de travail et qui, depuis plusieurs années, les exclut presque totalement du marché de travail en Israël dans les frontières de 1948. Un régime qui tue sans jugement les opposants politiques et qui garde des milliers de Palestiniens dans ses prisons, qui boucle les habitants dans leurs villages et qui a commencé a les bombarder au moyen de missiles d’hélicoptères et d’obus de chars.


Illusions des Accords d’Oslo


La «solution de paix» élaborée par l’alliance Israël-USA et conclue à un moment de faiblesse totale de l’OLP a effectivement suscité un court espoir d’accéder a une autonomie substantielle. Mais même les modestes mesures favorables aux Palestiniens, qui étaient prévues dans l’accord, n’ont jamais été mises en application par Israël. Oslo a échoué vu l’intransigeance du gouvernement israélien et parce qu’il visait un système d’apartheid pour la population palestinienne.


Les droits d’autonomie de l’administration palestinienne sont moindres que ceux d’une commune en Suisse. Arafat dispose de moins de prérogatives qu’un maire de Herzogenbuchsee ou de Vevey. Israël a toujours ouvertement empêché que puisse naître dans les territoires occupés un processus permettant la formation d’un Etat autonome administré par les palestiniens. Avec la politique de colonisation, il a bétonné le morcellement des territoires. Depuis 1983, le nombre de colons dans les territoires occupés à presque doublé (de 116’000 à 200’000 au-jourd’hui). Actuellement il y a 6100 habitations en cours de construction. Mais en même temps, depuis 1967, 7000 maisons familiales palestiniennes ont été détruites, dont 600 dans les derniers 9 mois. Un réseau considérable de routes de contournement a été crée pour relier les colonies israéliennes. Aujourd’hui ces routes «By-pass-Road» servent d’axes militaires pour encercler les territoires palestiniens et les boucler. A cela s’ajoute la terreur des colons armés et protégés par l’armée israélienne. Ils provoquent et menacent les palestiniens, arrachent des milliers d’oliviers, dévastent les cultures palestiniennes et tirent depuis leur voitures sur les civils.


Dans les territoires occupés, la situation économique ne cesse de se dégrader depuis les accords d’Oslo. Le remplacement systématique de la force de travail palestinienne à bon marché par le recrutement d’une main-d’oeuvre provenant des pays asiatiques et de l’Europe de l’Est a dramatiquement limité les ressources financières disponibles. Cette perte a déjà été de 50% lors du déclenchement de l’Intifada, et maintenant la majorité des travailleurs et de leurs famille se trouvent sans revenus ni autres moyens d’existence. Avec l’encerclement des territoires et l’étranglement financier des autorités, les possibilités de trouver un emploi salarié sont quasiment inexistantes.


En plus, la dernière proposition de Barak, que l’Occident avait salué comme une «offre généreuse», est considérée par Rahreem Malouh de la direction de l’OLP que comme une «occupation des Israéliens avec l’assentiment des Palestiniens». La situation à quelque chose d’absurde: les Etats-Unis et l’Europe soutiennent la politique d’Israël contre toutes les résolutions de l’ONU et le droit international. Israël tente maintenant de rétablir successivement le contrôle militaire direct sur les enclaves des «territoires autonomes» d’où l’armée a dû se retirer après Oslo. Au cours des dernières semaines des tanks et des bulldozers sont entrés au petit matin à Jenin et ont détruit de nombreux postes de police. C’était la première fois que l’armée israélienne pénétrait directement dans une ville importante supposée entièrement sous contrôle de l’Administration Palestinienne (zone A). Mais hisser le drapeau israélien sur la Maison d’Orient à Jérusalem Est, qui remplit en quelque sorte le rôle d’un Ministère de l’Intérieur et de l’Extérieur des Palestiniens, laissait présager d’autres interventions. Comme l’occupation de Beit Jala, une ville proche de Bethlehem et de la colonie israélienne de Gilo. Ou encore l’invasion dans les camps de réfugiés fortement peuplés et réfractaires.


Solidarité internationale


«La lutte contre l’oppression coloniale fait partie de la lutte contre la globalisation néolibérale», disait José Bové dans sa courte visite avec d’autres activistes français dans les territoires occupés. Ce n’est qu’une voie qui se fait entendre en soutien de la lutte des Palestiniens contre l’oppression. Le soutien international n’est pas à la hauteur de l’enjeu.


* SOAL – Solidarität Bâle