Pas seulement de mauvais goût, les provocs de l’UDC !

Le 28 avril 2009, le Tribunal
fédéral s’est prononcé sur une plainte
à propos d’une affiche de l’UDC valaisanne,
s’en prenant aux pratiquants de la religion musulmane. Ces
derniers ont été photographiés de dos,
agenouillés, priant devant le Palais fédéral, le
slogan « utilisez vos têtes, votez
UDC ! » juste au dessus de leurs fesses. La
majorité des juges s’est opposée à la
condamnation de l’affiche au nom de la liberté
d’expression, même si elle était
considérée comme
« outrancière » et de
« mauvais goût ».

Une nouvelle affiche de l’UDC est ainsi
médiatisée ; malheureusement, ce n’est pas la
première, ni la dernière et l’idée et
l’objectif restent les mêmes : s’en prendre
à des migrants vivant en Suisse afin de les stigmatiser comme
des idiots, des criminels, des terroristes ou des profiteurs, car ils
proviennent d’un autre pays.

    Cette affiche met les opposants de l’UDC et
les groupes antiracistes dans l’embarras ; la dénonciation
et l’agitation médiatiques leur font de la
publicité, mais l’ignorer provoque une banalisation qui
est dangereuse pour les groupes de migrant·e·s.

    La provocation va jusqu’à associer les
pratiquants d’une religion à l’incapacité de
réflexion, mais le choix d’illustrer des musulmans sur
l’affiche n’est pas anodin ; ce groupe religieux est peu
représenté dans la politique suisse et n’a pas ses
entrées au gouvernement, ce qui lui laisse très peu de
moyens de se défendre. Les publicistes racistes se gardent bien
de s’en prendre à la religion juive, ce qui susciterait,
à juste titre, un tollé qui se retournerait contre eux.
Taper sur les plus faibles est toujours plus facile et moins
risqué !

Lutter contre l’extrême droite et le racisme

Historiquement, les idées xénophobes n’ont pas
cessé d’être actives dans la société.
Elles servent à créer un électorat pour certains
partis, à détourner l’attention des
problèmes liés aux politiques sociales, à diviser
le monde du travail tout en créant un climat de peur et de
haine. La xénophobie a toujours été
présente, mais en fonction de la conjoncture, les partis de
l’extrême droite s’en servent pour occuper tout
l’espace médiatique. La lutte antiraciste n’a de
chance de succès que si elle est liée intimement à
la lutte pour la défense des intérêts sociaux des
salariés ; quand ces derniers considèrent qu’il est
plus important de lutter ensemble pour la sauvegarde de l’emploi
et des conditions de travail que de discriminer les personnes
d’origine étrangère, alors le racisme diminue et
les résultats de l’UDC baissent.

Ne pas accepter la banalisation

Chaque affiche de l’UDC instille le venin xénophobe dans
la société et elle doit être dénoncée
en tant que telle. Accepter qu’une catégorie de la
population soit stigmatisée à cause de sa religion,
c’est déjà avoir renoncé à
l’idée d’égalité citoyenne, au profit
de l’inégalité et de l’existence de
dominés et de dominants. Pour solidaritéS, ces affiches
et la xénophobie ne sont pas acceptables. Nous continuerons
à lutter contre cette politique et contre ce parti qui ne
provoquent que haine et discrimination.

Naima Topkiran