Sommet de lOTAN à Naples, déjouer le piège
Sommet de lOTAN à Naples,
déjouer le piège
Un mois après les évènements de Gênes, le climat politique reste très tendu. Comment affronter le Sommet de lOTAN à Naples en évitant quil ne se referme sur le mouvement comme un piège.
Les acquis du mouvement sont importants: participation massive et déterminée aux mobilisations, grande unité dans la diversité des composantes, capacité de dialoguer à partir de ses propres contenus et dinfluencer lunivers syndical et politique institutionnel. Pourtant, la bombe de Venise le rappelle sans lombre dun doute: indépendamment de ceux qui ont décidé de la placer (même si, de façon pasolinienne, «nous le savons»), le signal est indiscutable: le climat de dénonciation des violences commises de façon répétées par les forces de lordre doit cesser pour que le mouvement en tant que tel puisse à nouveau être mis en accusation.
Les défis de laprès-Gênes
Les attaques au GSF, la demande dunité bi-partisane au Parlement (accueillie de façon irresponsable par une bonne partie du centre-gauche), les tentatives denrayer les enquêtes sur les violences policières révèlent de façon très claire la volonté de couper les ailes au mouvement. En effet, par sa capacité dunion, il est en mesure de mettre en crise le destin magnifique, tourné vers le progrès, dun modèle économique et culturel qui voudrait être libre de se déployer à sa guise et sans aucune sorte de contrainte. Les difficultés auxquelles le mouvement doit réfléchir sont au nombre de deux: 1) La gestion de la place des dénommés Black Bloc, qui ne partagent pas les pratiques du mouvement et sont trop vulnérable aux provocations et aux infiltrations des flics en civil et des militants néo-nazis; 2) La nécessité de remettre au premier plan les contenus de notre discours politique en évitant de se faire entraîner dans une spirale de violence et de répression conforme à la logique du pouvoir et des mass-media. A partir de ce mois de septembre, ces réflexions devront trouver des lieux de débat. Il faudra également approfondir les perspectives de notre action politique: comment poursuivre le travail du Genoa Social Forum, comment le relier aux autres Forum Sociaux qui sont en train de naître ailleurs en Italie, quelles priorités de campagne politique et de mobilisation doit-on se donner?
Déjouer le piège de Naples
Dans limmédiat, il nous faut cependant parler avant tout du sommet de lOTAN de la fin septembre à Naples. Il ne fait aucun doute, en effet, que la question de la guerre, de la lutte contre la militarisation au quotidien et de lOTAN doit devenir lun des points centraux de la bataille contre la mondialisation néolibérale (aujourdhui, elles sont encore sous-évaluées, comme on a pu le voir à Porto Alegre). Mais il est également vrai que le pouvoir risque de transformer le rendez-vous de la fin de ce mois en piège mortel pour le mouvement, cherchant une répétition exponentielle de ce qui sest passé à Gênes pour en décréter la fin politique dans une nouvelle effusion de sang, dans les violences et les arrestations. La campagne de presse est déjà lancée, la stratégie permanente de la tension aussi. Les post-fascistes de AN (Alliance Nationale) proposent denvoyer sur place les «tuniques tricolores» contre les manifestants, alors que le premier ministre Berlusconi insiste opiniâtrement pour tenir le sommet de lOTAN en Italie, contrairement à celui de la FAO. En voilà assez pour donner au mouvement loccasion de donner une preuve de sa maturité en évitant un jeu de massacre qui ne nous regarde pas et auquel nous navons pas les moyens de nous confronter en ce moment précis.
Attac-Italie propose
LOTAN est le gendarme du libéralisme, qui produit misère et précarité. Son sommet est illégitime et le bouclier spatial américain est un crime contre lhumanité: sur cela, du point de vue politique, il ne peut pas y avoir de doute. Mais cette fois-ci nous devons être capables de duper nos adversaires, en évitant quils fixent les temps et les modes de notre mobilisation. Cest pourquoi, en tant quATTAC nous proposons:
- de déclarer le 20-27 septembre, semaine de mobilisation «Un monde sans armes est possible», en promouvant des centaines dactions territoriales, pacifiques et non violentes, contre les industries darmement et les dépenses militaires;
- de convoquer le 26 septembre à Naples une grande réunion internationale contre lOTAN, le bouclier spatial et la guerre;
- de réaliser un grand concert/happening, le soir du 26septembre à Naples, contre la guerre et en mémoire de Carlo Giuliani.
Nous obtiendrons ainsi le double objectif dêtre présents à Naples et partout ailleurs dans le pays, tout en construisant un grand moment de critique et de mobilisation contre le libéralisme et la domination militaire. En même temps, nous laisserons sur leur faim les vautours qui, depuis plusieurs semaines, planent au-dessus du mouvement. (
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* Proposition adressée au mouvement. Traduction de lItalien. Intertitres de la rédaction.